Sujet de discussion : Jean Ferrat: "La matinée" (Vidéo)
grifounet
Membre élite
21 août 2013 à 20:37
"La matinée" de Jean Ferrat !
C'est assurément (à mon sens) l'une des plus belles mélodies du compositeur.
J'ai acheté la partition de cette brillante chanson pour découvrir sa construction. Dès le début, il y est porté la mention "Alla Bach" (= comme Bach)…et effectivement les arpèges, mais surtout les contre-temps sont dans le style du Kantor de Leipzig. Ferrat aimait Bach dont l'influence apparaît fort bien en filigrane dans l'oeuvre du chanteur.
Christine Sèvres qui chante en duo, méritait d'être plus connue…ne serait-ce que pour sa voix charmante et charmeuse.
Quand je relis les paroles de certaines de ses mélodies, j'ai le sentiment que Ferrat n'a pas trouvé sur cette terre, ce qu'il cherchait ргоfопԁément… Il a compris la beauté de la nature mais voulait "refaire le monde", c'est-à-dire les …hommes ?
Ferrat était-il en rêve permanent ? Je le comprends: il ne faut rien chercher du côté de l'humanisme qui assure une déception évidente. Il l'avait bien compris puisque voulant changer ce monde plus que malade ! Il lui manquait le vrai Dieu de la création qui n'est pas pourtant difficile à trouver… dans une relation personnelle ! Ferrat était comme Brel: en recherche et en quête permanentes !
Ecoutez cette mélodie délicieuse qui nous offre une "Matinée" prometteuse !
Grifounet
nehorai
Membre élite
21 août 2013 à 20:46
Superbe mélodie , les images qui défilent sont tout aussi splendides . Un hymne a la nature , aux animaux , a ce que notre terre peut encore avoir d'authentique . Ferrat certainement décu par le monde et les hommes , je le rejoins complètement .
wolfenstein77
Membre occasionnel
21 août 2013 à 20:59
Je préfère
Beaucoup plus dérangeante par contre
grifounet
Membre élite
21 août 2013 à 21:02
Je préfère
Beaucoup plus dérangeante par contre
Oui, c'est très dur... mais bien un autre sujet moins réjouissant !
sergeclimax69007
Membre suprême
21 août 2013 à 21:41
Grifounet, autant je peux apprécier ta sensibilité avertie de mélomane, et ton véritable amour pour un homme qui allait au-delà de la simple variété, autant à moins de me mettre à faire parler les tables tournantes, je me garderais - si j'étais toi - de plaquer sur Jean Ferrat ce que tu crois être l'espoir idéaliste du changement social, c'est-à-dire non pas des hommes en tant que tels, mais des relations sociales qui les déterminent et les asservissent, et premièrement dans le mode de production, je m'abstiendrais de plaquer sur un homme athée une recherche puisque pour lui il n'y avait pas "cette terre" et une autre terre meilleure et ailleurs mais simplement la terre, et je m'abstiendrais de plaquer sur ses déceptions la note fataliste qui est la tienne, car qui te dit que Jean Ferrat estimait les péripéties de ses relations avec le Parti communiste français comme l'arrière-рlап décisif et ultime de sa pensée de révolutionnaire ?
Alors, spéculation pour spéculation, gardons-nous de modeler l'homme Jean Ferrat comme il nous conviendrait, à toi ou à moi.
Quant à moi, je garde de Jean Ferrat l'interprétation des poèmes de ce stalinien d'Aragon, qui aura pratiqué plus que de raison le "mentir-vrai" : Aragon s'en trouve rehaussé et magnifié à mes yeux. Et, grâce à Jean Ferrat, je découvre - heureusement - que Louis Aragon n'aura pas tout à fait démérité de sa jeunesse surréaliste, en portant la pointe diamantine de ses vers jusqu'à l'amour sublime, se défaisant d'une fâcheuse préciosité pour une langue âpre et bonne comme le vin du Rhin.
Bien sûr, il y a d'autres interprétations, mais celles-ci sont quand même touchantes, émouvantes, remuantes, et à moins que le cœur ne batte la breloque, il le touche au mitan.
grifounet
Membre élite
22 août 2013 à 09:13
Grifounet, autant je peux apprécier ta sensibilité avertie de mélomane, et ton véritable amour pour un homme qui allait au-delà de la simple variété, autant à moins de me mettre à faire parler les tables tournantes, je me garderais - si j'étais toi - de plaquer sur Jean Ferrat ce que tu crois être l'espoir idéaliste du changement social, c'est-à-dire non pas des hommes en tant que tels, mais des relations sociales qui les déterminent et les asservissent, et premièrement dans le mode de production, je m'abstiendrais de plaquer sur un homme athée une recherche puisque pour lui il n'y avait pas "cette terre" et une autre terre meilleure et ailleurs mais simplement la terre, et je m'abstiendrais de plaquer sur ses déceptions la note fataliste qui est la tienne, car qui te dit que Jean Ferrat estimait les péripéties de ses relations avec le Parti communiste français comme l'arrière-рlап décisif et ultime de sa pensée de révolutionnaire ?
