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L'amour, l'amour, encore et toujours - 4 - Littérature & poésie

Sujet de discussion : L'amour, l'amour, encore et toujours - 4
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 2 septembre 2012 à 16:02
    Un sonnet de Luís Vaz de Camões, le poète portugais majeur du seizième siècle, l'égal de Joachim Du Bellay et surtout, par le mot fulgurant, d'Agrippa d'Aubigné. Mais, au Portugal, il jouit d'une considération qui excède, de beaucoup, tout le bien que les amateurs de poésie française pensent de ces auteurs ; et, sans cesse, des spécialistes s’appliquent à le publier, le comprendre, le discuter...

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    POUR CEUX ET CELLES QUI N'ONT PAS LU LES INTRODUCTIONS PRÉCÉDENTES;

    Luís Vaz de Camões est celui qui a donné au peuple portugais son épopée "Les Lusiades" (seul poème, en dix Chants, publié de son vivant, excepté un unique sonnet !)

    Par la langue employée il fonde le style classique et il fixe le portugais moderne (comme Luther, avec sa traduction de la Bible, l'aura fait pour l'allemand) ; ses poèmes, disséminés au travers de multiples chansonniers manuscrits, ont eu des éditions posthumes (d'où des difficultés dans la reconnaissance de la paternité littéraire).

    C'est le poète tutélaire que, chaque année, le Portugal célèbre, le 20 Juin (on présume qu'il est mort le 20 Juin 1580), lors du "Jour de Camões, du Portugal et des Communautés Portugaises" ("Dia de Camões, de Portugal e das Comunidades Portuguesas").

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    TEXTE PORTUGAIS :

    "A fermosura desta fresca serra
    e a sombra dos verdes castanheiros,
    o manso caminhar destes ribeiros,
    donde toda a tristeza se desterra ;

    o rouco som do mar, a estranha terra,
    o esconder do sol pelos outeiros,
    o recolher dos gados derradeiros,
    das nuvens pelo ar a branda guerra ;

    enfim, tudo o que a rara natureza
    com tanta variedade nos of’rece,
    me está, se não te vejo, magoando.

    Sem ti, tudo me enoja e me avorrece ;
    sem ti, perpetuamente estou passando,
    nas mores alegrias, mór tristeza."


    TRADUCTION FRANÇAISE :

    "L'éclatante merveille au frais de la colline,
    Et l’ombre qui s’étend des verts châtaigniers,
    Le doux cheminement de ces fleuves ébruité,
    Par lesquels la tristesse entière est éconduite ;

    Le bruit sourd de la mer, les terres apatrides,
    Le soleil qui se cache aux versants inclinés,
    Le rappel qui se fait des troupeaux attardés,
    Des nuées par les airs la bataille languide ;

    Enfin, tout ce qu’avec dilection, la Nature,
    Généreuse et variée, vient faire le présent,
    Me creuse à vif, si je ne te vois, d’une plaie.

    Sans toi, tout m’est ennui et tout m'est importun ;
    Sans toi, au long des temps, je plie dessous le faix,
    Aux joies démesurées, d'un chagrin sans mesure."

    (Traduction personnelle de Climax69007, en alexandrins assonancés)


    "Un seul être nous manque, et tout est dépeuplé" !!!

  • lefablio Membre élite
    lefablio
    • 2 septembre 2012 à 16:35
    Qui est le plus passionné
    L'auteur ou l'interprète?
    Luis se réjouit sûrement
    Dans sa tombe
    De votre version.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 2 septembre 2012 à 17:06
    Qui est le plus passionné
    L'auteur ou l'interprète?
    Luis se réjouit sûrement
    Dans sa tombe
    De votre version.

    Je suis un interprète passionné !

    Luís Vaz de Camões ne mérite pas une interprétation
    qui serait lointaine, négligente, sans totale implication.
    Il faut employer et la sensibilité, et la raison,
    sans faire réserve de soi, de quelque façon.

