INSTANCES ou REMINISCENCES?
En supportant le poids d'un rigoureux hiver,
Sans remonter le temps ni le prendre à l'envers,
Nous ne pouvons qu'attendre, en lui rendant hommage
Qu'avec le doux printemps, le tout nouveau ramage
Emis du fond des nids des petits oisillons,
Chasse enfin la torpeur quand nous nous éveillons!
La douce rêverie était mise en instance
Quand la morosité dénonçait la distance.
Nous devions supporter l'exil du doux soleil
Et la végétation plongée dans le sommeil,
Le hurlement du vent qui longuement perdure
Cherchant à s'infiltrer pour semer sa froidure...
La journée bien trop courte au profit de la nuit
Tristement éclairait la vie sombre et l'ennui!...
Pourtant au moyen-âge , où crépitait dans l'âtre
D'énormes fûts de bois, sous la danse folâtre
De flammes qui léchaient le moindre des sarments,
On savourait enfin ce calme désarmant.
Succédant à l'angoisse au rude état de siège
Le donjon protégeait ceux longtemps pris au piège,
Bien à l'abri des murs épais et protecteurs,
On savourait les lieux et le libre secteur.
Ecoutant le trouvère éloquent dans ses stances
On chantait appréciant les douces circonstances.
Sur la bûche rougeâtre où la broche tournait
On sentait le fumet qui, dans la tour, naît
Du pétillant rôti veillé par la servante...
Coiffée de son hennin, nous souriait la gente
Dame, assise auprès de son très noble seigneur
Qui, lui seul ԁоmіпаit perché sur sa cathèdre
Comme un trône sculpté dans un beau bois de cèdre.
Le sol était jonché de coussins très nombreux
Accueillant tout un peuple en tous les coins ombreux...
Chaque cierge allumé sur de grands candélabres
Animait l'ambiance et d'obscures palabres...
On mangeait et buvait avant de s'assoupir.
Le couple seigneurial lui seul allait dormir
Dessous le baldaquin en tirant les courtines
Oubliant que la cloche annonçait les matines!...
Aujourd'hui j'étais seul dans cet immense endroit
Accueillant tout un monde y dormant à l'étroit.
Sous les voûtes de pierre aux croisées des ogives
Désormais ne restait aucune âme qui vive...