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Il y a de ces vides en moi & les mots. - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Il y a de ces vides en moi & les mots.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 9 novembre 2014 à 21:01
    Il y a de ces vides en moi, dénommés "vides" pour la commodité du mot et son caractère descriptif tentant de saisir quelque substance de cet effrangement de moi-même, de cet évidement, de cet évitement d'une substance clairette.

    Il y a de ces vides où s'ouatent et s'étranglent les résonances, comme la gorge des rouges-gorges ouverte sur un espace indicible ne dissipe aucun cri et aucun bruit.

    Et les résonances, non existantes, se répercutent dans leur vacuité sidérante ; elles tentent quelques échos non advenus, aussitôt tus avant même qu'elles soient ténues ; les semblants des sons rebondissent dans l'abysse illimitée qui ne se creuse nulle part, et ils avèrent la précarité de mon être sous le fil de plomb de la réalité indiscernable.

    Et les résonances, dans leur chant et leur entrelacement muets, composent mon être opaque à lui-même, sautant d'un mot lâché là pour retomber dessus à un autre improvisé au plus près d'une labile impression.

    Je saute d'un mot à un autre, comme un mort joue à saute-moutons, et vivant dans ce jeu incroyable des signifiants, je me comprends avec un autre improbable, en principe trop tard, quand le crépusсule de l'imbécillité m'a fait sombrer, malgré les signes, qui sont ce que marquent les pattes d'oiseaux sur le sable des grèves bientôt recouvertes par les grandes marées du non-sens.

    Mais, d'effacements en désertifications, d'hébétudes en liaisons autour d'un mot vertébral, de dispersions en recompositions, je me tiens tel un сhіеп en laisse, par le pouvoir des mots, qui sont, ont été et demeurent mon unique et inaltérable révélateur.

    Je discerne les contours du mot, je me rappelle ses anciennes vaticinations, ses indubitables vacillements et ses désignations, je me pare de cet équipement de secours, et je vaque, enfilant comme des perles que je trouve ici et là les autres mots, qui tombent alentour atomes solitaires, à mon collier scintillant de sa vanité quotidienne recommencée.

    Il s'introduit la pierre spectrale du mot "douleur", sur laquelle je vacille en m'enrobant des sonorités de son répondant portugais "a dor", mot tranchant dans sa brièveté ; et je revois ton regard qui m'enveloppait de menthe, comme la mantille enrobe la main frileuse en automne.

    Je saute à la pierre "décence" qui s'entrechoque au mot "mort" ; aucune mort n'est décente, toute mort est une sauvage indécence, et ton corps sur le zinc fut la grande indécence sémіпаlе de ma "peine", autre mot où je trouve un refuge, l'offrande d'un endroit où étendre l'irradiation d'un effroi et la plénitude qui évase par ton absence mon être.

    J'ai attendu ton retour ; je l'attends, encore et toujours ; me parviennent les lamelles du temps conservées par les coupes aléatoires de la mémoire, et c'est ainsi que tu me fais retour, mon ami, mon аmапt mal aimé - trop peu aimé, trop déchiqueté à la banalité des jours -, mon frère.

    J'attendrai en vain les premiers lilas que tu m'avais offerts ; il en reste l'esquisse dans les airs, le dessin maladroit d'un souvenir pâli, l'engourdissement de la senteur et l'affadissement de la couleur dans la magnificence des prémices d'un printemps - désormais détaché, et ainsi préservé, de ses circonstances - qui diffuse sa brusque montée de clarté et ses parfums qui guerroient contre les senteurs glacés de l'hiver.

    La malle des souvenirs, cet espace de ma détresse qui réclame après ta présence, dans les tresses dorées et terreuses des temps emmêlés, au sortir du mélange où se perd la caractéristique distincte et où s’affirme la singularité du lilas, du trèfle à quatre feuilles, et de ta peau d'une sombre carnation d'éсume remuant les fonds marins, me délivre peu à peu, répétitive et insinuant sa différence, ton être que la mort n'a pas saisi.

