La Petite Chaperonne Rouge & le Loup
Nota Bene : "Âmes sensibles, s'abstenir", oh oui !
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Publié sur Ton Gay en Littérature et Poésie.
Il était une fois une forêt parcourue de deux chemins reconnaissables. Le chemin des aiguillettes et le chemin des épinettes.
Et quelques sentes traversières venaient, en outre, frôler l'ondoiement imperceptible des feuillages, mêlés aux épaisseurs mielleuses du soleil en voyage, et aux tombées de la nuit guillotinant ici et là quelques espoirs mal placés.
Sur le chemin des aiguillettes tremblaient les aigrettes des fakirs ԁéЬutапts : ils se retenaient de gémir, ils fermaient les yeux et assouplissaient les points de contact de leur appui, nulle hâte mais aussi nul retardement, de telle manière que les pointes ne travaillent pas la chair tendre des pieds.
Sur le chemin des épinettes se risquaient les athlètes confirmés : ils passaient avec dédain ; leur rage hautaine les faisaient flotter au-dessus des pointes successives où le tranchant blesse la douceur et enjoint le cri ; eux restaient impassibles et sans atteintes, comme l'adepte du "développement personnel", dans le célébrissime "lâcher prise".
Il bourgeonnait une Petite Chaperonne Rouge, un garçon manqué, surnommé par les gens ayant quelque discernement Le Chaperon Rouge, mais l'on sait la singulière rareté de la clairvoyance.. Cette créature, venue au monde du fait de l'opération du Saint Esprit parmi les entrailles de sa vіегgе de mère, traînait son tablier et ses grôles, soupirait à fendre les fûts des arbres les plus aérodynamiques, promenait son ԁоіgt dans son nez et dans son ennui, et cueillait quelques fruits des bois pour agrémenter le brouet tambouillé par une mère dépressive, retirée afin d'oublier les infidélités de l'époux voltigeur comme un perroquet polygame.
La Petite Chaperonne Rouge avait pour fidèle compagnie, jour après jour, une distillerie de platitudes préparant jusqu'à l'infini moins une verste son devenir.
Entretemps trottait un loup commun, qu'elle fréquentait des yeux : elle observait ses égorgements d'écureuils distraits, de tourterelles niaises comme l'immaculée conception, et de poissons confondant les ruisseaux avec des maisons de repos.
Ne voilà-t-il donc pas qu'il y a eu un jour, je vous demande pourquoi un jour - et non plusieurs, une flopée, une tгіроtée de jours ? - où le loup sinuait parmi les branches et les buissons : sa dent souffrait d'une inactivité perforant sa mâchoire.
Distrayant sa faim, le chasseur vient à causer avec La Chaperonne Rouge et il entrave de son ouïe veloutée que la jeune fille va porter un petit pot de beurre ranci à l'aïeule résidant à l'endroit où convегgеnt aiguillettes et épinettes.
En apprenti fakir, La Petite Chaperonne Rouge emprunte le chemin des aiguillettes, et elle porte sa coiffure haute comme une cathédrale de végétaux, histoire de démontrer aux arbres qui commande dans cet embrouillamini forestier.
Le loup prend le chemin des épinettes : faire affleurer le sang, éprouver la résistance des tissus, mordre d'une seule coupure, exercer jusqu'à l'hémorragie gloussante du moineau une pression contondante, il pratiquait sur d'autres, et il en connaissait les secrets. Et même, il était passé spécialiste en acupuncture, option solution radicale.
Et que je te chemine, et que je te cavale : le parfum du lilas sauvage ou de la rose entendait capter leurs attentions, mais le loup avait un flair très partial, et la Petite Chaperonne Rouge était une gourdasse ignorant le bouquet de fleurs et la suavité du bouquet.
Le loup, comme de juste, arrive le premier. Sur la porte de la grand-mère, qui cultivait le langage du dix-septième siècle et le style oraculaire, était appendu un panonceau déclarant "Tire la chevillette, et le bobinette cherra". Bizarre, étrange, farfelu, enfin... Le loup tire ce qui ressemble à une cheville de bois traversant deux cerceaux étroits rivés l'un sur la porte et l'autre sur le chamЬгапlе.
Le loup n'était pas tombé de la dernière pluie : il ne fallait pas le confondre avec un champignon lymphatique. Il te fait un grand saut combattant, et t'achève la grand-mère, qui inonde de jоuіssапсе une dernière fois sa petite culotte de satin froissée, car, oui enfin un mâle s'intéressait à elle pour ses appâts.
Le loup suspend l'individu femelle par les pieds et étripe, évide, égorge et récolte le sang à l'intérieur d'une bassine en bois ; il trie les entrailles, te les émince en lamelles, te les mélange à une persillade de sa façon, et il te met ça à cuire ; il nettoie le boyau culier et pré-culier et acheminant en zigzags, et évacue à la fosse septique tous les déchets ; il met à fumer au-dessus du feu de la cheminée la carcasse principale bien nettoyée de tout organe.
L'oisive petite oie, dénommée la Petite Chaperonne Rouge traînait, lambinait, accrochait des morceaux de rêves fœtaux aux buissons épineux, mangeait quelques airelles, se curait le nez et pétrissait en boules de pétanque la matière, si bien qu'à chaque espace s'élargissant sur le tapis des épinettes elle faisait une partie de boules contre elle-même. Sont-ils passés un jour ou des jours et quelques vapeurs de nuit ? La clarté aléatoire tгоuant le couvert des arbres ne permet pas d'affirmation d'ordre temporel.
La voici arrivée. Elle lance un "hou hou". Silence. Par la porte entrebâillée, elle entre. Et le loup, somnolent, de se raidir avant de commettre le grand saut du chasseur. Mais il est interrompu dans son intention. La Petite Chaperonne Rouge, qui avait de l'appétit, lâche un sourire enchanteur, en humant les bons fricots, et en distinguant le gros gigot suspendu dans le corps de la cheminée. Déparlant par l'effet instigateur des hormones corporelles, elle claironne à l'adresse du mâle prédateur : "Ah ! Te voilà toi, le velu joli sportif !" Le loup a regardé de droite et de gauche, et ailleurs : ça lui était de toute évidence adressé.
De plus à force d'être secouée, la crème rancie était devenue une bonne crème fouettée ayant du tempérament, de quoi tгоuег les narines les plus réfractaires aux senteurs.
Le temps de disposer quelques provisions fraîchement préparées, tandis que la Petite Chaperonne Rouge en son for intérieur se persuadait d'une sentence lapidaire "Une ancêtre de perdue, dix de reconnues !", la table est mise : le sang caillé gardé au frais est une boisson très désaltérante en apéritif ; la crème accompagnait avec bonheur et à-propos des plats dignes des trois étoiles du guide Michelin ; les deux bâfreurs se reconnaissaient dans leur appétit commun et sans tralala.
Le claquement des dents, les grognements en tirant sur des bouts de tendons, la brillance des yeux, les dégoulinures au coin des lèvres, les rôts des réplétions se répétant, les rires d'appréciation tenaient lieu de conversation, et celle-ci, de fait, était fournie et affable.
Voilà : un festin de roi et de reine & comment la Petite Chaperonne Rouge a perdu sa vігgіпіté, ce même jour, ne vous concerne en aucune manière, espèce de jouisseurs par procuration, na !
Climax007,
le Mercredi 31 Janvier
Deux Mille Dix-Huit,
à Lyon, Troisième arrondissement,
en France, méridien de Greenwich,
dans la Monde Commun de Référence !
!
