Dans le désert de l'absence traversé des influx nerveux de la lumière instantanée abolissant toutes les ombre et tous les contours, et obscurcissant le ciel sans étoiles des nuits éternellement pures, je m'avance, pas à pas, vers cette espèce d'espace au loin dressé comme un horizon, et vers l'espoir d'une attente : l'esquisse monumentale et qui s'efface de ton visage.
Je trébuche aux lierres touffus, je m'embroche aux corps abattus des grands arbres étourdis de vieillesse, je pérégrine et m'achemine dans le saisissement entier et crépusculaire de ta voix - qui résonne encore et encorne l'oubli -, je m'oriente à cette lueur fausse de mirage tellement belle que la résistance est vaincue par avance, je me désenchaîne de mes ombrages et de mes humeurs, et je vais me confondre aux traits qui arpentent les degrés du ciel et lui font un aspect amical.
J'avance, mais le visage recule et réserve la droiture de ses traits à d'autres atteintes, je progresse et n'avance pas d'un seul empan de terre, je diverge de la route et ne trouve pas le chemin traversier, j'hallucine ton souffle venu de nulle part de derrière les noirceurs du hasard - autant dire du néant - et j'imagine sa consistance de loutre venant se blottir à l'entour de mon cou.
J'avance et je me désagrège dans la hauteur de ton regard radioscopant la nativité de mon être ; je disparais, sans y parvenir, sous les arcades de tes sourcils ; je suis la fente subtile de ton regard par où passe le rayon de ta lumière.
Je suis la jetée de ton rêve lumineux sur les banalités du jour.
Climax.
