Christophe et moi avions rendez-vous au BDC ( Bar du Centre, qui n’existe plus aujourd’hui). Il arrivait avec une rose qu’il m’offrit. Son sourire aussi. C’était la première fois de ma vie, que l’on me surprenait ainsi… Je restais un grand moment là, avec une émotion si forte qu‘aucun son ne sortit de ma Ьоuсhе, prêt à fondre en larmes, devant cet homme qui venait de m’offrir le plus beau des cadeaux. Son cœur.
Son histoire, mon histoire, notre histoire commence un peu comme un conte de fée, où les petites filles ne sont pas admises. Nous nous étions croisés, le jour d’avant dans un sаuпа. Ce fût un coup de foudre. Il était différent, mais je ne savais pas encore jusqu ‘à quel point. Pourtant si différent de tous ceux qui vous sautent dessus, vous agressent presque dans le seul but de vous voir jоuіг, comme si de cela dépendait leur vie… Nous avions passé presque l’après-midi dans le hammam, à nous embrasser, à nous découvrir, à nous caresser… Pas de sехe superflu, pas de sрегmе qui se perde inutilement dans le seul but assouvir un рlаіsіг qui vous démange… Non, simplement une епvіе d’être là, à deux, se sentir bien ainsi, même si cela peut paraître bizarre dans un contexte comme celui là ! C’est ainsi, que par magie, parce que nous le souhaitions, que nous nous retrouvâmes tous les d’eux le lendemain, dans ce bar Gay….
Nous montions au premier étage du BDC, car nous serions ainsi plus tranquille en ce début d’après-midi pour discuter.
« - Eric, je ressens quelque chose de très fort pour toi, j’ai епvіе de faire un bout de chemin avec toi, mais il faut que tu saches quelque chose qui m’est très personnel, et ce n’est pas évident à dire !
- je t’écoute, Christophe, dis-je en posant ma main dans la sienne.
- J’ai le SIDA, et je prends un traitement très lourd…. Alors tu vois que je comprendrais très bien que tu ne veuilles pas de moi, mais je voudrais que l’on puisse rester ami ! »
Là, il est vrai que cette nouvelle me fit l’effet d’une bombe. Je n’étais absolument pas préparer à cela. Bien-sûr comme tout le monde, je savais ce que signifiait le SIDA, mais avoir en face de soi une personne qui vivait avec cette maladie, jamais… Même si cela fait peur, très peur, même si je ne savais pas concrètement ce que cela voulait dire de vivre avec une personne qui avait le SIDA, pas l’ombre d’une seconde, je ne m’étais imaginé le rejeter comme un pestiféré, un paria…
« - Christophe, je n’ai pas par habitude de rejeter les gens pour cela. Tu as la franchise de me dire ce qu’il en est , je t’en remercie. On peu aimer une personne, avec ou sans le SIDA, seul les relations sехuеls sont différentes, la manière de faire l’amour aussi, je suppose ! »
De ce jour là, nous allions vivre quelques mois de bonheur, de peurs, de craintes, de pleurs parfois, de traitement lourd à ses humeurs changeantes, avec mes contraints à moi aussi, du fait qu’à cette époque je n'étais pas libre …
Vivre en compagnie d’une personne qui est malade, qui souffre dans sa chair de ne pas être comme tout le monde, est très dur à gérer. Il faut réellement avoir les épaules solides, supporter les contraintes d’un traitement à heures fixes, de repas particuliers, de ses hauts, de ses bas…. Aimer une personne comme Christophe, m’a permis de faire preuve de plus d’indulgence, de compassion envers la maladie, pensant jour après jour que j’avais de la chance, alors pourquoi me plaindre parfois des petits tracas de l’existence !
Lorsque nous faisions l’amour, il n’y avait rien de vraiment différent de ce que je m’imaginais, si ce n’est le fait d’avoir toujours et toujours, un rapport protégé… Rien d’autre ne différait, pas même nos Ьаіsегs que nous échangions…
Christophe fût mon premier amour, celui dont je me souviendrais jusqu’à la fin de ma vie, même si sa capacité à trouver le bonheur, à reconnaître qu’il était heureux avec moi, à tué notre relation, de par la faute de ces humeurs qui le mettait à mal parfois, qui le faisait souvent douter de tout, de la vie, de son amour, de la mort qui le hantait…
J’ai été heureux avec lui, je ne regrette rien de ce que nous avons vécu…. Il m’a tant apporté …