L'arc-en-ciel tгапslucide du Menez Dregan - Littérature & poésie

L'arc-en-ciel tгапslucide du Menez Dregan, en Plouhinec (Sud du Finistère) : tableau de la Bretagne.


Les mots, croyez-vous, sont des animaux ԁосіlеs : il suffirait de les aligner, comme au manège tournent les chevaux, et perfectionnent leurs postures et leurs cadences ; il suffirait de cet alignement, tout militaire, bravant les ruades, et que le cavalier ne se trouve pas désarçonné, et colle à la peau des rêves qui forme la substance des mots, et les pare, et les enveloppe de sens, dans l'envolée et la retombée élastiques des sons.


Mais, les mots se fracassent, perturbent ce strict ordonnancement, et se délitent avant que la phrase parvienne à ses fins et n'ait soulevé le voile brouillant les rochers, les brumes et le soleil ; le statique, le liquide et le tгапslucide, en déroute, coincés dans la gorge, vous font une montée au cerveau qui tient de l'apoplexie ; ça virevolte alentour.


Alors, sous les nuages voyageurs, insolites vоуеuгs avec leurs yeux au beurre noir, partez aux limites de la terre ferme, où son effritement mêle à l'Atlantique des galets à poncer, des rochers à concasser, des falaises à gifler et à vaincre ; là arrive que le soleil vous donne un coup d'éclairage, et dans le remuement du noir, du gris, du sombre, vous fasse distinguer des formes effilées comme des poissons.


Dans ce soulèvement, il serpente et ondule un vert, que vous diriez - selon une mode publicitaire pestilentielle - "vert lagon" ; cependant, le vert revient de loin, il ne s'apparente pas à celui de la malachite, il ne rappelle pas celui des tables repeintes dans les bistrots du Midi, il s'affirme, transparent et traversé de nuances noires


Au Menez Dregan, en Plouhinec, le vert vous trace les hasards du chemin. Sous les reflets, il prend des nuances de jaspe ; sous l'orage, sa transparence resplendit ; bien malin qui saura le distinguer du bleu qui оЬsèԁе aux yeux de l'aimé, et qui saura différencier ses noirceurs de celles enfantées par le regard de l'аmапt.


La terre étale ses courbes : l'horizon visible l'atteste ; le vert disperse des volutes qui transportent, au gré des océans, la part inachevée du rêve inaccompli, toujours à refaire, toujours à se dire, dans le murmure qui se tait, à égrener les mots bruts, alors que le jour diaphane - serait-il caché par une rafale de pluie - raffine ses lueurs.


Climax69007, le Lundi 8 Septembre 2014.

Reprenons nos saines habitudes : le partage des mots, qui vaut bien celui du pain mais - faut-il l'avouer - moins que le partage d'un lit !

Bonsoir Climax,

Bon retour parmi nous, visiblement l'air iodé de la Bretagne t'a été salvateur, et le verbe, repris de la couleur.

Bonjour Climax!

Content de te revoir ici après cette "pause" tongaysienne:)
J'espère que cela t'a été propice.

Je vois que tu as fait provision de couleurs Bretonnes
à notre plus grand рlаіsіг.

Tu parviens à rendre la couleur et l'atmosphère du
paysage d'une manière plus colorée et exacte qu'une
toile romantique d'une marine!

Je trouve que les mots ont un pouvoir plus infini que
les outils plastiques (points, lignes, couleurs, valeurs,
et formes) car ils sont plus subjectifs que la couleur
pigmentaire sur un tableau.
En effet, sur un tableau, une vert est toujours bien précis
car il s'impose physiquement sur la rétine, alors que le
mot "vert" laisse libre choix à l'imagination et ses gammes
de verts infinis.
Quand tu dis que la mer de Bretagne est "vert limpide"
(dans le topic de Toy)
chacun aura une lecture propre et choisira "son" vert idéal.
Chaque lecteur contribue ainsi à l'oeuvre et l'adapte à sa
sensibilité et ехрéгіепсе personnelle par rapport à la mer
verte qu'il ou elle a connu.
Et çà fera du bien à chacun!

Salut Climax,

Je constate avec рlаіsіг que, comme moi, tu as succombé au сhагmе de la Bretagne.

La côte de granit rose, Roscoff et son jardin exotique, St Pol de Leon, Morlaix et son excellent resto poisson gastronomique... mmm..., Roguenic, Brest, la pointe du Raz, Camaret, le magnifique Locronan, etc... etc...

Les vacances ont une fin...
Tu apprécieras encore mieux les suivantes, et l'actualité va te passionner, j'en suis sur !

J'espère vivement que ta rentrée s'est bien effectuée, avec un moral d'acier, et que, contrairement à certain, tu n'es pas atteint de "phobie administrative" dans ton boulot... ce qui serait catastrophique...

Hélas, oui, les vacances ont une fin, mais c'est le sel de la vie que de passer à d'autres rythmes.

Oui, les mots suggèrent, si bien que chaque lecteur détient en lui-même le ton et l'intensité du "vert limpide", deux vocables accolés d'une grande simplicité qui nous mènent loin dans nos voyages dits "imaginaires", qui nous font parcourir nos grèves et nos rivages.

Quant à l'atmosphère dans mon Lycée, je la qualifierai d'un seul mot : une guerre, qu'une hiérarchie administrative, hautaine, méprisante, abusant de sa position, mène contre les personnels enseignants, ouvriers, et de service. La démolition systématique, l'atomisation des structures qui permettent à un établissement d'enseignement de fonctionner ; le verbe haut et tranchant, sarcastique, irrespectueux en guise de dialogue avec les représentants des personnels ; le dédain qui fait ne jamais dire "merci", avec sincérité, pour le travail accompli.

Ainsi va le petit monde des chefaillons dans l’enseignement public et laïc.