Peut-être est-ce rude et sévère pour un samedi soir.
Certains pourront y voir un effet de propagande.
Pour ma part, je ne connais aucune chanson qui soit "neutre", serait-ce une chanson de variété. Oui, "tout est politique" (pour reprendre une affirmation des années 1970 et 1980).
Ceux et celles qui estiment qu'une introduction dépassant quatre lignes offense leur tranquillité peuvent s'en abstenir (qu'exprimer d'autre ?) : je ne puis raccourcir.
Fouillant dans ma bibliothèque, je retrouve un livre. Et voici, donc.
La chanson « L’Internationale » résulte des efforts de deux hommes.
Eugène Pottier, admirateur de Pierre-Jean de Béranger (chansonnier condamné à la prison pour ses chansons d’un épicurisme voltairien), participe à la révolution de 1848, membre élu de La Commune de Paris dans le deuxième Arrondissement en 1871, échappe au massacre de la semaine sanglante organisé par le gouvernement républicain de Thiers (25 mille morts), émigre aux États-Unis et devient un des fondateurs du Parti socialiste américain, revient en France à la faveur de l’amnistie des Communards en 1880, voit publiés quelques mois avant sa mort le 6 Novembre 1887 ses « Chants révolutionnaires » : Eugène Pottier invente les paroles de « L’Internationale » dès Juin 1871, et les remanie, notamment en 1875-1876.
Pierre De Geyter, ouvrier dès l’âge de sept ans à raison de neuf heures par jour et pour dix centimes quotidiens, autodidacte apprenant à lire et à jouer puis à composer, fait la musique de « L’Internationale », adhérent du Parti Ouvrier Français (celui de Jules Guesde et de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx) qui fait éditer sa partition avec le texte à Lille en 1888, il est porté sur les listes noires du patronat lui interdisant tout travail dans sa région natale, il part à Paris en 1900 ; membre du Parti communiste lors de la scission du Parti socialiste au congrès de Tours en 1920, il dirige l’exécution orchestrale et les chœurs de « L’Internationale » lors du quatrième congrès du PCF en 1925 et lors du sixième congrès de l’Internationale Communiste en 1928 à Moscou .
« L’Internationale » a connu une véritable diffusion en France grâce au congrès tentant l'unification des organisations socialistes françaises, en 1899 ; les congrès internationaux socialistes de Paris, en 1900, puis de Copenhague, en 1910, établissent « L’Internationale » comme LE chant du socialisme ; enfin la République Socialiste Soviétique de Russie, puis l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques en font leur hymne national, jusqu’en 1947.
Ces renseignements ont été compilés à partir du livre, passionnant et bénéficiant d’une riche iconographie, « L’Internationale : 1888-1988 », de Jacques Estager et Georges Bossi, publié aux éditions Messidor - Editions Sociales (numéro identifiant du livre : 2-209-060608-0)
Contrairement à ce qu'orthographie le texte, il est question de "faim" et non de "fin" !
Et, je vois que "L'Internationale" a été chantée lors des obsèques du dessinateur Charb, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo".
Charb donnait des dessins au journal du PCF, "L'Humanité", et le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a affirmé, lors de la présentation de ses vœux, que Charb représentait la part libertaire de son engagement communiste et humaniste, ajoutant, très ému, "Ce soir, nous les communistes, nous pleurons parmi eux [les membres assassinés de Charlie Hebdo] des amis proches, des camarades de combat, qui donnaient souvent par leurs dessins bien plus de force que n'en sont capables nos discours".
Le groupe des élus du PCF a déposé au Sénat un "amendement Charb" à la loi sur la presse adoptée en Décembre, amendement destiné à faciliter le financement des journaux par la souscription.
deouceherence
Membre élite
24 janvier 2015 à 23:02
Le monde ne changeras pas il çera toujours aussi fou,,,,,,
sergeclimax69007
Membre suprême
24 janvier 2015 à 23:08
Pour la péninsule Ibérique.