    Car Luís Vaz de Camões, par l'expression
    de sa "vivante ехрéгіепсе" nous mène au fond,
    là où s'agitent et se mêlent et se défient nos passions.

    Et par ses mots pleins d'onction, choisis avec dilection,
    se révélent au plus loin en nous, dans nos tréfonds,
    bien des mouvements où nous nous épuisons
    d'amour contrarié, déçu, inachevé, inassouvi, bref de ces occasions
    où en aucune manière, sauf à ne pas être, nous ne pouvons
    échapper à ce qui fait notre être, jubilant et souffrant, en perdition
    si des mots exacts, sensibles, n'en conçoivent et n'en font
    de sonores brassées qui séduisent notre audition
    et les configurent à la perception de notre іпtіmе vision.
  • lefablio Membre élite
    lefablio
    • 2 septembre 2012 à 19:43
    C'est bien a ma manière
    Ce que j'essaie de faire.
    Trouver les mots
    Qui subliment
    Nos abîmes.
    Quand trop de soi
    Trop d'émois.

    Merci, pour ces instants de pure poésie.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 2 septembre 2012 à 22:16
    Les deux premiers quatrains sont des merveilles de sonorité en portugais : de douces sifflantes, un rythme régulier qui évoque la douceur de ce cadre pastогаl ; le premier tercet commence à vibrer avec ses allitérations en "r" ; et commence à se répandre du premier tercet vers le second la lourdeur plaintive de la nasale portugaise "AN" (c'est le "en" français de "commencement" mais prononcé aussi avec le nez !!!)


    Voilà pour la musique, qu'une traduction rend rarement. J'ai seulement réussi à rendre dans les deux premiers quatrains le rythme régulier, paisible qui émane du paysage décrit, paysage qui contraste fortement avec le sentiment de pesanteur et d'ennui qu'éprouve l'amoureux, en l'absence de l'aimée.

    Camões est un grand écrivain en ce qu'il ne nous décrit pas légèrement, en passant, selon les lieux communs ("topoi" en grec tгапslittéré, terme technique) de l'époque, des sentiments convenus mais en ce qu'il évoque, quel que soit le motif manifeste de son poème, ce qui l'anime intérieurement : c'est ce trait-là qui me fait, par exemple, préférer Du Bellay à Ronsard.


    Oui, Ritha :
    Une intériorité à sublimer !!!
    Et des abîmes où ne pas naufrager !!!


    C'est ce que tu fais chaque jour quand tu t’astreins à écrire et que tu nous en fais part !
  • lefablio Membre élite
    lefablio
    • 2 septembre 2012 à 22:37
    En tant qu'amateur de belles langues,
    J'ai tenté d'en faire ma propre interprétation.mais mes connaissances sont trop minces pour en apprécier les subtilités.
    Mais j'ai pu deviner de belles images.,
    Que vous avez admirablement retranscrites.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 2 septembre 2012 à 22:46
    Certains diraient que je fais de "belles infidèles" mais je crois qu'il importe, en traduisant, d'être comme un médium, de s'imaginer dans la peau du personnage que l'on traduit, et de lui donner les ressources dont dispose la langue française contemporaine, sinon on dessèche et on ruine en s'en tenant à la littéralité, ores il y a les sonorités, il y a la tradition poétique française où l'on doit inscrire l’œuvre traduite pour que le poète traduit vive d'une vie indépendante en français, il y a le sens qui ne se réduit pas à la surface (les langues ne sont pas des collections de mots ou d'expressions équivalentes).

    En tout cas, merci pour l'appréciation !!!
  • lefablio Membre élite
    lefablio
    • 2 septembre 2012 à 23:22
    Merci a vous, j'ai aimé ce moment..
    Intemporel, loin des questions vitales , lol,qui se discutent sur le forum.
    Affaire de goûts.
    J'aime flotter dans les airs,
    porté haut par les mots.
    Me poser sur mon aire,
    Bienveillant,
    L'oeil perçant.

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