Voila une petite histoire que j'ai écrite a l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer... vos avis :)
"ça y est ! La nouvelle est tombée ce matin, c’est sûr maintenant, l’attente se termine enfin, mais un autre calvaire commence car aujourd’hui, c’est le commencement de la fin.
Je me présente: je suis X et aujourd’hui, j’ai appris que je suis atteint d’un cancer en phase terminale.
La fin n’est plus loin à présent. Je la sens s’approcher inexorablement. C’est bizarre, mon coeur s’affole. C’était comme s’il savait que bientôt il devrait s’arrêter, alors il veut battre pour compenser ce qu’il n’aurait pas la chance de faire. Bientôt je serais contraint de partir. Cette vérité s’impose à moi doucement mais sûrement. j’ai passé des heures entière à imaginer ma fin. Tous les scénarios y ont eu droit, certains même étaient dignes des grands films hollywoodiens, d’autres par contre étaient moins bons, sauf que j’étais loin d’imaginer que cela se realiserait si vite. A vrai dire, au fond de moi, j’ai toujours esperé une fin indolore. C’est parfois amusant de constater que la vie nous offre facilement ce que l’on s’acharne à éviter. A certains moments elle nous l’impose pour nous narguer, pour nous dire tout simplement “voilà vous êtes impuissants”.
Impuissant... oui je le suis. Tout ce que j’ai eu le courage de faire c’était de m’enfermer dans ma chambre afin de me préparer à affronter le monde extérieur. Mais à quoi ai-je bien pu penser? A beaucoup de choses qui tournent toutes autour de la même idée.
J’ai pensé à mes parents , aux larmes que ma pauvre mère a versé en apprenant que son pauvre enfant était désormais condamné, à la tristesse et au regard de mon père, à toutes les choses que je n’ai pas faites pour eux, à toutes les choses que je ne pourrais pas faire pour eux, mais surtout à toutes les choses que je ne ferais pas avec eux.
Je me dit que leur souhait le plus cher aurait été de me voir heureux entouré de ma petite famille et qu’ à la place, ils auront droit à une sorte d’usure morale lente et douloureuse.
Mon petit frère de 3 ans a aussi occupé mes pensées, car je sais très bien que dans le meilleur des cas la seule image qu’il aura de moi sera celle d’une personne meurtrie. Il ne lui restera plus rien de ces Ьопs mоmепts passés ensembles , de ces longues promenades. Bref, il ne lui restera plus rien de moi, si ce n’est qu’un nom et les quelques photos que nos parents auraient prises. Le seul espoir qui me reste c’est ԛ’un jour, il lira ces quelques lignes et qu’il se dira que, par le passé, il a eu un grand frère qui l ‘aimait. Oui qui l’aimait.
Au fur et à mesure que les jours passent, certaines choses, certaines personnes changent. Notre entourage, ces medecins, les gens. Surtout leurs regards. On spécule sur mon avenir. Pire, le monde entier se donne le droit de dire ce à quoi il pense, de faire son pronostic. C’est triste à dire mais, voyez vous, pour la plupart ma vie se résume simplement à des chiffres: les jours qui me restent à vivre. Pour certains je suis une enclume acrochée à la cheville de mes parents, tandis que pour d autres je suis un monstre qu’on ne laisse pas approcher leurs enfants. Pourtant je ne suis pas contagieux. Et ça ne les empêche par pour autant d’être odieux.
On vit au 21 siècle. Les gens se disent civilisés, sauf qu’à la fin, rares sont ceux qui sont capables de bonté. Ce n’est pas pour faire la victime mais il y a certains regards que l on n’oublie pas, ceux qui nous marquent à jamais.. Des séquelles plus ргоfопԁеs qu’une perte de cheveux.
Chaque jour est un défi, une montagne à gravir. Cependant, j’en profite pour bouger, du moins tant que je le peux encore, car le mal qui est en moi gagne du terrain et finira tôt ou tard par me prendre ma jeunesse et éteindre la flamme de vie qui brûle en moi … Hélas, toutes les issues sont closes et celles encore ouvertes mènent toutes au même gouffre.
