Depuis l'expansion européenne mondiale au seizième siècle, c'est-à-dire la première mondialisation capitaliste (appelée "Les Grandes Découvertes", "Les Grands Voyages"), les peuples précolombiens ont été exterminés, tant par le choc microbien que par des guerres inexpiables : sur les ruines des civilisations précolombiennes, les Européens ont construit leurs États.
Fort d'un sentiment de supériorité, et du sentiment d'une mission spirituelle à accomplir (la conversion au christianisme), les Européens ont réduit, tué, massacré, pillé, détruit les identités indigènes collectives, mis en еsсlаvаgе, spolié, torturé, dévasté.
De cela rend compte le livre de Tzvetan Todorov, "La conquête de l'Amérique : la question de l'autre" :
Sur cette violence coloniale, au dix-neuvième siècle est venue se greffer la violence des impérialismes, c'est-à-dire la violence des États européens taillant pour les marchandises de leurs entreprises des débouchés et leur ménageant des sources de matières premières.
Dans cette mise en perspective, où ne tombe pas un voile d'oubli sur les massacres commis en Algérie par les conquérants français, et sur la violence commise à l'égard des paysans (les fellahs) pour les expulser vers les terres les moins fertiles ; où ne sont pas oubliés les massacres des Hottentots en Namibie par les armées allemandes : où les violences meurtrières de l'Empire Britannique ne passent pas aux pertes et profits, le summum de la violence - soit les génocides des juifs et des tsiganes, et le massacre massif des prisonniers de guerre soviétiques par les nazis - reprend un caractère historique, perd de son caractère métaphysique (l'explication par la nature maligne et регvегse de "l'Homme"), et du coup redevient un événement, certes singulier et inouï, mais explicable par une chaîne de causalités.
Ainsi en 1893, nous pouvons lire, sous la plume d'un auteur allemand, familier de l'idée impérialiste britannique, Alexander Tille, lecteur d'allemand à Glasgow, que "C'est le droit de la race la plus forte d'anéantir la plus faible" et que "Quand cette race ne maintient pas sa capacité à résister, elle n'a alors aucun droit à exister. Car quiconque est incapable de se défendre doit se contenter de disparaître."
En 1894, nous lisons dans le journal de la Ligue pangermaniste," Alldeutscher Blätter", que les Allemands ont besoin d'un espace s'étendant de la Baltique au Bosphore et donc qu'il n'y a pas à s'inquiéter que "Des peuples inférieurs comme les Tchèques, les Slovènes et les Slovaques perdent leur existence inutile pour la civilisation. Seuls les peuples de grande culture ont droit à la nationalité."
Rappelons que cette férocité allemande (dont nous pourrions citer des exemples français, cf. Gobineau) s'explique par le fait que l'impérialisme allemand est un tard venu parmi les impérialismes belge, français, britannique, espagnol et portugais.
Dans un livre simple, facile à lire, dans ce récit d'un voyage en Afrique et cette méditation sur le livre de Joseph Conrad "Au cœur des ténèbres", au gré de ses haltes, Sven Lindqvist nous livre le chaînon manquant la plupart du temps chez les historiens pour expliquer le surgissement au sеіп de l'Europe elle-même des atrocités génocidaires et massacreuses : la machine d’État, les armées n'ont fait que transposer le néo-darwinisme comme doctrine raciste, et les méthodes expéditives comme moyens, depuis l'Afrique vers l'Europe.
Thèse bien documentée, simple et lumineuse qui rend - je me répète - son historicité aux génocides et aux massacres nazis.
Pour favoriser la connaissance historique de ce qui a rendu possible les destructions massives de catégories de populations en Europe, je ne peux que vous recommander la lecture de ce livre, salubre et salutaire, qu'est "Exterminez toutes ces brutes. Un voyage à la source des génocides" dont l'ISBN - le numéro international identifiant du livre - est 978-2-35204-321-8, le prix de quatorze euros et quatre-vingt centimes, et la maison d'édition Les Arènes !Un lien vers le site de la maison d'édition, Les Arènes, une maison d'édition courageuse, qui édite dix livres par année, mais quels livres !!!
http://www.arenes.fr/spip.php?article3547