Quatrième de couverture :
Enfermée depuis toujours dans la "maison des femmes" - où maris, frères et pères mettent à l'isolement épouses, soeurs, et filles coupables, ou soupçonnées, d'avoir failli à loi patriarcale -, une enfant a grandi en témoin impuissant de l'aliénation de sa mère et en victime de son désamour. Le jour où elle parvient à s'échapper, la jeune fille aspire à rejoindre enfin son père dont elle a rêvé en secret sa vie durant. Mais dans la pénombre de la demeure paternelle la guette un nouveau cauchemar d'oppression et de folie.
Entre cris et chuchotements, de portes closes en périlleux silences, Kouatar Harchi écrit à l'encre de la tragédie et de la compassion la fable cruelle de qui tente de s'inventer, loin des clôture disciplinaires érigées par le groupe, un ailleurs de lumière.
Editions : Babel - ISBN : 978-2-330-06675-8 - Poche : 164 pages
Mon avis :
J’ai beaucoup aimé ce livre ou les femmes sont tour à tour bourreaux et victimes. Victimes de médisances chuchotées d‘abord entre elles, puis propagées en rumeur par d’autres femmes prisonnières de l’ennui et de la frustration des hommes. Hommes tiraillés eux-mêmes par des désirs intenses au point d’en devenir регvегs, sоumіs à une tradition d’un autre âge que les uns et les autres perpétuent de peur de voir leur faible pouvoir leur échapper, voir disparaître.
Dans ce livre, il est question d’une femme jeune encore, et de sa fille, née dans cette maison des femmes qui voit sa mère s’enfoncer dans la dépression puis, la folie en cherchant à comprendre pourquoi son époux, dont elle est toujours amoureuse et n'a de cesse d'espérer le retour l’a punie de cette manière, l’a recluse au milieu de ces femmes avec lesquelles elle n’a aucun point commun.
Cette enfant grandie dans la promiscuité avec les autres femmes, la maison a beau être grande, toutes les pièces, sont toujours occupées par des femmes qui préparent les repas, d’autres qui bavassent dans la salle commune, d’autres encore qui font leurs ablutions dans la salle des bains. Seul répit, la chambre sans fenêtre qu’elle partage avec sa mère et le toit terrasse où elle peut voir à l’horizon, la place du village ou s’écoule le temps et la vie.
A la mort de « la » mère, adorée, puis désaimée au fur et à mesure des années et de son désintérêt pour elle, elle ose franchir le seuil de la porte, pour aller rencontrer son père. Elle quitte une maison lourde de secrets, pour en retrouver une autre ou sévissent les mères, sœurs, belles sœurs de celui- ci. Elle rencontrera également le fils de son père, son demi-frère, non marié, âgé d’une quarantaine d’années, manipulateur et регvегs. Et c’est par l’intermédiaire d’une servante, qu’elle comprendra la machination mise en place pour perdre sa mère, en raison d’une vengeance instituée par le fils de son mari et dont elle a été la victime inconsciente.
Cette histoire aurait pu se dérouler dans n’importe quel pays , au Magrheb, en Orient, en Asie du Sud est ou Méridionale, dans n’importe quels endroits où la séparation des sехes est très marquée, obligeant les hommes et les femmes à vivre entre eux, presque en vase clos, ou les clans sont déjà définis, et ou seuls les indéfectibles liens du couple ont lieu dans l’intimité d’une chambre close, ou la femme peut espérer être l’égale voir prendre le pouvoir sur son époux au détriment de tout et de tous.