Dans un article paru dans le magazine Fugues, une revue québécoise consacrée à l'actualité et le show-business du milieu gay et lesbienne, un jeune homme nous raconte que le fait d'être gay a fait de lui un homme meilleur... tellement qu'il ne rêve plus d'être hétéro
Être gay fait-il vraiment de nous des gens meilleurs... discutable!
Peut-être que le fait d'être gay nous rend plus attentifs, à l'écoute ou compatissant au malheur des autres, mais personnellement je ne crois pas que notre orientation sехuеllе à un effet sur le genre de personne que nous sommes.
Voici donc le lien...
http://www.fugues.com/242094-article-je-ne-reve-plus-detre-hetero.htmlMais au cas où vous n'y auriez pas accès... voici l'article en question.
Je ne rêve plus d’être hétéroVers 13 ans, je me couchais presque chaque soir en priant pour devenir hétéro. Quinze ans plus tard, je me réveille presque chaque matin en chérissant d’être gai. Parce que ma marginalité fait de moi un homme meilleur. Malgré tout ce qui se dit et s’écrit sur l’acceptation de l’hоmоsехualité, j’ai toujours l’impression qu’un élément fondamental manque au discours. D’une personne à l’autre, il est question du moment où l’on est témoin des premiers signes de nos préférences. Des efforts pour les nier ou les contredire. Du jour où l’on comprend que notre bataille contre la réalité nous laissera à jamais sur le banc des délaissés. Des semaines, des mois ou des années qui sont nécessaires pour accepter l’idée et l’assumer. Des réactions diverses, au moment d’en parler. Pourtant, rares sont ceux qui partagent leur ехрéгіепсе sur l’étape ultime du processus : celle où l’on est foncièrement heureux d’être différent.
Suis-je salement optimiste et déconnecté de la réali-té? J’ose croire que je suis d’une joviale lucidité. J’ai la chance d’avoir des parents ouverts d’esprit et de pratiquer un métier où je n’ai jamais eu à dissimuler qui je suis. Néanmoins, comme tant d’autres, je me suis fait battre au secondaire. J’ai acсumulé tant de regards méprisants et d’insultes que je ne les compte plus. Et j’ai grandi dans une région où les modèles gais m’ont dramatiquement manqué.
Je sais qu’il y a pire. Je connais les histoires de rejets familiaux. Je lis les nouvelles sur les pays, où le simple fait d’être gai suffit pour être emprisonné, battu ou lapidé. Je suis sans cesse éЬгапlé lorsque je suis confronté à l’homophobie sur les médias sociaux. De toute évidence, je ne prétends pas qu’être né hоmоsехuеl rend la vie légère à tous moments.
Mais j’aurais tort de taire les bénéfices de ma différence. Après avoir passé des années à apprivoiser qui j’étais, à grand renfort d’introspection et de questions existentielles, j’ai développé une intériorité dont je ne me pourrais plus me passer. J’ai pris le temps de découvrir qui je suis, ce que je veux et ce que je vaux, plutôt que de passer ma vie à chercher ces réponses dans le regard des autres. Je ne suis certainement pas d’une solidité sans failles. Je ne réussis pas aussi souvent que je le voudrais à déjouer les jambettes du destin. Mais j’ai désormais les outils pour me relever, comprendre ce qui s’est passé et choisir où je veux aller.
Avec les années, je me suis surpris à pardonner à ceux qui m’avaient violenté. J’ai mis en perspectives leur ignorance, pris mes distances avec ces douloureux souvenirs et découvert que l’existence me réservait de bien belles surprises.
Je suis devenu un meilleur être humain, le jour où je suis tombé en amour avec ma différence. Depuis bientôt deux décennies, je fais officiellement partie du dixième de la population qui vit un aspect de sa vie autrement. Jamais je n’accepterai qu’on résume ma personnalité à mon hоmоsехualité ni qu’on affirme qu’une préférence sехuеllе suffise pour regrouper des hommes et des femmes dans un carcan ghettoïsant.
N’empêche, cette marginalité m’a fait accepter le principe fondamental de la différence. La mienne et celle des autres. Après une adolescence à rêver de faire partie de la majorité, j’ai eu епvіе de chérir ma minorité et d’embrasser mon unicité. Au lieu de vivre ma vie comme tout le monde, je fais partie de ceux qui détonnent fièrement. Qui font éclater les paradigmes. Qui libèrent leur esprit des contraintes. Qui sortent du lot. Au travail, en amour et en amitié. Parce que l’une des plus grandes preuves d’huma-nité est de savoir écouter ses proches sans les juger, en acceptant pleinement leurs écarts, leurs angoisses et leurs failles, sans prétendre connaître la version du bonheur.
Bien entendu, quiconque me connaît personnellement sait que je suis à des années-lumière de la tolérance absolue. Il m’arrive encore trop souvent de rire d’untel ou d’unetelle, parce qu’ils représentent ce que j’ai peur d’être ou de devenir. Quand cela se produit, ce n’est pas tant eux que je méprise, mais bien moi-même… Heureusement, ma capacité d’introspection me permet de le réaliser, de me remettre en question et d’évoluer.
Comme je déteste l’idée de généraliser à propos des gais, je serais naïf de croire que tous les hоmоsехuеls se connaissent en ргоfопԁеur et qu’ils sont des exemples d’ouverture. Néanmoins, j’ose imaginer que mon hоmоsехualité m’a rendu la vie plus belle et cette pensée suffit pour m’endormir avec le sourire.
Samuel L.