L'amour est une cigogne aux ailes noires, aux plumes d'acier,
Crevant les yeux, perçant les cœurs, raclant les sens, en vain.
L'amour est un oiseau mécanique ajustant les pions
Sur le quadrillé du temps : il heurte les fronts,
Il confond les haleines, il évente une édentée raison,
Il dissipe un affront ; plus de bruit malséant, on adore :
Les amibes s'entre-dévorent jusqu'à l'osmose ; l'envol
Au ciel, a grands coups de cils, met en suspens l'âme
Avec son сul bénévole à empaler d'une clique érectile.
L'amour est un oiseau superbe, extirpant jusqu'aux hauteurs
Incomparables les fientes et les senteurs des égouts ;
Il roucoule le farsi, le langage ombilical des oiseaux,
Vous laisse empêtré d'une idiotie, comme un gazon britannique :
Vous serez tenu pour rien au fur et à mesure, élancé aux nuées,
Que vous êtes une Idée disséminant sa carne
Au perchoir des Adorations.
L'amour est un oiseau furtif, pauvrement apprivoisé,
Immatérialiste, disciple de l'évêque Berkeley ; il vise
Un centre de gravité unique, il s'y tient, il persiste en soi,
Il se nourrit avec frugalité mais constance aux amours
Vécues dans la mort, aux amours expédiées, aux amours
Cariées dès leur naissance telles les dents avariées de lait.
L'amour est une cigogne aux sеіпs lourds, elle assène
Ses coups balourds sur le citron pressé des intelligences
Dissipées ; les mamelles de velours crèvent les yeux ;
Vous tâtonnez dans les ombres, vous annexez un autre
Institué "Mon amour" ; vous êtes du lait pasteurisé, alléluia !!!
L'amour est un oiseau mécanique, il électrise, il volatilise,
Il fait fumer les corps, les sехes, les poils, pour alimenter
Par les fumées ; vous êtes le sacrifice expédié
Virevoltant à la divinité vous-même, vous vous auto-
Dévorez : en amour, ça tourne en cycle ; les amibes
Sont en osmose, noyaux confondus parmi la mаssе
Des noyés aux yeux clos mordillant les eaux avortées.
L'amour est un oiseau superbe, dédaigneux ;
A ses yeux crevés des transparences ensoleillées,
Instrumenté à l'usage public de la Mystique,
Vous enfilez dans un cône les dards tactiles
Et rêveurs : l'Univers - pour dire le moins !!! -, c'est vous.
L'amour est un oiseau furtif, combustible, sportif, tout
En même temps, son contraire et l'inverse ; je ne hais
Que mes amis, je n'haime que mes ennemis ;
Un passage étranglé étrangleur ; un pan de lumière
Abattu dans un désir roi, une bécasse enfilée par la destinée.
L'amour est une cigogne aux sеіпs lourds, un jet
Des cendres volcaniques projeté dans la Ьоuсhе,
Une étoile filante écroulée, une lune mal lunée,
Un astre désorbité, un ventre fécondé d'une fourmilière,
Une tapette à mouches rougissantes et béatifiques.
L'amour est une cigogne aux ailes noires, aux plumes d'acier,
Crevant les yeux, perçant le cœur, raclant les sens, en vain.
Et cætera. Un piège à rats.
Le Premier Août
Deux Mille Dix-Sept,
à Lyon, en France,
Climax007.