Lorsque je suis allé au Portugal avec Simon, j'ai compris que ce pays pouvait donner beaucoup - sa lumière, ses sourires, la bonté de son peuple, non ce n'est pas niais, ni convenu, et je le maintiens, la bonté de son peuple, ses couleurs bariolées, la musique de sa langue -, et donc une immense offrande ; j'ai vu les magnifiques forêts du Nord du Portugal, j'ai vu les plaines, tout ce que permet de voir un long voyage en autocar ; j'ai senti combien, moi qui ne suis que Français, j'aimais le Portugal depuis longtemps sans l'avoir vu.
Le Portugal peut représenter une mère très généreuse qui donne beaucoup, mais qui - dans le dénouement de la guerre coloniale suivi de la guerre civile - a été en dessous de tout ; et personne ne pourra effacer les cruautés que tu as subies (j'insiste, que tu as subies !!!) à cette époque.
Et ton dépit, ta rage, ta colère sont à la mesure de la générosité de cette mère patrie, si lumineuse, et indéfinissable : l'amour va de pair avec la haine, d'autant plus lorsque l'on est passé, comme toi, par les circonstances de la guerre coloniale et civile au Mozambique.
Tu es la première personne sous la plume de laquelle le mot "patrie" ne me paraît pas ridicule et obscène, parce que c'est une histoire d'amour et de déchirements que tu vis, qui n'a rien à voir avec les bellicismes de ceux qui sont nés quelque part (pour paraphraser Georges Brassens). Et, tu es la première personne qui me fait écrire ce mot de ma vie.
Alison-Emma, le désespoir est un mauvais ver qui ronge ; et la catharsis par les textes ne peut résoudre la rage qui demeure en toi ; alors, une aide, une personne tierce t'est nécessaire pour débrouiller ce nœud de vipères, mais cela tu le sais aussi bien que moi.
et bises,
Climax.