Les Brésiliens voient dans les dépenses engagées pour le Mondial une insulte à leurs conditions de vie : tant de milliards déversés sur les paillettes du spectacle auront provoqué les manifestations quotidiennes de centaines de milliers de Brésiliens pour la gratuité des transports urbains à la suite des hausses du prix des billets dans les grandes métropoles. Et voici une nouvelle vague de manifestations.
Je rappelle, ici, une étrangeté du Brésil : le Parti des Travailleurs (le PT), dont la direction a renié le programme de fondation, l'option socialiste, gouverne avec des partis de la bourgeoisie brésilienne, avec ceux qui auront soutenu les généraux putschistes de 1964 et qui auront gouverné le Brésil pour le plus grand profit des trusts, ceux des USA principalement.
Si bien que le Brésil rembourse la dette contractée par les généraux, au bénéfice des capitalistes ; et si bien que la Constitution consacre toujours l'armée comme ultime garant de l'ordre constitutionnel.
AU BRÉSIL, UN COUP D’ÉTAT A FROID PEUT SE PRODUIRE CHAQUE JOUR, EN TOUTE LÉGITIMITÉ LÉGALE.
Par ailleurs, les militaires qui ont assassiné les militants politiques et syndicaux ont été amnistiés, par leurs propres soins.
Et, j'en viens au sujet : comment un pays,
que le Parti des Travailleurs gouverne en coalition
avec les partis bourgeois (dont le PMDB,
soutien des généraux homicides), sans avoir
changé en rien la nature de l'appareil d’État brésilien,
et notamment son appareil de répression policière ;
dont l'armée est le garant suprême de la Constitution
et peut opérer un coup d’État à froid chaque jour ;
dont l'armée s'est auto-amnistiée de ses crimes
(assassinats, tortures, "disparitions", ...) ne serait pas
un pays où la brutalité de la classe ԁоmіпапtе
capitaliste s'exprime par ses vigiles et ses policiers ?
La bourgeoisie brésilienne retire bien des profits
du futur Mondial ; le meurtre est le moyen de ses profits.
Et le meurtre au Brésil n'est pas nouveau : des milices
ont opéré, dans le passé (est-ce passé, vraiment ???),
pour éliminer les gamins errants.
Alors, il y a la question de notre morale individuelle, que pose Ikki, notre attitude à l'égard des personnes qui n'ont pas de domicile : ceci n'est pas dénué de pertinence.
Mais, ce dont il s'agit là dépasse, de loin, la question de notre morale individuelle - quand bien même notre indifférence, notre froideur, notre répulsion envers les "SDF" (méfіопs-nous des sigles banalisant et neutralisant les réalités cruelles) peuvent refléter une politique d’État les éliminant par l'assassinat - : les meurtres au Brésil sont le fruit sanglant de la bourgeoisie brésilienne, protégeant les travaux gigantesques générant des milliards de profits.
Il faut, quand même, rappeler, qu'à l'occasion de la préparation du Mondial, le monument national brésilien qu'est le stade du Maracanã a été PRIVATISÉ. Cela donne, emblématiquement, la mesure des enjeux financiers que recèle l'exploitation de la passion brésilienne pour le football !
En conclusion : ce dont traite Peter Pan
est un fait éminemment POLITIQUE.
Ça ne relève pas de l'attitude humanitaire,
ni de notre morale individuelle envers les personnes
privées de tout domicile par les "merveilles" du
capitalisme brésilien géré par le Parti des Travailleurs,
qui a trahi son programme de fondation, et dont
nombre de militants désapprouvent l'orientation
du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff,
présidente membre du Parti des Travailleurs.
Ces assassinats sont des actes politiques.
Là comme ailleurs, au Brésil comme en France,
la trahison de l'option socialiste
produit la décomposition sociale ;
conforte la brutalité des bourgeois
et de leur appareil répressif militaro-policier ;
jette le trouble et le désarroi parmi les militants
du socialisme (à savoir les militants du PT lui-même) ;
provoque la révolte, le dégoût et le désespoir
de la majorité de la population ; et prépare
les conditions de la défaite de l'actuelle présidente
Dilma Rousseff - et du Parti des Travailleurs brésilien -
aux prochaines élections présidentielles.