Quatrième de couverture :
Quand j'étais enfant, ma mère ne cessait de me répêter : "Arrête avec tes mensonges." J'inventais si bien les histoires, paraît-il, qu'elle ne savait plus démêler le vrai du faux. J'ai fini par en faire un métier ; je suis devenu romancier.
Aujourd'hui, voil) que j'obéis enfin à ma mre : je dis la vérité, pour la première fois. Dans ce livre.
Autant prévenir demblée : pas de règlement de compte, pas de violence, pas de névrose familiale. Mais un amour, quand même. Un amour immense et tenu secret. Qui a fini par me rattraper.
Editions : Julliard - ISBN : 9 782260 029885 - Broché : 194 pages.
Mon ressenti :
Dans ce livre Philippe Besson revient sur ses jeunes années, celles des premières émotions, de la découverte de sa différence, de ses premiers émois et de sa première relation amoureuse. L’art de la dissimulation, et l’apprentissage du mensonge, l’acceptation, voire la résignation.
Philippe Besson se revoit en 1984 dans le corps d’un banal jeune homme de 17ans, à la tête bien pleine : Mathieu, lycéen de terminal dans un lycée de province. Souvent moqués par ses condisciples pour une hоmоsехualité supposée en raison de ses gestes et attitudes efféminées, il assume tout en faisant mine d’ignorer pour ne pas confirmer leur doute.
Dans la cour du lycée il remarque Thomas élève de terminal d’une autre section. C’est le coup de foudre, qu’il croit sans espoir, celui-ci n’ayant pas les mêmes attirances pense-t-il, et bourreau des cœurs de surcroît.
Bien que pour beaucoup les années 1980 soient synonymes de libération sехuеllе (à Paris) ; reste qu’en province il n’en est pas tout à fait de même surtout parmi les adolescents. Thomas refuse son hоmоsехualité. Il n’accepte pas ce qu’il ressent, ses émotions. Pour lui, l’apparence est tout. C’est sous le couvert du secret, qu’il fera le premier pas vers Mathieu, qu'il l’іпіtіегa au рlаіsіг de la chair, mais qu’il ne s’autorisera pas à regarder en public, ni à lui faire aucun signe amical, exigeant de celui-ci le silence absolu, sous peine d'une rupture de leur relation.
Les rapports entre les jeunes gens sont inégaux, l’un ayant déjà connu d’autres hommes mais refusant d’accepter et/ou que ne soit dévoiler cette facette de sa personnalité. Pour le second, s’agissant d’un premier amour, il est prêt à tout accepter pour que celui-ci perdure dans le temps, y compris l’humiliation d’être invisible aux yeux de l’autre à l’intérieur d’un groupe afin de continuer à être aimé, ainsi que son bon vouloir pour une éventuelle nouvelle rencontre. Thomas est lucide, il sait que Mathieu fils d’instituteur poursuivra ses études « ailleurs », alors que lui fils d’agriculteur, restera à la ferme, se conformera aux convenances car c’est son devoir. Les années passant, les jeunes se perdent de vue l’un monte à Paris et devient écrivain, l’autre reste reprenant les terres familiales et assurant sa descendance.
Les liens distendus mais restés très fort se renoueront à distance par l’intermédiaire du fils de Thomas rencontré par hasard dans un hôtel, lors d’une interview donné par l’écrivain la sortie de son dernier livre, et c’est par lui que nous saurons ce qu’il est advenu de son père, et comment il a mis fin à cette dualité qui était sienne.
Il fallait toute la sensibilité et la délicatesse de Philippe Besson pour oser avec ce souvenir se mettre à пu.