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"Femmes" et "Hombres" - de Verlaine - Littérature & poésie

Sujet de discussion : "Femmes" et "Hombres" - de Verlaine
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 mai 2012 à 15:35
    Verlaine, ce poète qui a fini dans l'eau bénite, après avoir tenter de révolvériser Rimbaud et après avoir connu - pour cela - la prison en Belgique, ce tendre, cet amateur des rythmes impairs était un sacré gaillard.

    L'édition de ses "Œuvres Complètes", dans la Bibliothèque de la Pléiade, l'avoue ingénument, dans la bibliographie, qui clôt cet ouvrage : "Femmes - Imprimé sous le manteau et ne se vепԁ nulle part - 1891 [...] L'excessive liberté [si, vous avez bien lu, l'excessive liberté (sic)] de ces poèmes, d'ailleurs formellement admirable, ne nous permettant pas de le réimprimer ici, j'en donne la nomenclature" "Hombres (Hommes) - Imprimé sous le manteau et ne se vепԁ nulle part".

    Fouineur de librairies, j'ai eu la chance de remettre la main (pour cinq euros) sur une édition italienne, tirée à 2.200 exemplaires, de "Femmes" et de "Hombres".

    Honneur aux éditions Canesi de Rome, pour leur louable effort de 1964 !!!

    Un long poème, qui passe en revue tous ses аmапts, avec une délicate tendresse ; poème écrit en 1891.

    --- Mille e tre.

    Mes аmапts n'appartiennent pas aux classes riches :
    Ce sont des ouvriers faubouriens ou ruraux,
    Leur quinze ou leurs vingt ans sans apprêts sont mal chiche
    De force assez brutale et de procédés gros.

    Je les goûte en habits de travail, cotte et veste ;
    Ils ne sentent pas l'ambre et fleurent de santé
    Pure et simple ; leur marche un peu lourde va, preste
    Pourtant, car jeune, et grave en l'élasticité ;

    Leurs yeux francs et matois crépitent de malice
    Cordiale et des mots naïvement rusés
    Partent - non sans un gai juron qui les épice -
    De leurs Ьоuсhеs bien fraîche aux solides Ьаіsегs ;

    Leurs pines vigoureuses et leurs fеssеs joyeuses
    Réjouissent la nuit et ma ԛuеuе et mon cu ;
    Sous la lampe et le petit jour leurs chairs joyeuses
    Ressuscitent mon désir las, jamais vaincu.

    Cuisse, âmes, tout mon être pêle-mêle,
    Mémoire, pieds, cœur, dos et l'oreille et le nez,
    Et la fressure, tout gueule une ritournelle
    Et trépigne un chahut dans leurs bras forcenés.

    Un chahut, une ritournelle, fol et folle,
    Et plutôt divins, qu'infernals, plus infernals
    Que divins, à m'y perdre, j'y nage et j'y vole,
    Dans leur sueurs et leur haleine, dans ces bals.

    Mes deux Charles ; l'un, jeune tigre aux yeux de сhаttе,
    Sorte d'enfant de chœur grandissant en soudard ;
    L'autre, fier gaillard, bel effronté que n'épate
    Que ma pente vertigineuse vers son dard.

    Odilon, un gamin, mais monté comme un homme.
    Ses pieds aiment les miens épris de ses orteils
    Mieux encore, mais pas plus que de son reste en somme
    Adorable drûment, mais ses pieds sans pareils !

    Caresseurs, satin frais, délicates phalanges
    Sous les plantes, autour des chevilles, et sur
    La cambrure nerveuse, et ces Ьаіsегs étranges
    Si doux, de quatre pieds ayant une âme, sûr !

    Antoine, encor proverbial quant à la ԛuеuе,
    Lui, mon roi triomphal et mon suprême Dieu,
    Taraudant tout mon cœur de sa prunelle bleue,
    Et tout mon сul de son épouvantable épieu.

    Paul, un athlète blond aux pectoraux superbes,
    Poitrine blanche, aux durs boutons suсés ainsi
    Que le bon bout ; François souple comme des gerbes,
    Ses jambes de danseur, et beau son chibre aussi !

    Auguste qui se fait de jour en jour plus mâle
    (Il était bien joli quand ça nous arriva !)
    Jules, un peu рutаіп avec sa beauté pâle ;
    Henri me va qui, las ! en leurs conscrits s'en va ;

    Et vous tous, à la file ou confondu en Ьапԁе
    Ou seuls, visions si nettes des jours passés,
    Passions du présent, futur qui croît et Ьапԁе
    Chéris sans nombre qui n'êtes jamais assez.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 mai 2012 à 15:39
    9782290350157FS.gif


    Vous avez de la chance : il existe un volume comprenant "Femmes" et "Hombres", dans la collection "Librio" qui recueille ce qu'autrefois l'on repoussait dans les "enfers" des bibliothèques publiques.
    Pour deux euros !
  • lechat Membre habitué
    lechat
    • 23 mai 2012 à 16:40
    Merci pour le scoop !
  • native Membre confirmé
    native
    • 23 mai 2012 à 18:09
    Trop lon jaime pa lire
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 mai 2012 à 19:10
    Trop lon jaime pa lire

    Allez !!! C'est vrai que c'est long !!! Mais bon

  • native Membre confirmé
    native
    • 23 mai 2012 à 19:51
    Je m'excuse la litérature et moi c2
  • angel94 Membre élite
    angel94
    • 23 mai 2012 à 19:55
    9782290350157FS.gif


    Vous avez de la chance : il existe un volume comprenant "Femmes" et "Hombres", dans la collection "Librio" qui recueille ce qu'autrefois l'on repoussait dans les "enfers" des bibliothèques publiques.
    Pour deux euros !

    je l'aii^^ j'adore!
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 24 mai 2012 à 22:35
    Il faut que de petits éditeurs, de petites collections comme "Librio" se décarcassent pour éditer ce que la pudibonderie des "grands" éditeurs rejettent : pudibonderie à géométrie variable, par ailleurs et heureusement - par exemple - pour "Elle" de Jean Genet, éditée en "Folio" chez Gallimard, par exemple , "Elle", sa Sainteté le pape, montée sur patins à roulettes qui discute chiffons, entre deux réflexions théologiques, c'est délicieux et c'est du pur Jean Genet, sarcastique, et léger comme ne le sont pas ses autres pièces "Les Paravents" ou "Les Nègres" !!!

    Je recommande cela aussi, en passant, parce que ça me vient, comme ça, par le jeu de je ne sais quelles liaisons mentales : c'est drôle et comme aime à le claironner une certaine critique avide de non-alignement sur le conformisme tout en y étant embourbée jusqu'au sommet du crâne, pour le coup vraiment "irrévérencieux" !

    Nous voilà loin de Verlaine. Revenons à celui-ci, un moment : dois-je dire que je préfère "Les Poèmes saturniens" à ses derniers vers trempés dans l'eau de bénitier ? Je les recommande ; cela se tient encore, avec grâce.

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