Misturada da folha 7 por Alison
Pardon je vous fais grâce de la version originale (portugaise)
Mais je n'aurais su faire mieux que de mourir aussi, dans ce pays devenu fou, ancré dans une guerre civile sans fin. Une guerre, opiniâtre et cruelle. Une guerre où chacun est l'ennemi de chacun, où personne ne sait qui va mourir, entre les mains de qui, quand et où. Ni pourquoi. Nous sommes les spectateurs effarés d'une guérilla sans nom et de l'agonie d'un pays abandonné aux сhіепs errants et d'un conflit absurde, fait de bric et de broc. Un pays où les enfants sont des soldats mais où l'on meure pour de vrai.
Les tirs ont cessé, sans doute parce-que le «gros» gibier n'est pas encore là. Ce ne sera donc pas aujourd'hui le plus violent affrontement, ni le plus meurtrier... Cela explique pourquoi ils ont fini à pieds, comme une avant-garde laissant derrière elle le plus gros de ses forces.
Par la suite comme dans un mauvais rêve, j’entends même un couple faire l'amour dans une tranchée. Mais si la guerre, du moins ce matin semble le domaine des vivants, voilà la que passe la mort également, dans ce linceul de lin blanc porté par toute une famille. Je les suis «où vont-ils?». Arrivé dans une clairière, ils déposent le linceul à même la terre et puis s’accrouріssеnt pour manger. Une femme au bras arraché par un éclat donne le sеіп à son bébé. La guerre, mon Dieu, c'était donc ça aussi, les survivants de l'honneur, du courage avant tout. Je les vois comme des Dieux, pouvant tout se permettre, tout faire sans jamais être ridicule; Comme ce soldat que ne peux identifier revêtu d'un casque trop grand en guise de masque de dérision, et qui exécute une danse autours une arme tristement célèbre fichée dans le sol. Pourtant où se pose mon regard, ce n'est que cadavres prostrés et racornis. Apparemment d'autres sont venu ici avant nous.... Aucune silhouette animée à l'horizon, du moins semble t-il. Pas même un roseau vertical qui dénoterait un faible signe de vie parmi les morts. Pas même un bruit. Si ce n’était le chuintement insidieux du sable, celui du vent qui fait rouler les casques à quelques pas de moi. Des morts figés gisent comme s'ils étaient encore debout, au pied d'un mur, à côté de mulets crevés, de sacs de mil éventrés. Le même sale vent que la veille faisant encore battre des portes invisibles. Ces morts qui semblent dormir un peu partout sur les rochers volcaniques où près d'un amas de xérophytes, surpris peut-être en plein sommeil, ne me dégoûtent plus. Ils sont devenu plus touchant que les vivants. Alors je m'assois à côté d'eux, pour leur parler, les écouter, être attentive à leur histoire, qu'ils me raconte d'une voix douce, presque inaudible, incompréhensible pour les autres. Bien qu'avec eux, les mots ne soient plus nécessaires. Juste des corps vide, statue de sable et de terre parlant pour eux. Seul les tee shirts vert, orange, violet, qu'ils portent sous leurs guenilles dénotent un immense appétit de vivre; Ils voulaient être des hommes avant d'être des soldats, ou mieux rester peut-être des enfants...
Je n'ai pas peur, je n'ai plus peur. Par curiosité... Forcer les portes de ce domaine si vaste et si particulier, peuplé de gens ainsi connus ou inconnus, débarrassés de leur enveloppe ou plutôt celle-ci devenue transparente; Alors, je peux voir à travers eux, comme à travers leurs vêtements, qui sont là que pour me permettre de les identifier quand je le peux...
A force de penser à tous ces morts, le jour, la nuit, à force d'assiéger leur forteresse sans cesse, à force d'en avoir tant vu, sans doute suis-je parvenue à percer un peu de leurs secrets...
C’était, je le sens, la vie battre en moi, et plus que jamais, le désir plus violemment encore d'entrer dans les portes de la mort.