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"Canto General", de Pablo Neruda & Theodorakis - Littérature & poésie

Sujet de discussion : "Canto General", de Pablo Neruda & Theodorakis
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 28 août 2013 à 23:34
    Le "Chant Général" de Pablo Neruda est un vaste poème épique, cristallisant l'histoire de l'Amérique du Sud, retraçant ses paysages minéraux et ses atmosphères humaines, où la langue espagnole atteint sa plénitude par un vocabulaire précis et sans emphase, pour un continent dont les richesses exploitées - et convoitées dès avant la "découverte de l'Amérique" - furent, d'abord, un vain approvisionnement en or et argent livré au Portugal (qui ne sut même pas bâtir une industrie) et à l'Espagne.

    Il importait de faire l'inventaire sensible de ce continent qui, pour s'être libéré du joug colonial ibérique, n'en tomba pas moins dans la sphère d'influence et d'activité du capitalisme nord-américain (qui créa un pays, le Panama, pour s'approprier le canal tгапs-américain et implanta partout ses grandes compagnies), l'inventaire sensible d'un continent qui devint une vile somme de marchandises, de manière que furent perdus de vue la matière native, le sol, sa texture, le bois, sa verdeur longiligne, les montagnes, leur splendeur, le cuivre, sa brillance et que les vies humaines durent être rappelées pour compter.

    Multiples sont les épisodes, violents les mots de condamnation des tyrans, charnelle et aimante l'énumération des ressources du sol et du sous-sol, et de cet éclatement en de multiples reflets au miroir de l'histoire, il s'assemble l'Amérique du Sud dans son unité stellaire, son courage de vivre, ses hideurs et ses beautés.

    Heureusement pour Pablo Neruda, membre éminent du Parti communiste chilien (il devait se présenter à l'élection présidentielle qui décida de l'élection de Salvador Allende, avant que le Parti communiste chilien ne retire son candidat), le Chili est loin de la Russie, de sorte que les recettes, stérilisatrices et abrutissantes, du prétendu "réalisme socialiste" - en fait un art de propagande, célébrant d'une manière stéréotypée, mensongère et idéaliste le tractoriste, les champs ensemencés, les succès des рlапs quinquennaux et le "petit père des peuples", Staline - ne purent rabaisser son chant, décérébrer sa pensée, abêtir sa phrase, et simplifier son esprit.

    Et quand un grand poète trouve en Mikis Theodorakis son interprète, cela donne cette large partition, qui est comme une Amazone, généreuse et émouvante.

    Et, de plus, quand Maria Farantouri chante, n'aurez-vous pas le sentiment d'être transporté dans un autre temps, ailleurs, comme suspendu à cette voix ?





    Laissez-vous prendre aux sonorités castillanes, laissez-vous prendre aux rythmes, c'est tellement beau.

    Je vous assure : l'on ne sent nullement passer les minutes.

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    ---- Je "poste" ce sujet pour ceux qui ne connaissent pas cet enregistrement. Et parce que l'art, ne vieillissant pas, est toujours d'actualité.

    Je rappelle que Pablo Neruda est mort quinze jours après le coup d’État du général Augusto Pinochet.

    Son corps a été exhumé le 8 Avril 2013 pour vérifier si le poète, incarcéré en sa propre demeure, n'aurait pas été empoisonné pour hâter sa fin, mais comme ses restes ont été exposés dans son île à un milieu salin corrosif, les résultats de l'enquête seront longs à venir.

    Pablo Neruda, s'il avait vécu, aurait constitué, par son prestige, un point de ralliement fort dangereux pour la junte militaire chilienne.

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