NEUVIEME PARTIE : Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Nabot Léon perçait sous Bonaparte.
Un des grands principes des affaires crapuleuses dit que quand une société commence à avoir trop d’ennuis avec la justice, elle doit déménager et changer de nom. Le RPR est devenu l’UMP.
Ce faux jeton de Chirac a choisi Raffarin. C’est un ancien marchand de réclames, et il gouverne comme tel, à grands coups de slogans. Il brasse du vent. Ce qui console le petit nigaud, las, c’est que Raffarin est encore plus moche que lui. Au conseil des ministres, il passerait presque pour normal. Chirac, magnanime, lui a donné la place de son mentor Pasqua. Il est désormais chef des argousins, il va pouvoir bien s’amuser. La première chose à faire est de se les mettre dans la poche. Les perdreaux, ils sont plus faciles à contenter que les électeurs : ils ont des goûts simples. Ils désirent seulement pouvoir buller dans les commissariats, boire tranquillement des coups entre eux sans qu’on les fasse suer avec la déontologie et autres balivernes, sortir de temps en temps pour prendre un peu d’exercice en cognant sur le crâne des citoyens récalcitrants, particulièrement s’ils sont bronzés. En contrepartie, ils sont disposés à fournir un petit effort qui consiste à tourmenter les automobilistes dans le but de les délester règlementairement de leurs économies. Côté flicaille, pas de problèmes, au besoin, Perben lui donnera un coup de main. En revanche, côté électeurs, il va falloir jouer finement. Que veulent-ils ? Du travail, moins de taxes, ça, ce n’est pas son rayon. De la sécurité, là oui, il est armé, il a été à bonne école. Il va commencer par purger les centres-villes des рutеs, des clodos et des manouches qui ne font pas joli dans le décor. Dehors, les voleurs de poules, direction la Roumanie. Puis viendra le tour de tous les quidams au faciès exotique, ils sont faciles à reconnaître. Quand toute cette racaille qui ne vote pas aura débarrassé le рlапcher, il y aura de la place dans les bidons villes pour loger chômeurs et èrèmistes. Tout le monde sera content. Ne restera plus qu’à venir souvent à la télé pour dire : dormez tranquilles, braves gens, tout va bien. Il adore ça, le petit nigaud, parler à la télé, à propos de tout et de n’importe quoi, avec cependant, une nette préférence pour le n’importe quoi.
Chirac ne veut pas faire la guerre en Irak et il se fâche avec les américains. Du moment que les français sont d’accord, pourquoi pas. Il n’y a que cette andouille de Madelin qui la ramène. Le petit nigaud, lui, il n’a pas d’avis sur la question. La guerre, ça coûte, mais les étasuniens, il les aime bien. Chez eux, tout est simple. Surtout la politique. Il n’y a que deux partis : la droite et l’extrême droite. Ça s’appelle la démocratie moderne et ça marche du feu de Dieu. C’est un très bon système pour quand je serai chef de la France, pense le petit nigaud. Pour peu que je m’entende bien avec le Pen ou son successeur, on pourra même éviter les formalités pénibles que sont les élections.
Tiens, à propos d’élections, l’UMP vient de dérouiller au régionales. Le petit nigaud revient à Bercy, mais depuis le temps, il n’est plus dans le coup, alors il téléphone tous les matins à son frère Guillaume qui est devenu sous-chef des patrons pour lui demander comment il faut faire. Pas le temps de poser ses valises, ce sont les européennes, et encore une rouste. Le petit nigaud est bombardé chef de l’UMP avec interdiction d’être ministre. Il n’a pas encore appris son nouveau numéro de téléphone que le référendum qui devait sauver Chirac est déjà perdu. Exit Raffarin, bonjour Villepin. Le petit nigaud rechausse les chaussettes à clous et retourne faire des mamours aux poulets.
Il n’est même pas déçu. Il s’en fout complètement. Ministre de ceci ou de cela, sous-ministre, chef des ministres, même pas ministre, pour lui, maintenant, c’est du pareil au même. Avant de partir bouder sur l’île de Ré, Jospin avait laissé une bombe à retardement sous le bureau de Chirac. C’est le quinquénat. Avec trois élections lamentablement perdues à mi-mandat, il est fini, il ne s’en relèvera pas. Le petit nigaud le sait, c’est pourquoi il se fout de tout. Ça fait longtemps qu’il roule pour son propre compte. Villepin est plus grand que lui, il s’en fout. Sa femme l’a quitté pour un bellâtre, il s’en fout, bon débarras. Le petit nigaud las, c’est terminé. Maintenant, il est Bonaparte au pont d’Arcole, il n’a plus peur de rien. Avec son tout nouveau système de démocratie moderne, il va enterrer tous ces jaloux. Il va se faire élire premier consul à vie, pour commencer, puis sacrer empereur à Notre Dame par Benoît et quelques. Il fera scier les pieds de toutes les chaises de la cathédrale et il pourra enfin les regarder de haut, tous ces cloportes. Puis il remontera les Champs Elysées dans un carrosse en or massif sous une pluie de fleurs et les acclamations de la foule. Vive Napoléon IV, vive l’Empereur, vive Napo….TOC TOC TOC !!!!
Son chauffeur le réveille, il vient de le prendre en flagrant délit de roupillon sur son banc à l’assemblée. Se souvenant de son rêve, Nabot Léon porte discrètement la main à sa braguette pour vérifier qu’il n’a pas mouillé son slip. Que voulez-vous ? Monsieur le Ministre, je vous rappelle que vous avez rendez-vous dans vingt minutes avec l’avocat de votre femme, je viens vous chercher. De quoi il se mêle ce con, je le vire sur le champ. Puis se ravisant, il répond : c’est bon, j’arrive.
Ses rêves de grandeur avaient fait oublier un instant à Nabot Léon qu’il avait besoin de son chauffeur : il ne conduit pas, ses pieds n’atteignent pas les pédales.