Au gré de ce fantasque éclair du firmament -
Le dessin, la couleur d'une fête naissante.
Aiguisés nos cinq sens étaient sollicités:
Senteurs, exhalaisons de l'eau, des fleurs de l'herbe
Et de la terre humide, arôme offert en gerbe,
Tout cela nous plongeait dans les félicités.
Voletant alentour, cherchant avant la brume
Le nid, le trouvant pris, le moineau s'envolait.
Tout le monde animal, pour la nuit s'installait.
La frêle gent ailée ébouriffait sa plume
D'oiseau. S'invectivant, semble se chamailler.
L'insecte vrombissait à perdre son haleine.
Les poissons clapotaient jouant à la sirène
Tandis qu'en la nature ils semblaient s'égayer.
On sifflait, criaillait, pépiait, sur la branche
Des sons dans la ramure afin de réserver
Le siège le meilleur, qu'il fallait conserver
Pour la chuintante ou susurrante avalanche.
Des contours du lointain, comme dans un tableau
Apparaissaient voilés, diaprés d'une gaze,
En effaçant les tons et faisant table rase
De l'Impressionnisme ou de Fontainebleau.
Tout au loin une biche, affolée et craintive,
Se désaltérait vite au ruisseau cascadant
Avant d'aller se fondre en frondaisons,pendant
Qu'un long vol de canards s'abattait sur la rive.
Plus près de nous, bosquets et touffes frémissaient
Aux frôlements furtifs. Les lézards et reptiles,
Mammifères petits, tous insectes utiles,
Apeurés. Batraciens eux aussi coassaient...
*********
Et, progressivement, silencieusement
Lentement, souveraine, elle majestueuse
Sur la scène, la nuit s'annonçait fastueuse.
Commandant au soleil, de graduellement
Diminuer l'intensité de sa lumière
Et d'aller décliner au loin, à l'horizon.
Obéissant, ԁосіlе à cette injonction,
Le luminaire dut effacer la matière.
Les roux, les ors, de rouge au grenat ont viré
Le ciel, d'azur puis rose a tourné vite aux mauves:
Maintenant violet. Après ces teintes fauves
S'assombrit le bleu roi si souvent admiré,
Précédant l'indigo d'une emprise astreignante
Du manteau de la nuit. Imperceptiblement
Les contours de l'étang ont subrepticement
Disparu...L'onde est noire et devient miroitante.
En salle de concert on allume en secours
Un éclairage vert. Répondant aux étoiles,
Ici les vers luisants un à un se dévoilent
Afin de nous offrir leur généreux concours.
la pénombre laissait une place pour l'ombre.
De l'intense lumière à la faible lueur,
Afin de préparer un rêve de bonheur,
Le mutisme arrivait près de la berge sombre.
L'immense et somptueux "Smorzzendo" commençait.
Moins d'agitation,moins de bruit gigantesque
La noirceur progressait dans ce tableau dantesque
Et susurrant enfin le son s'affaiblissait.
Pour percevoir, les plus tardifs noctambules!...
Je retenais mon souffle, attentif, épiant:
Ici,...pépiements...oiselet gazouillant
Faiblement?... Là...peut-être... ou bien ultimes bulles...
Un frisson m'avait fait presque tressaillir...
Frémissements divers, soupirs...pause...silence.
La fraîcheur de la nuit est-elle la sentence?...
Le rêve alors lui seul venait donc m'assaillir...