En espagnol.
En portugais.
Bien que je n'adhère pas à l'actuelle action du Parti communiste portugais.
En catalan.
En basque.
Au moins, ce film ne trahit pas l'histoire en effaçant, à la manière des révisionnistes staliniens, les protagonistes de l'histoire. Et, Trotsky, dirigeant de l'Armée Rouge, fait partie de l'histoire et soviétique et mondiale.
sergeclimax69007
Membre suprême
24 janvier 2015 à 23:41
Le monde ne changeras pas il çera toujours aussi fou,,,,,,
"L'Internationale" parie sur la capacité commune d'un changement des conditions de vie faites à la majorité de l'humanité, sur la base de la propriété privée des moyens de production. Elle parie aussi sur la fin de l'asservissement tant à des idoles politique qu'à des dieux : la fin de l'adoration qui avilit les hommes et les femmes. Elle parie sur la capacité de sursaut de ceux qui n'ont rien à "perdre que leur chaînes" (pour citer Marx).
C'est un chant "optimiste", oui, car elle refuse toute nature humaine consubstantielle à la condition humaine et elle envisage une histoire conduite non par un personnel politique préposé à l’État mais par les producteurs de toutes richesses sur cette planète.
Ce n'est donc pas un hymne religieux ; "L'Internationale" ne promet pas une assomption à un Paradis terrestre ; ses paroles, datées du dix-neuvième siècle, fortement influencées par la révolution française ("Nous étions rien, soyons tout") envisagent et le mouvement et ses moyens et ses effets possibles.
Il n'y a pas de chemin historique tout tracé : l'histoire humaine est faite de contingences successives, et rien n'est moins sûr que le but visé. Pour autant doit-on s'accommoder de ce qui est ?
sergeclimax69007
Membre suprême
25 janvier 2015 à 00:05
A propos d'histoire, je note ces mots du poète russe Serguei Alexandrovitch Essénine (1895-1925), qui s'est suicidé, par pendaison, en 1925 : "Il me semble très pénible de voir que l'histoire vit maintenant une époque si lourde de destruction de la personnalité vivante. C'est que le socialisme qui vient n'est pas du tout celui auquel je pensais, mais un socialisme bien déterminé, rigide et voulu, une sorte d'île de Sainte-Hélène sans gloire et sans rêve."
Léon Trotski - auteur de "Littérature et révolution" -, Trotski qui était tout occupé au combat de l'opposition de gauche contre la bureaucratie stalinienne affermissant son emprise de jour en jour, et qui savait plus que d'autres combien la Révolution d'Octobre - sоumіsе par les puissances impérialistes à un encerclement général, d'abord par des actions militaires, ensuite par les pressions du marché économique mondial, et n'ayant pas reçu de secours d'une révolution victorieuse en Allemagne, ou en Italie, ou en Tchécoslovaquie, ou en Hongrie - était menacée de dégénérescence , a écrit dans la "Pravda", à propos de ce suicide : " Essénine était un être intérieur, tendre, lyrique - La Révolution, elle, est publique, épique, pleine de désastres (...) Le ressort créateur d'Essénine, en se déroulant, s'est heurté aux angles durs de l'époque et s'est brisé."
sergeclimax69007
Membre suprême
25 janvier 2015 à 14:32
Et pour la Chine.
Made_in_FranceModérateur
25 janvier 2015 à 16:25
AH AH AH ... et dire que l'on chante ça avec une amie en cours ou dans les couloirs ... Arlette serait fier de nous !
PS : Non, je ne suis pas communiste
sergeclimax69007
Membre suprême
25 janvier 2015 à 17:04
Bah, tu peux bien chanter "L'Internationale" sans adhérer à son contenu, comme moi je peux chanter "La Marseillaise", en faisant abstraction de "Qu'un sang impur abreuve nos sillons !" (après tout, cette chanson a été l'hymne des combattants de la république contre les monarchies coalisées).
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