Alors, spéculation pour spéculation, gardons-nous de modeler l'homme Jean Ferrat comme il nous conviendrait, à toi ou à moi.
Quant à moi, je garde de Jean Ferrat l'interprétation des poèmes de ce stalinien d'Aragon, qui aura pratiqué plus que de raison le "mentir-vrai" : Aragon s'en trouve rehaussé et magnifié à mes yeux. Et, grâce à Jean Ferrat, je découvre - heureusement - que Louis Aragon n'aura pas tout à fait démérité de sa jeunesse surréaliste, en portant la pointe diamantine de ses vers jusqu'à l'amour sublime, se défaisant d'une fâcheuse préciosité pour une langue âpre et bonne comme le vin du Rhin.
Bien sûr, il y a d'autres interprétations, mais celles-ci sont quand même touchantes, émouvantes, remuantes, et à moins que le cœur ne batte la breloque, il le touche au mitan.
Souviens-toi: "Le coeur de l'homme a horreur du vide...!"
Ferrat avait fort bien compris qu'il faut changer le monde; il "signe" - comme le dit le texte en conclusion de sa chanson - pour un "monde meilleur, qui sera beau...". C'est notre voeu commun, je n'en doute pas une seconde, mais le chanteur oublie que cela n'est nullement dans SON pouvoir, ni dans celui de personne, d'où l'impossibilité de cette réalisation.
mahouarn
Membre suprême
22 août 2013 à 11:43
Bjr FERRAT Nuit et Brouillard le poême d'ARAGON 2 superbes chansons artiste incontournable et vrai
sergeclimax69007
Membre suprême
22 août 2013 à 14:57
Grifounet, je ne discuterai pas ta citation de tonalité pascalienne, car ce n'est pas ici le lieu pour parler des modalités pratiques d'une entreprise collective en faveur d'un monde meilleur.
Bref, je ne veux pas polluer ce sujet, intéressant, sensible, attractif par une discussion malvenue.
--- Grifounet, je viens de faire un tour au bas d'une chanson, sur un quelconque site, et les gens haussent plus que le ton, ils s'invectivent, non pas pour des différends esthétiques mais en se jetant à la figure "Sarkozy", "Hollande" et les autres. C'est une foire d'empoigne remplie de bassesses et de médisances et de cruautés que je ne souhaite pas importer sur "tongay.com".
Jean Ferrat mérite mieux que cela. Il mérite, par exemple, que l'on écoute ses chansons dites "engagées".
--- Face à ce genre de chansons, je suis toujours partagé, car je sens bien que la poésie n'y est pas au mieux de sa forme, ce qui ne signifie pas éthérée, et j'estime comme Benjamin Péret, l'auteur du livre "Le déshonneur des poètes", le poète surréaliste et le militant trotskiste, que c'est un abaissement de la poésie que de la mettre au service d'une propagande, serait-elle celle de la liberté. Là, nous arrivons au degré zéro de la poésie, images pauvres, paroles attendues, manque d'ampleur de la voix, c'est carré, cette chanson n'est pas bonne, il faut bien en convenir, hélas. Et la mention du nom d'Augusto Pinochet ne me remue pas, étrangement, malgré le massacre de milliers de Chiliens, l'exil de milliers d'autres et l'instauration d'un régime servant copieusement les multinationales américaines.
--- Par contre, cette chanson consacrée à la rafle du Vélodrome d'Hiver à Paris, le plus terrible coup de main policier de l’État Français du Maréchal Pétain - le régime de Vichy - contre les Juifs, les expédiant dans les camps d'extermination nazis, pour proche qu'elle soit de cet événement singulier, s'extirpe du particulier qu'elle n'oublie pas et, de fait, elle acquiert une résonance sensible, elle ne joue pas de l'indignation, elle est davantage poétique, oui, malgré la pesanteur des morts. Elle remue en moi de la tristesse.
--- Contre le stalinisme et les staliniens. Après tout, ce n'est certes pas Michel Sardou qui aurait pu chanter ceci : Michel Sardou est aussi un chanteur "engagé", mais ailleurs. Et le mot de Georges Marchais, stalinien français, sur le "bilan globalement positif" ne pouvait pas rester sans une réponse communiste.
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