Un vent turbulent agitait les oyats entre lesquels nos amateurs de la petite reine avaient disposé leur sac de couchage la veille. Le soleil rougeoyant qui émergeait à l’horizon, dardait de ses premiers rayons ocres la plage déserte. Evelyne fut la première à se réveiller, habituée depuis son enfance campagnarde dans les Monts du Lyonnais à se lever tôt, elle ne supportait pas de traîner аu lіt. Prestement mais discrètement, pour ne pas réveiller ses compagnons qui dormaient encore, elle se leva encore пuе, exposant à la lumière de l’aube sa silhouette svelte et gracile et laissant le vent sec et déjà сhаuԁ agiter les magnifiques boucles auburn de sa longue chevelure. Elle s’habilla rapidement mais son premier souci après avoir secoué et replié son sac de couchage était de retrouver Coloc, ce volatile ne manquait jamais une occasion de fausser compagnie à sa mаîtгеssе, et cette nuit à la belle étoile avait dû réveiller ses instincts de trouver une compagne de son espèce pensait Evelyne. Un peu inquiète Evelyne se dirigea vers le bus garé dans un petit sentier bordé de pin à l’arrière de la plage, s’approchant du véhicule elle entendit le son familier des cris de son animal qui, campé sur la galerie de l’estafette, s’égosillait en direction de la plus haute branche d’un pin. Surprise mais rassurée de retrouver son perroquet, Evelyne s’approcha du véhicule pour mieux observer la scène et éclata de rire en apercevant une pauvre tourterelle terrorisée dans son nid perché en haut de l’arbre.
« Mais descend donc, imbécile » dit-elle en souriant,
« tu ne vois pas que cette dame n’est pas sensible aux jolies couleurs de ton plumage ? ».
Déçu, Coloc sauta sur l’épaule de sa mаîtгеssе et lui caressa doucement la joue de son bec de dépit.
« Allez idiot, préparons le petit déjeuner pour nos amis, une longue journée nous attend»
Tout en préparant le café et le nécessaire pour le petit déjeuner avec ce qu’elle trouva dans le bus du prévoyant Riton, Evelyne écoutait d’une oreille distraite la radio qu’elle avait allumée. Il était 6h30, aux infos il était bien sûr question de l’étape cycliste du jour qui conduirait les coureurs de Bastia à Porto-Vecchio, le commentateur se montrait un peu inquiet de la météo car en effet les prévisions annonçaient une canicule exceptionnelle due au sirocco qui s’était levé pendant la nuit, la température atteignait déjà 25° au lever du jour et en plus d’affronter un fort vent de face, les valeureux coureurs devraient supporter une température de 40° dans l’après-midi sous le soleil de plomb de ce 1er juillet. Evelyne n’en eut que plus d’admiration pour ces courageux sportifs qui fort heureusement n’auraient aujourd’hui qu’un parcours relativement plat et rectiligne.
Une fois le petit déjeuner préparé, Evelyne, préférant laissé ses compagnons profiter de leurs derniers instants de sommeil, décida de se mettre en quête de douches, elle avait repéré un camping tout proche et à cet heure matinale, elle pourrait sans doute se faufiler jusqu’aux sanitaires pour profiter des douches. Elle revint aux bus toute fraîche et parfumée une demie heure plus tard et se dit qu’à 7h30 il était maintenant temps d’aller réveiller ses amis car son estomac commençait à gargouiller et elle souhaitait prendre son petit-déjeuner en leur compagnie. Elle fila donc vers la plage et secoua délicatement Riton tout d’abord qui était encore plongé dans un ргоfопԁ sommeil.
Il demanda :
« Mais quelle heure est-il donc ? »
« 7h30, répondit-elle ! Il ne faut pas perdre de temps, la route sera longue pour rejoindre Porto-Vecchio et il faudra avant tout récupérer le véhicule en panne des 2 garçons !»
« Tu as raison » répondit Riton, « réveillons-les »
Pendant que Riton enfilait un short et un tee-shirt, Evelyne se dirigea vers Fred et Claude endormis une dizaine de mètres plus loin sur la plage. Elle essaya de les réveiller de sa douce voix, mais ne constatant aucune réaction, elle secoua doucement l’épaule de Claude. Après quelques secondes, il ouvrit un œil tout en râlant.
