Ah, suçoter, mon délice !
C'est la caresse de la langue après la douce perforation de la canine rêveuse.
Et cet écoulement de la substance vitale est un hymne au Printemps ; les quidams disent, dans leur langage mécanique, qu'"ils rechargent leurs batteries" ; moi, je ne recharge rien ; je goûte la fraîcheur du sang comme on déguste une sanguine ou une mandarine ; j'entre en communion, et nos corps se dissolvent l'un dans l' autre.
Bien sûr, les humains étant peu résistants à l'amour déclaré du "Vampire" - disent-ils -, ils s'évadent, les yeux retournés vers le blanc, pour d'autres mondes où ils échappent à ma sollicitude, à mon adoration ; et je ne tiens, entre mes bras, à la fin d'une intense affection, plus que des pantins vidés.
Aussi, dois-je porter mon amour ailleurs ; déchirement de l'attachement que ce nomadisme imposé par la fragilité de l'humanité.
Quand trouverai-je mon aimé enfin inépuisable et soutenant mon ivresse jusqu'à la fin des temps ?