Sujet de discussion : "Flow, my tears" - "Coulez, mes larmes"
sergeclimax69007
Membre suprême
22 août 2013 à 22:47
"Flow, my tears, fall from your springs" est un très bel air de John Dowland, que Philip K. Dіск écoutait en boucle quand il écrivait son roman de science-fiction - précisons, puisque ses romans du genre ordinaire eurent du succès après sa mort -, "Flow my tears, the policeman said".
Il se trouve que je vénère Philip K. Dіск depuis bien longtemps, et que John Dowland exprime une inclination à la mélancolie qui me сhагmе.
Ici, une version avec la voix de haute-contre d'Andreas Scholl.
Tentons une traduction, que je ne garantirai pas. Pour moi, le portugais est plus facile.
Flow, my tears (Lachrimae)
Flow my tears, fall from your springs, - Coulez mes larmes, tombez depuis vos cascades,
Exil'd for ever: let me mourn - Dans l'exil pour toujours, laissez-moi me morfondre
Where night's black bird her sad infamy sings, - Là où l'oiseau noir de la nuit chante sa triste déchéance,
There let me live forlorn. - Là, laissez-moi vivre dans l'oubli.
Down, vain lights, shine you no more, - Eteignez-vous, lumières vaines, ne brillez pas davantage,
No nights are dark enough for those - Aucunes nuits ne sont assez sombres pour ceux
That in despair their last fortunes deplore, - Qui, désespérément, déplorent leurs bonheurs perdus,
Light doth but shame disclose. - La lumière ne fait qu'épanouir les mille dommages.
Never may my woes be relieved, - Jamais, mes blessures ne pourront avoir de guérison,
Since pity is fled. - Depuis que la belle merci a fui.
And tears, and sighs, and groans my weary days - Et que les larmes, et les soupirs, et les sanglots
Of all joys have deprived. - Ont privé mes jours ordinaires de toutes les sortes d'allégresses.
From the highest spire of contentment, - Depuis le sommet le plus élevé de la satisfaction,
My fortune is thrown, - Mon bonheur a été jeté à bas,
And fear, and grief, and pain for my deserts - Et les craintes, et les douleurs, et les souffrances pour mes terres de sécheresse
Are my hopes since hope is gone. - Représentent tout mon espoir depuis que l'espérance s'en est allée.
Hark, you shadows, that in darkness dwell, - Ah, obscurités, qui demeurez dans votre noirceur,
Learn to contemn light, - Apprenez à déprécier la lumière,
Happy, happy they that in hell - Car heureux sont ceux qui en enfer
Feel not the world's despite. - Ne ressentent pas les embarras du monde.
Et, en supplément, "Weep you no more, sad fountains", puisque Dowland a écrit un ensemble de compositions sur les "Lachrimae", les larmes. Reprenant ici et là les mêmes thèmes musicaux. Du grand art ! Plus bas, le texte chanté apparaît, et pour ceux qui lisent les notes, il y a matière !
jiminy
Membre émérite
22 août 2013 à 23:27
Andras Scholl maîtrise beaucoup mieux sa ligne de chant, tandis que les ports de voix d'Agnew me gênent et m'horripilent ! Pardon, n'y vois aucune intention de te froisser, cher Climax.
En fait, si j'ai hautement apprécié un temps les Deller père et fils pour leur raffinement extrême et leurs interprétations hors pair, je n'ai jamais réellement raffolé des haute-contre ou contre-ténors qui ne sont que de pâles substituts des castrats. Mais là... il y aurait beaucoup à dire car aucun véritable témoignage de la beauté réputée de leurs voix.
A très bientôt et merci.
sergeclimax69007
Membre suprême
22 août 2013 à 23:39
Jiminy, tu as raison, Paul Agnew porte sa voix avec une espèce de hauteur qui pourrait passer pour de la condescendance envers le public, et à bien l'écouter l'on sent les fioritures et comme une complaisance envers sa propre voix ; et il n'a pas la сhаlеuг d'Andreas Scholl. Quant aux Deller, oui, ils sont inoubliables.
Une interprétation féminine, mais là aussi je ne suis pas pleinement satisfait car cette dame semble prendre avec des pincettes la fin des phrases, si bien que c'est un obstacle à la pleine sensibilité de celui qui écoute.
Malgré cette réserve mineure, Dawn Upshaw me paraît interpréter avec justesse "Weep you no more, sad fountains".
Et - c'est une remarque masculine et non machiste - elle est d'une beauté certaine, ce qui n'a rien à faire avec sa voix sans doute, cependant...
Jiminy, mais tu ne me vexes pas du tout, tu expliques clairement, distinctement, et simplement, les raisons de tes réserves ; ce qui me permet une écoute autre, attentive à ce que tu as remarqué, et qui n'est pas une hallucination auditive de ta part, je te le confirme C'est agréable, non, pour moi ?
--- Autre point : jemarque plus haut que je vénère Philip K. Dіск, cependant il écrivait de l'avis de beaucoup comme un pied - bref il n'était pas un styliste -, tellement il expédiait ses romans et ses nouvelles, pour vivre ; alors, je ne pourrais qu’acquiescer à quelqu'un qui m'en ferait la remarque, tout en soulignant le fait que ses histoires persuadent quand même. Étonnant, non ?
jiminy
Membre émérite
23 août 2013 à 06:04
Ces "Sad fountains" ingterprêtées par Dawn Upshaw sont superbes. Si les fins de phrases sont toujours avec un volume vocal diminué, sache que c'est une règle dans le chant, une sorte de raffinement dans la ligne de chant et le phrasé. En tout cas, on sent très nettement la chanteuse classique dans ce répertoire ancien, avec des notes modulées et expressives, jamais plates ou 'linéaires' et inexpressives. Dawn Upshaw s'est produite sur presque toutes les scènes d'opéra internationales dans le répertoire classique mais aussi contemporain. Tu as fait un très beau choix.
Quant à P. K. Dіск, je ne le connais pas et ne saurais me prononcer sur son oeuvre. L'essentiel n'est-il pas qu'il te divertisse et que tu l'apprécies ?....
A très bientôt Climax.
sergeclimax69007
Membre suprême
23 août 2013 à 23:26
Alors, Jiminy, s'il s'agit d'une règle que cet adoucissement en fin de phrase, avant que ne sonne de nouveau toute l'intensité de la voix, tu m'apprends là une bonne chose, car j'aime chanter (je ne suis pas un Andreas Scholl, évidemment !!!), malheureusement j'épuise très vite ma voix, à force de toujours beugler comme un taureau, euh, en rut, tiens, de sorte que mes cordes vocales, brutalisées, s'enrouent et perdent de leur souplesse.
Tu m'éclaires ! Merci !
- Pour revenir à Dawn Upshaw, que mon ignorance aura choisie à l'oreille, dans les multiples possibilités, pourquoi bouder mon рlаіsіг ? Oui, elle me donne des frissons avec sa voix, j'avoue !
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