Dessous les mots qui se prononcent, il y a le roulement des voix disparues, autrefois singulières, maintenant confondues dans l'oubli de chacun ou mélangées dans la mémoire à éclipses.
Dessous les mots, il y a ces Ьоuсhеs autrefois agitées d'une langue, fourrageant le sens et l'air du temps, tâtant le silence et restant à sa marge, déroutant le silence ce grand pisteur des humains les habitant tout au fond depuis l'enfance et larguant en eux les pierres en cascades, les hurlements en dentelles, les déchirements en feuilles de papier d'Arménie, les grands souffles du vent, les alarmes au creux de la nuit et les instances de la suavité puis de l'amertume.
Dessous les mots, il y a la substance des générations humaines, leur legs pesant et contraignant, mais aussi le dépassement des solitudes, l'éclaboussement par le soleil estival, les odeurs qui roulent avec la brume en automne, les prompts glissements des poissons dans les eaux des rivières, et la remontée depuis je ne sais quelle année de larmes repoussées et ravalées.
Dessous les mots, il y a des airs de routines et la menace du désert, la prestance des grandes fougères et la pesée du plomb, la pétulance des falaise et les arêtes aiguës coupant la chair vive, le remembrement de l'esprit et la défection de l'amour éternellement promis par un clair autrefois.
Dessous les mots, il n'y a que mon souffle portant le poids léger du son, proférant ce qui percutera le mur vers lequel Tristan se tourne quand il doit mourir, il n'y a que la volonté à peine esquissée d'être avant de ne plus être, et ton sourire qui m'aura tant aimé.
Climax, le Dimanche 8 Mars 2015.