Sujet de discussion : "La Ballade des pendus" - de François Villon
sergeclimax69007
Membre suprême
6 juin 2014 à 21:08
François Villon est, juste avant la Renaissance, à la fin du Moyen-Âge, alors que les "arts" (la rhétorique, la grammaire, ..) étaient encore des auxiliaires de la théologie et alors que les ordres religieux se disputaient le marché de la foi dans un Paris sortant de la guerre de Cent Ans, le poète lyrique d'expression française qui émeut alors que les autres ennuient.
Sauvé de l'oubli par l'édition magistrale de Clément Marot, ce mauvais garçon, pétri de l'art du raisonnement selon les règles du syllogisme, et qui - s'il avait su dompter sa fougue et ses penchants - aurait pu guigner une prébende ecclésiastique, aura fréquenté les "enfants perdus" de la basoche (la jeunesse étudiante de Paris) et les maraudeurs de grand chemin, qui lui auront légué tant le jargon de leurs (inavouables) professions que le sens du tragique de leur existence.
De là une œuvre singulière qui aura attiré les commentaires et les éclaircissements de Marcel Schwob (quant au jargon), de Pierre Champion (replaçant Villon dans son milieu), d'Auguste Longnon, de Jean Favier (retraçant la biographie reconstituée de Villon), de Pierre Guiraud (discernant des niveaux de lectures cryptés dans les vers de F. Villon) ; mais aussi des éditeurs tentant de rendre accessible le texte par-delà les siècles (cinq).
Parmi les ballades dont il a entrelardé le "Testament", cette poignante "Ballade des pendus" chante la fraternité des exécutés, en un temps où la peine capitale était des plus courantes.
C'est un appel à la compassion qui, pour ma part, m'a toujours ému.
"Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez contre nous les cœurs endurcis Car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous merci..."
DIT PAR LA VOIX DE LÉO FERRÉ.
draconis
Légende urbaine
6 juin 2014 à 21:15
Mon petit Climax, histoire de nous changer les idées, on aimerait te voir changer de thème, te voir célébrer la vie, plutôt que la mort, c'est bon pour ton moral et le nôtre. Il y a tant à dire sur le printemps, le nouveau jour qui se lève, la naissance, le renouveau, tu possèdes un talent certain pour l'écriture, alors sois positif Et puis le mouvement gothique c'est devenu has been.
sergeclimax69007
Membre suprême
6 juin 2014 à 21:44
Ce n'est que le début de l'exploration de la littérature française, dans ses différentes facettes.
Dix siècles de littératures, au pluriel, vont nous livrer bien d'autres tons, d'autres saisons.
Ceci dit, la littérature est faite d'émotions et de sentiments ; et cette ballade poignante de François Villon aura droit de cité ici.
Parce qu'elle émeut.
Quelle facilité as-tu, Ikki, pour te parer du "nous" collectif, alors que tu n'exprimes que ton opinion, qui peut rejoindre celle d'autres personnes, intolérantes à ce qui rappelle le caractère passager des choses et des êtres !
En littérature, dans la bonne, les histoires d'amour finissent mal (ex. "Le Rouge et le noir" de Stendhal ; ex. "Madame de Clèves" ; ex. "Les lettres portugaises").
Les plus grands poètes lyriques ont à la fois chanté la superbe et la décadence de l'être aimé (cf. Ronsard).
Les plus grands écrivains fantastiques, comme Nerval ou Poe, ont mêlé l'inquiétude et les états-limites (approchant la psychose) à leurs écrits les plus percutants.
Et même dans "La Chanson de Roland", la chanson de geste première en langue française, il n'est question que de guerres, de tueries, de massacres, de morts : ça se termine très mal pour Roland.
Voilà : la littérature,
dans son essence,
n'est pas faite
pour rassurer.
Ce n'est pas un jeu sur playstation, où l'on peut dégommer les héros, orques, trolls, cyborgs, sans se dire que tout cela a affaire avec la mort ; et, après tout, combien de morts aujourd'hui as-tu faits, ô Ikki, amateur de jeux virtuels ?
Voilà, mon petit Ikki.
cactus_sss
Membre suprême
8 juin 2014 à 15:23
Je suis bien d'accord avec Ikki : concernant ton talent pour l'écriture qui n'est plus à démontrer mais aussi pour ce qui est de ta propension à aimer te vautrer dans la littérature morbide...
Profite un peu du soleil, des oiseaux qui chantent, regarde les gens sourire et essaie d'oublier un peu que la vie n'est pas un long fleuve tranquille ! ...
akio
Membre élite
8 juin 2014 à 19:20
Je suis bien d'accord avec Ikki : concernant ton talent pour l'écriture qui n'est plus à démontrer mais aussi pour ce qui est de ta propension à aimer te vautrer dans la littérature morbide...
Profite un peu du soleil, des oiseaux qui chantent, regarde les gens sourire et essaie d'oublier un peu que la vie n'est pas un long fleuve tranquille ! ...
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sergeclimax69007
Membre suprême
17 juin 2014 à 00:41
Vous voulez faire de la littérature un anesthésique, je persiste dans le fait qu'essentiellement la littérature n'a aucune mission pacificatrice des humeurs.
Mais comme vous aurez pu le constater par les sujets qui suivent, ce que vous qualifiez de morbide n'est pas ma seule atmosphère.
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