Dans un fracas d’acier et d’étincelles démentes.
le sol n'a pas tremblé de nos au-revoir
la foudre ne s'est pas abattue sur la ville
me voici tristement apaisé sans le savoir
des adieux décorés en vaudeville
c'est juste de la peine
des larmes pour les plantes du salon
un tremblement des mains
onde pâle souterraine
c'est juste un chagrin poussant dru
il vient à ma gorge
et prend l'espace du dire
enfle à perte de vue
il n'y a pas de place plus sinistre
que le salon dans le noir absolu
l'enfer est du même registre
mes pensées se répandent dissolues
c'est juste ton départ qui est la cause
de mes jeux de roulette russe
à boire autant la lassitude
suis éponge d'encre perdue
c'est juste ta silhouette irisée
qui plane sur mes nuits sans sommeil
et la musique de tes mots
qui résonnent dans le vide infernal
j'ai beau chercher dans mes souvenirs
ne trouve rien qui puisse me tirer
rien n'est plus douloureux que l'avenir
si l'on sait que rien ne sera à en retirer
c'est juste quelques heures à oublier de vivre
ton nom à effacer sur toutes mes joies
et des hier à faire flamber
dans le miraculeux incendie
c'est juste un manque d'instinct
la paresse du vaincu
avant une aurore nouvelle
qui éteindra ton visage adoré
mais suis encore à te maudire
à la recherche des linceuls du passé
et cent oracles heureux à prédire
en garrot pour les blessures à effacer
c'est juste la non aisance
le souffle restant abîmé
et mes gestes d'indécence
comme des actes non élucidés
c'est juste la coupure sur mes veines
la corde sur mon cou
le revolver froid sur ma tempe
la dernière bulle d'air dans le bain.