Avec les froids nocturnes,les sans abris réapparaissent sur les Ьоuсhеs d'air des boulangeries à la recherche d'un peu de сhаlеuг. Hypocritement, on les appelle «sans domicile fixe», alors que de domicile, ils n'en ont point, fixe ou pas.
Ce soir, un ami me faisait remarquer qu'il y avait une personne qui dormait dans l'entrée de l'immeuble à côté du sien, toutes les nuits, quelle que soit la saison, depuis des années; une sorte de fixe sans domicile.
Dans mon enfance, on les nommait «clochards», personnes qui, en règle générale, avaient choisi de se mettre en dehors de la société, de se tenir à l'écart de leurs semblables et vivotaient de ci de là, souvent la bouteille de vin à portée de la main.
Aujourd'hui, nous rencontrons beaucoup plus souvent une clochardisation subie, une société rejetant certains de ses constituants dans une non-vie incertaine.
Mais, ceci dit, savez-vous pourquoi on appelle ces exclus des clochards ? Il se trouve qu'au Moyen-Âge, à la fin des marchés, on sonnait la cloche qui était le signal pour les pauvres qu'ils pouvaient venir glaner les invепԁus, les fruits plus très frais, les légumes flétris. Ceux qui répondaient à ce signal étaient, de manière méprisante, appelés des clochards.
Finalement, peu de chose a changé depuis.
Hier avant le passage du camion de ramassage des ordures dans cette rue-marché quotidien, une meute d'enfants et de femmes, courbés nez sur l'asphalte dégueulasse, s'arrachaient les légumes pourris et les fruits piqués jetés par les «légumiers» en fin de journée. Alors clochard ? Non, ce sont des pauvres. Ceux qui ont honte de tendre la main. Main qu'on courtise lors des élections.