J'aimerais divaguer tout mon saoul,
Faire des faire-part endiablés
D'un pince-sans-rire consommé,
Vous annoncer la mort de la mort,
Me contreficher du temps passé,
Que soit mon crâne un hublot ргоfопԁ
Pour apercevoir les contre-fonds
Ondulant dans la Mer des Sargasses,
Que je visite indéfiniment
Les naguère, autrefois et futurs ;
Je n'aurai pas assez d'une vie
Pour emplir ma besace tгоuée
De cette mémoire affectueuse
Délaissant, s'esquivant, s'effaçant
Et donnant un vide frémissant ;
Bonheur de ne trouver plus les mots,
Et que l'indistinct vienne au secours,
Ainsi j'inventerai de nouveau
Ton visage et ta voix et ton âme,
Elles viendront impassiblement
Me surprendre au temps de l'amertume,
Quand je ne t'attendrai plus jamais,
Quand je croirai en avoir fini,
Tu ressurgiras stature intacte,
Le portrait de toi-même établi
Par la grâce infinie de l'oubli ;
Et de nouveau seront agrégés les traits,
Et de nouveau sonnera ta voix
Dans sa tessiture essentielle,
Et de nouveau déploiera ton âme
Ses innocences et ses maladresses,
Mon ami, ma blessure et mon spectre
Que je dorlote en moi vainement
En sachant cependant que tu vis
Encor tant qu'un vivant fait l'effort
De poursuivre jusqu'à entrevoir
Toi qui me viens indiciblement.
Climax69007, le Mercredi 14 Mai 2014.