« Laisse-moi donc dormir, je suis claqué »
« Claqué ? Mais vous dormez depuis 23h00 hier soir, je pense que vous avez assez dormi… » insista Evelyne
« Tu plaisantes ? » rétorqua-t-il agacé « ça ne fait que 2 heures qu’on dort »
Evelyne les contempla d’un œil complice et un peu епvіеux et sur un ton ironique elle dit :
« Oui je vois la nuit a dû être сhаuԁе… »
« Ce n’est pas du tout ce que tu imagines » lança Fred un peu énervé, qui d’un coup se leva dévoilant sans pudeur son grand corps robuste et musclé.
« Claude, entendant au loin à minuit la musique d’une fête des vacanciers du camping, m’y a entraîné et nous nous y sommes bien amusés jusqu’à 5h du matin » expliqua Fred.
« Mais il est vrai que nous avons beaucoup de choses à faire aujourd’hui et avant tout récupérer notre voiture laissée au bord d’une route sur les hauteurs de Bastia » ajouta-t-il
Délicatement il aida Claude à se relever. Evelyne entraîna Riton par la main vers le bus et dit aux garçons de se dépêcher de s’habiller et de les rejoindre rapidement à l’estafette pour le petit-déjeuner. Après ce repas rapidement expédié Evelyne expliqua à ses trois amis la façon d’accéder aux douches du camping et leur accorda 30 minutes pour revenir propres. Pendant ce temps elle rangea les affaires dans le véhicule et commença à étudier la carte pour étudier la meilleure route pour rejoindre Porto-Vecchio.
A 8h30 les garçons réapparurent revigorés par une bonne douche fraîche. Riton proposa d’embarquer sans plus attendre pour se rendre à Bastia où un de ses amis garagiste, leur serait d’un grand secours pour le dépannage de la voiture des garçons. A 9h00 notre joyeuse équipe arrive au garage de Tony le copain garagiste de Riton, n’ayant pas beaucoup de travail en cette période estival, il accepte d’accompagner nos amis jusqu’au véhicule abandonné en panne dans l’arrière-pays. Après une quinzaine de kilomètre de routes sinueuses au milieu du magnifique maquis corse, ils arrivèrent sur place. Fred et Claude descendirent sans attendre pour constater que leur chère coccinelle n’avait pas subi d’effraction depuis hier après-midi, fort heureusement elle était intacte. Tony n’avait plus qu’à fоuггег ses mains robustes sous le сароt et en deux coups de clé à molette, leur coccinelle repartirait vrombissante et prête à affronter les milliers de kilomètres qui les attendait.
Mais Tony après avoir disparu pendant près de 15 minutes sous le сароt réapparu enfin et se dirigea vers nos amis discutant au bord de la route sous un soleil déjà сhаuԁ.
« Je n’ai pas de bonnes nouvelles ! » leur dit-il
Claude blêmit et lança un regard inquiet vers sa tendre moitié.
« J’ai bien peur que ce soit le joint de сulasse » continua Tony
« Et dans ce cas il est impossible de la réparer dans la journée, je n’ai pas les pièces au garage et la réparation de toutes façons coûtera bien plus cher que le prix de votre voiture » précisa-t-il.
Les yeux de Claude s’embrumèrent, il ne pouvait imaginer se séparer de sa chère coccinelle, voiture d’occasion offert par ses parents quand, a 18 ans, il a obtenu son permis de conduire du premier coup. Ses yeux désespérés se tournèrent vers son tendre ami qui le prit dans ses bras en le réconfortant et en lui assurant que quelque soit le coût des réparations, ils s’arrangeraient pour trouver la somme. Ne voulant pas manquer la suite de leur tour de France, il demandèrent à Riton si il aurait la gentillesse de les accepter dans son bus pour continuer leur voyage. Riton accepta avec рlаіsіг en disant que la place ne manquait pas dans son estafette et que de toutes manières, le voyage serait ainsi plus sympathique. Accord fut donc conclut avec Tony pour qu’il remorque la coccinelle jusqu’au garage et s’occupe des réparations tranquillement pendant que les amis continueraient leur tour de France. Ils viendraient rechercher la voiture fin juillet après la fin de leur périple.
Tous remontèrent dans l’estafette, il déposèrent Tony à son garage à Bastia et comme il était déjà presque 11h il décidèrent de prendre tout de suite la route pour Porto-Vecchio, ils arriveraient ainsi aux environs de 13h à temps pour déjeuner.