J'AI DESERTE PARIS...
J'ai déserté Paris, fumées et foule épaisses,
Mes voisins sont des boeufs paisibles et qui paissent...
Plus de trottoirs crottés et jonchés de mégots.
Ici, seuls à l'automne on trouve des fagots
Après taille des bois, en attendant la neige
Qui, sous son manteau blanc, les couvre et nous assiège.
Mais quand vient le printemps! quel bel enchantement
Lorsque le perce-neige ouvre un oeil lentement,
Nivéole et jonquille admirent le narcisse,
Sous les trilles d'oiseaux reprenant l'exercice...
Des fleurs, chaque parfum exhale sa vapeur
En éveillant l'abeille, issue de sa torpeur...
A Lutèce la nef, autrefois sur la Seine,
Délaisse au bateau-mouche un sillon dans sa veine,
En contre-bas des quais corsetés de hauts murs...
C'est le jet continu de tous les gaz impurs
D'autos et de motos , ou d'autres véhicules,
Et qui, dans les deux sens, journellement circulent...
En cette capitale ignorant la saison,
Puisque seul le trottoir borde chaque maison,
Pas de neige en hiver qui devient de la boue,
A l'automne la feuille est bannie et taboue:
Il ne faut entraver les flots de banlieusards
Et, bien sûr, du tourisme errant vers les bazars !...
Ensablée en été la berge est Paris-plage,
Et "AU PRINTEMPS"?... N'est qu'un magasin qui s'étage!...