Encore un poème de Luís Vaz de Camões.
Je ne veux pas vous ennuyer avec de la technique mais j'avoue que, pour rendre les merveilles de sonorité de l'original, dont les chuintantes, les sifflantes, le son "o" ouvert, la diphtongue "ei", les sons vocaliques plus clairs que sombres donnent, doucement et tendrement, son unité à ce poème, selon le principe de "l'harmonie imitative" (le deuil est dit par le sens des mots autant que par les sons de tous les mots), j'ai été obligé pour les cinq premiers vers de quelque peu m'éloigner du texte. Quelquefois il vaut mieux trahir, car ainsi l'on rend avec davantage de fidélité l'original. Laissez-vous porter par les sons des sentiments : un amour a fini tragiquement ; le désespoir est là.Le texte portugais est un chef-d’œuvre.
Et il demande une lecture calme et posée.
Le chagrin dans son ampleur ne s'expédie pas !--- TEXTE PORTUGAIS :
O céu, a terra, o vento sossegado ;
as ondas, que se estendem pela areia ;
os peixes, que no mar o sono enfreia ;
o nocturno silêncio repousado...
O pescador Aónio que, deitado
onde co vento a água se meneia,
chorando, o nome amado em vão nomeia,
que não pode ser mais que nomeado.
“ Ondas - dezia -, antes que Amor me mate,
tornai-me a minha Ninfa, que tão cedo
me fizeste à morte estar sujeita. ”
Ninguém lhe fala. O mar, de longe, bate ;
move-se brandamente o arvoredo...
Leva-lhe o vento a voz, que ao vento deita.--- TRADUCTION FRANÇAISE :
Le ciel, et la terre, et les vents pacifiés ;
Les eaux qui s’épandent au sable qui s’égrène ;
Les animaux des mers, que le sommeil refrène ;
Le silence nocturne en paix qui est posé...
Ange, le pêcheur qui, de tout son corps jeté
A l'endroit où le vent avec l’eau se démène,
Pleurant, nomme le nom aimé, de façon vaine,
Car celui-ci ne peut plus être que nommé.
« Eaux - disait-il - avant que l’Amour ne m’abatte,
Rendez-moi ma nymphe, à laquelle d’un seul trait
Vous avez à la mort fait qu’elle soit sujette. »
Nul ne lui parle ; au loin n'est que la mer qui batte ;
Dans un balancement tendre sont les futaies…
Le vent balaie sa voix, qu’au gré du vent il jette.[Traduction personnelle de Climax69007]
Comme c'est beau, même dans la tristesse, un sonnet de Luís Vaz de Camões
Bonne lecture !!!
Et merci pour votre lecture !
A propos y a-t-il des grands poètes classiques ou des beautés plus contemporaines que vous aimeriez faire connaître à nous tous ? Ça me ferait рlаіsіг, et sans aucun doute à d'autres aussi.
J'ai - par exemple - un penchant pour les italiens (pas seulement les garçons, superbement machos et méridionaux
), Salvatore Quasimodo, Sandro Penna, Giuseppe Ungaretti. Pier Paolo Pasolini (ah "La Nouvelle Jeunesse" en frioulan, la langue de sa mère). En connaissez-vous ?
Allez, des poèmes !!!