L'amour, chantent-ils toujours, pétulants, les yeux pleins d'étoiles, qu'on dirait des galaxies au premier temps de l'Univers, et que ça roucoule et piaille, ou alors, effet inverse, que ça se bécote et se regarde au fond de la prunelle silencieux comme le tombeau de ce pauvre Dracula, tel est l'Homo Sapiens Sapiens.
Je pouffe et je m'esclaffe.
C'est un problème comme celui des torchons.
On se frotte les paumes de savon pour que ça glisse mieux, que ça lubrifie, et soudain distinction de la peau sous les ardeurs vernissées de la pellicule glissante, eh bien, l'amour c'est ainsi, une mise en beauté de la peau qui se frictionne contre une autre peau, pour se débarrasser de ses maladies : la solitude, le désarroi, la peur de mourir, la mélancolie, le prurit de l'enfance qui ne veut pas passer ; oui, on savonne bien, ça brille, on passe sous l'eau, remarquez que l'amour s'apparente souvent à la douche écossaise, ah il y a de ces précipitations de froidures quelquefois, à vous dévisser le ciboulot. Et on frotte, on frotte, on frotte au torchon.
Eh bien, c'est moi, le torchon.
Depuis que je me suis installé psychiatre, histoire de mieux connaître Homo Sapiens Sapiens, ma victime de dilection et la seule, et sa dimension, comment disent-ils, ah oui, le psychisme, je pratique l'ethnologie de terrain : à peine ai-je eu fixé ma plaque jaune luisante que tous les malades et ceux qui sont les plus dangereux des Homo Sapiens Sapiens, les normopathes, ceux qui veulent faire de vous une machine à entendre leurs borborygmes sans que vous pipiez mot, parce qu'ils sont "normaux" et ne viennent que pour la révision des quarante ou cinquante ans, ont rappliqué.
Misère, pauvre de moi, Vampire Arcane 17, j'ai l'impression que les rôles sont renversés, bien sûr je contemple des gorges appétissantes rien qu'en tendant une oreille complaisante, je lâche selon les rites du métier des mots au compte-gouttes ; et donc, l'amour, ah là là, entre ceux qui le cherchent comme si on le leur avait volé et qui vous soupçonnent du vol, ceux qui ne jurent que par lui mais font des mystère à n'en plus finir - contre toutes les règles de l'association libre, m'a dit mon seul ami Sapiens Sapiens, que j'ai dézingué depuis, son amitié devenant trop familière -, ceux qui ne veulent pas se coucher sur le divan et même pas s'asseoir sur le fauteuil en vis-à-vis (pourtant en pur cuir de Russie), et qui passent le temps de la séance à sauter à cloche-pieds (là je perds mon latin de grimoire), et ceux qui dégoulinent "Je l'aimeeeuuhhhhhhhhhhhh", et toute la lyre...
J'ai beau leur dire "L'amour est un friction de la peau" purement et simplement hygiénique, le psychisme humain est réticent, il se refuse à l'évidence, il veut enjoliver, et c'est parti pour les grandes eaux de la lessive intérieure qu'on déverse en moi, en moi, Vampire Arcane 17, j'en ai ma claque.
Je sens que je vais repartir à la chasse du quidam ordinaire, un peu de repos, plus de confidences, plus de statut social à revêtir, plus de ces hypocrisies humaines, non, Vampire Arcane 17 a assez entendu de bêtises pour l'éternité.
J'ai dit. Je ferme boutique !
Cependant, le sang bouillant des amoureux et amoureuses a une saveur extatique me faisant hésiter.
Je balance, je balance, je balance ferme !!!
Vampire Arcane 17
PCC (Pour copie conforme) : Climax69007