Sujet de discussion : A galopar - Rafael Alberti (2)
sergeclimax69007
Membre suprême
16 novembre 2012 à 21:10
Vous entendez vibrer, loin des ors corrompus et des fiertés compassées de la monarchie espagnole, héritière du régime franquiste, la République, ses partisans, et ceux qui veulent une République Sociale.
L'espagnol est une très belle langue (foi de lusophone !), qui résonne avec une grande intensité : elle porte les légendes du Cid ; elle met dans la Ьоuсhе des comédiens les merveilles du théâtre du Siècle d'Or ; elle met dans notre esprit les aventures du roman picaresque ; elle nous conte par la Ьоuсhе des plus grands poètes du vingtième siècle des espoirs déçus, assassinés, trahis mais aussi la dignité de ceux qui n'abdiquèrent jamais devant le fascisme, et qui surent faire de la langue leur patrie, celle que la propagande des galonnés au pouvoir n'a jamais pu flétrir.
L'espagnol est іпtіmеment lié à cette histoire sociale et révolutionnaire des peuples de l’État espagnol.
ÉCOUTEZ !!!
---- Texte en langue espagnole : "A galopar"
Las tierras, las tierras, las tierras de España, las grandes, las solas, desiertas llanuras. Galopa, caballo cuatralbo, jinete del pueblo, al sol y a la luna.
¡A galopar, a galopar, hasta enterrarlos en el mar !
A corazón suenan, resuenan, resuenan las tierras de España, en las herraduras. Galopa, jinete del pueblo, caballo cuatralbo, caballo de espuma.
¡A galopar, a galopar, hasta enterrarlos en el mar !
Nadie, nadie, nadie, que enfrente no hay nadie ; que es nadie la muerte si va en tu montura. Galopa, caballo cuatralbo, jinete del pueblo, que la tierra es tuya.
¡A galopar, a galopar, hasta enterrarlos en el mar !
---- Traduction française de Dominique Fernandez : "Au grand galop"
Les terres, les terres, les terres d’Espagne Les grandes, immenses, désertes étendues Galope cheval balzan Cavalier du peuple Sous le soleil et la lune
Refrain : au galop, au grand galop Jusqu’à les ensevelir dans la mer
Tel un cœur qui cogne, sonnent et résonnent Les terres d’Espagne sous tes quatre fers Galope cavalier du peuple O cheval balzan O cheval d’éсume
Refrain
Personne, personne, en face personne La mort n’est personne chevauchant avec toi Galope, cheval balzan Cavalier du peuple Car la terre est tienne
Refrain
---------------------------------------------------------------------------------- "Si mi voz muriera en tierra"
Des mises en musique par Vicente Monera, qui ont l'exactitude de la note rare et sensible, la pureté de la voix dédiée au texte, et cette qualité (en résumé) qui est de s'effacer pour que seulement le texte résonne en nous.
--------------------------------------------------------------------------------------- "El poeta de Nueva York" de Federico García Lorca (assassiné par la soldatesque fasciste)
pinklubrique
Membre habitué
16 novembre 2012 à 21:27
L'espagne est aussi très régionaliste... Pour avoir été récemment en Catalogne, l'espagnol n'est absolument pas leur patrie. En tout cas, très joli ;)
pinklubrique
Membre habitué
16 novembre 2012 à 21:29
L'Espagnol, ou plutôt Castillan, est іпtіmеment liée à la Monarchie et est vue d'un très mauvais oeil par les andalous, catalans, basques..etc, parce que symbole du pouvoir central, et de l'ocсultation de leurs cultures propres.
sergeclimax69007
Membre suprême
16 novembre 2012 à 21:48
L'Espagnol, ou plutôt Castillan, est іпtіmеment liée à la Monarchie et est vue d'un très mauvais oeil par les andalous, catalans, basques..etc, parce que symbole du pouvoir central, et de l'ocсultation de leurs cultures propres.
Je suis d'accord ; la monarchie, qui ne reconnaît pas le droit à l'autodétermination des peuples d'Espagne, est la pire ennemie du bilinguisme castillan/galicien, castillan/basque, castillan/catalan dans les régions comme la Catalogne ou la Galice ou le Pays Basque (avec, pour ce dernier, le problème de la Navarre, qui se surajoute) ; seul le droit reconnu au séparatisme effectif permettra de faire de l'Espagne un État qui ne serait pas la geôle des peuples mais une union volontaire de ces mêmes peuples.
Cependant le droit à l'autodétermination n'est pas au programme des partisans (de gauche ou de droite) de la monarchie.
---- Certains pourraient se demander : mais comment se fait-il qu'un "post" littéraire se transforme, soudain, en discussion politique ?
C'est là le malheur de l'Espagne actuelle, dont l’État ne reconnaît pas l'égalité des langues, parce qu'il n'admet pas l'égalité des peuples, parce que l'Espagne est une construction coloniale et un empire de la Castille sur le reste du pays. C'est un malheur pour le castillan qui est le bien commun de tous les peuples d'Espagne, bien que le fruit de leur négation en tant que peuples ; et ce malheur le stigmatise comme la langue de l'oppresseur, alors que des Basques, des Galiciens, des Catalans, et d'autres, ont écrit des beautés dans cette langue.
-- Il n'entrait nullement dans mes intentions de nier la fécondité et l’actualité des langues de l'Espagne. Dois-je dire, en tant que lusophone, que le galicien, langue-sœur du portugais, me tient à cœur ? Et qu'est-ce que c'est donc que cette graphie officielle, à la mode castillane, dont on a revêtue cette langue, en niant sa parenté avec le portugais ? N'est-ce pas dans le seul but politique que les Galiciens, qui comprennent parfaitement le portugais - il y a une parfaite continuité linguistique entre le Nord du Portugal et la Galice -, ne s'avisent pas qu'ils appartiennent, de fait, au monde lusophone et que la frontière politique qui les sépare du Portugal est un artifice, un non-sens, une tromperie, une mascarade ?
sergeclimax69007
Membre suprême
16 novembre 2012 à 22:06
"El mar muerto" de Rafael Alberti.
Bien dit ; beau grain de voix ; incantation espagnole ; sons qui résonnent au creux des oreilles et qui viennent nous faire des douceurs ; la merveille de la voix humaine, qui ne récite pas un texte, mais qui - après l'avoir savouré et accordé à son ambiance intérieure - nous le donne à entendre comme si c'était la première fois.
Dois-je dire qu'il y a, de cette génération, une autre figure émouvante, et tragique, Miguel Hernández, qui, gardien de troupeaux, à force d'amour pour la "culture", c'est-à-dire pour ce qui nous fait vibrer, la parole sentie et pensée, la langue débarrassée de ses pollutions administratives, la langue comme révélateur de ce que nous sommes, a réussi à devenir l'un des plus grands poètes de l'Espagne (en castillan) ?
Figure tragique, parce que ce poète est mort de la tuberculose, faute de soins, dans les geôles de la soldatesque franquiste au pouvoir.
Ce sera pour une prochaine fois
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