Je sors marcher, me mélanger aux gens, mais je me sens à part, quoique je respire le meme air, le même oxygène. Je marche sur le même trottoire, je m’habille de la même façon, mais rien n’y fait, je me sens comme rejeté, comme separé du reste de l’humanite par un voile invisible. Je vis désormais dans une autre dimension, une dimension secrète, parallèle et je me contente de souffrir en slience . Tout ce tumulte autour de moi, ce flux et reflux de gens vacants à leurs occupations me donne le vertige . Pour la plupart de ces gens, la vie est assez simple et se résume à réitérer les mêmes actions quotidiennes. J’aimerais tant être comme eux et n’avoir en tête que ma banale histoire de cœur … oh oui je donnerais tout pour revenir en arrière, récuperer mon insousiance, pouvoir débattre de sujets puérils et leur donner une importance demesurée. Cela me paraît tellement loin. A présent, meme les souvenirs que je garde de cette époque me semblent vagues. C’était comme s’ils avaient été ternis par le temps. Pire encore, il me semble étrangers, et surtout pas miens, souvenirs volés.
Tout ces gens autour de moi, se rendent-ils compte de ce que j endure ? Non. Comment peuvent ils savoir? Parfois il nous suffirait de changer l’angle sous lequel on voit les choses pour découvrir une toute autre vérité…
Cela fait maintenant quelques semaines que je suis à l’hôpital, et les seuls rayons de soleil qui éclaircissent mes journées me viennent de ma famille , leurs visites me font сhаuԁ au cœur. Je vois bien qu ils sont anéantis même s’ils essayent de ne pas le montrer, mais quand la langue peut mentir le regard lui, dit toujours la vérité , même quand les lèvres sourient…Il y a aussi ces lettres que j’échange avec Elodie , une enfant atteinte elle aussi d’un cancer. Je dois avouer qu’au début j’étais peu enthousiaste à l’idée d’entretenir une relation épistolaire , je me disait que cela ne m’aiderait sûrement pas ,apres tout ne suis-je pas condamné ? A quoi cela pouvait-il bien servir ? En fin de compte, cele s’est averé être très bénéfique puisque, non seulement nous partageons, à ma plus grande surprise et à mon plus grand рlаіsіг, beaucoup plus de choses que ce que j aurais cru , mais en plus je me suis souvenu du bonheur eprouvé lorsqu’on peut parler librement de choses qui nous tiennent à cœur, quand on est tout simplement compris. Rapidement, ces lettres sont devenues ma bouffée d’air frais au millieu de cet hôpital morose, une sorte d’échappatoire qui m’aide à oublier momentanément ma misère, oublier qui je suis, mais surtout ce que je suis devenu.
Je revois encore cette salle d’attente où j ai dû rester pendant ce qui m a semblé être des heures, en essayant de me rassurer par tous les moyens possibles , en me disant que cela ne pouvait pas m arriver, que cela ne devait pas m’arriver , non pas à moi et pourtant …Et quand le médecin me reçoit enfin, j’entends ces quelques mots “vous êtes atteint d’un cancer”. J’ai eu l impression de tomber dans le vide. J’ai vu ma vie défiler devant mes yeux, tant de rêves partis en fumée… non c’est sûrment un mauvais rêve. J’ai refusé d y croire, puis petit à petit, la verité, cette faucheuse, s est imposée à moi : je suis malade et je dois vivre avec. Plusieurs mois me separent à présent de ce souvenir trop lointain à mes yeux, et ce soir depuis mon lit d’hôpital j écris ce que seront probablement mes dernières lignes ,car voilà que s’achève la dernière scène du dernier act de ma vie, de ce théâtre en feu. Et tout comme Molière je finirais en malade imaginaire, sur la scène de l ultime représentation. Personne n’est là pour me tenir la main alors que je m’apprête à faire ce grand voyage. Mais c’est pour le mieux, d’ailleurs je n’ai jamais été doué pour les adieux , et puis je ne pourrais pas supporter les sanglots de ces êtres chers à mes yeux, ces êtres qui m’ont toujours soutenu.
Malgré tes souffrances multiples, ne pleurs pas mon père ,ne pleurs plus chère mère , je sais que nul parent ne devrait avoir à enterrer son enfant mais au moins dites vous que mon calvaire touche enfin à sa fin. J’ose esperer que vous allez lire ces quelques mots comme ça au moins, vous serez au courant de mes dernières pensées, lesquelles n' étaient que pour vous.
Père, mère, frère , je n’ai plus beaucoup de temps, le passeur me rendra bientôt visite. J’aimerais profiter du temps qui me reste pour vous dire ce que je n ai pas eu le courage de vous dire auparavant. Je vous remercie, du fond du coeur, pour tout ce que vous avez fait pour moi, je m excuse de vous avoir fait souffrir. Vous méritez bien mieux.
Ne pleurez pas, shut. Les rideaux ne tarderont pas à tomber."