Je n'irai plus aux bois, les arbres sont coupés
Par l'hiver carnassier qui mange la droiture
Des fûts centenaires et privés de la dorure
Glissant sur l'écorce une lueur chaloupée :
Je n'irai plus aux prés, les jours sont étoupés
Par cette brouillasse où s'aiguise la froidure
Gélifiant les ruisseaux et dressant la stature
De la meule où il crisse un criquet étouffé ;
Je n'irai qu'en mes songes au gré des promenades,
Au hasard des bosquets, au fil des esplanades,
Sans les cartes et les boussoles où situer
Le chemin estompé qui dévore sa trace,
Où mon pas singulier se pose et puis s'efface
Dans le silence qui vient me perpétuer.