    Aussi, attentif, dans la dispersion du monde, depuis mon centre éclaté, dans la remontée nébuleuse des mots usés et dont on a mésusé, j'entends, j'écoute, je prête l'ombre de mon oreille et ma fibre ԁéпuԁée au chagrin qui lancine, et tel un ressort distendu je saute d'un pierre que me prête le mot "tendre" à celle où s'enfonce le mot "larme" ; je ne m'attarde pas, je disjoins mes pas, je vagabonde et cogne du museau à l'éclat multiple de la cendre des souvenirs intacts, que la tendresse entrouvre et redécouvre en leur fraîcheur sibylline.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 10 novembre 2014 à 01:03
    Je plonge dans le mot "larme", larvée chute au sеіп de ce qui est salé et cristallin.

    Il me pousse un cordon ombilical qui oblique et se faufile à perte de vue, réfracté dessus dessous par les cristaux de sel liquide, ondoyant au gré des rétractations et des diffusions des surfaces captant indéfiniment en leur étroitesse allongée une section de ce pseudopode me reliant aux vastitudes du rien qui est tout.

    Je me modèle selon d'anciennes formes autrefois dépassées, maintenant reconstituées, et je suсе mon pied ; mon pleur est aussitôt confondu dans la liquide substance, et je prévois au-delà des encablures du cordon, de ses réfractions, de ses miroitements, et malgré les acidités du salé, la primauté du printemps vacillant de ses grandes branches, de ses bourgeonnements, de ce qui tend la verdeurs lente, limpide, primordiale dans son recommencement lustral.

    Je pleure des losanges d'eau salée et m'en fait des lunettes pour apaiser la lumière trop violente des soleils confondus à la nervure des feuilles.

    Je reste ébloui et la pénombre s'enfuit.

    Mon œil, tel un pseudopode, s'allonge vers les îles désertes du temps, où je te retrouve, toi qui portais la peau du Portugal, éclaboussée des voyages maritimes, nuancée par les ancêtres arabes, parcheminée par les ancêtres juifs, et scellée du soleil incandescent de l'Algarve.

    Climax.
  • tolerance1968 Membre expérimenté
    tolerance1968
    • 10 novembre 2014 à 15:44
    SOS AMITIE
  • yggdrasil Membre élite
    yggdrasil
    • 10 novembre 2014 à 18:37
    Tu nous livres un exercice de style complexe, Climax.

    D'ordinaire, tu laisses à notre portée les clés de ton univers. Qui prend le temps de les chercher les trouve. Cette fois, mettre la main dessus est plus compliqué. Le mot plus rare n'est pas le plus juste, en contexte. Même la recherche poétique du son vocalique ou consonantique adéquat n'excuse pas les lourdeurs de la syntaxe. La recherche de l'impression au détriment du sens ne sert pas le texte. Pourtant, tu as beaucoup à dire, et à partager. Ta peine est toujours présente ; elle t'habite. Mais elle est diluée, perdue, si bien que nous éprouvons quelques difficultés à la ressentir avec toi.
  • nigivir Membre élite
    nigivir
    • 11 novembre 2014 à 10:45
    Merci, Climax.
  • cactus_sss Membre suprême
    cactus_sss
    • 11 novembre 2014 à 11:55
    Tu nous livres un exercice de style complexe, Climax.

    D'ordinaire, tu laisses à notre portée les clés de ton univers. Qui prend le temps de les chercher les trouve. Cette fois, mettre la main dessus est plus compliqué. Le mot plus rare n'est pas le plus juste, en contexte. Même la recherche poétique du son vocalique ou consonantique adéquat n'excuse pas les lourdeurs de la syntaxe. La recherche de l'impression au détriment du sens ne sert pas le texte. Pourtant, tu as beaucoup à dire, et à partager. Ta peine est toujours présente ; elle t'habite. Mais elle est diluée, perdue, si bien que nous éprouvons quelques difficultés à la ressentir avec toi.

    Peut-être est-il tout simplement un imposteur...

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