Sujet de discussion : Il lui restait un an à vivre - Zach Sobiech
sergeclimax69007
Membre suprême
9 juin 2013 à 00:01
Très fréquemment, nous sommes, passagèrement, parce que ce genre de préoccupations est lourd et que nous ne pouvons pas penser notre propre mort (nous ne pouvons que penser à ses alentours), affrontés à une question, qui est délicate, le plus souvent sans réponse, et qui d'être sans réponse ne nous laisse que la possibilité de souffrir, dans l'amertume et le ressentiment, comme si un sort plus qu'injuste s'abattait sur nous, alors que nos vies - a priori - ne sont pas dotées d'un sens quelconque pas davantage qu'elles ne sont dépourvues de sens : que ferions-nous s'il nous restait quelques mois à vivre ?
Zach Sobiech a dû, pour son propre compte, et à des fins pratiques, résoudre cette question : souffrant d'une maladie incurable (un ostéosarcome, un cancer des os), il lui restait un an à vivre. Aussi, a-t-il décidé de se consacrer à la musique et de graver une premier disque, qui sera son dernier ; mort le 20 Mai de cette année (15 jours après l'anniversaire de ses dix-huit ans), il paraît que l'approche de la mort - ses derniers jours ont été filmés - ne lui laissait pas d'amertume : il avait réussi à faire d'un temps compté, se décomptant, pour se finir, un temps de création, un temps de liberté, un temps de réalisation humaine.
Alors que le temps du désir et de l'invention lui était si chichement compté - et sous la loi implacable du principe de réalité le plus inflexible, une mortalité dont l'échéance était fixée -, il aura su, non pas se "divertir", oublier, s'étourdir, mais s'épanouir et, de sa vie, faire un moment de beauté.
Alors, bien sûr, aux États-Unis d'Amérique du Nord, ce genre d'histoire édifiante fait s'émouvoir et s'élever des protestations selon lesquelles on ne l'oubliera jamais : toutes ces niaiseries écartées, il reste une grande sérénité et un grand défi relevé avec courage ; il reste que la mort, venue, n'aura pas fait mourir quelqu'un qui aura cessé de vivre en s'infligeant par avance la mort, pétrifié dans l'attente de la fin.
Dans nos vies, si courtes, bien peu à la mesure de nos rêves, et si démunies - pour la plupart -, avec moins d'intensité dramatique, mais pour autant sans que la rigueur de la question ne nous soit épargnée, il nous importe - sans aucun doute possible, et parce qu'il n'y a pas d'échappatoire - de ne pas céder au pouvoir pétrifiant de la mort, dont la venue est certaine, en ne nous laissant pas circonvenir par le défaitisme du "A quoi bon vivre puisque nous allons mourir ?" ou par l'exaltation maniaque du "Jouissons sans entraves et après moi qu'advienne le déluge", comme si nous pouvions nous défaire aisément de ce qui en nous et autour de nous réprime le désir, dont la sublimation fait de nous des êtres sociaux.
Un jour, alors que je pratiquais un art martial japonais, l'aïkido, l'on m'a raconté l'histoire que j'ai trouvée très digne d'un homme qui avait décidé de ne pas mourir avant l'heure, et qui, trois jours avant sa mort, venait encore se déraidir et s'assouplir en pratiquant le taïso (la première phase d'un cours d'aïkido, faite de longs étirements ; phase qui peut se pratiquer pour elle-même) : voilà une conception du temps très saine ! Ne trouvez-vous pas ?
homtendre
Membre pionnier
9 juin 2013 à 09:11
Très émouvant , une sacré leçon de courage de la part toute cette famille et surtout de la part de Zach, qu'il repose en paix
nehorai
Membre élite
9 juin 2013 à 10:57
Très bel hommage a Zach ....
Il a su jusqu'au dernier jour se prouver qu'au dela d'une fin annoncée on peut aller jusqu'au bout de ses reves .
Lorsque la fin approche , beaucoup de personnes voient le monde et les gens de manière différente . Tout semble s'éclairer et prendre une autre dimension .
Il n'y a souvent pas de révolte face a une mort annoncée, ni de résignation, simplement ce sont de nouveaux sentiments qui font surface . Et puis pour beaucoup aussi le sentiment de partir certes, mais de partir ailleurs , sans disparaitre vraiment .
Qui que l'on soit, ou que l'on soit, on ne fait que passer .
Le vie est très courte, il y a forcément un après ....
Merci en tout cas de ce beau partage .
Pas encore inscrit(e) ? Créez votre profil en quelques clics seulement et profitez !