LA SOURCE
Coulant tout doucement sur son lit de gravier,
Elle poursuit son chant, grave, doux, monotone,
Au travers des roseaux. Que j'aime le sentier .
Qui conduit à la Source, en ces beaux jours d'automne !
Qu'il fait bon sur son frais rivage,
Défiant l'ardeur du soleil,
Rêver sous le riant feuillage...
Que j'aime ce demi-sommeil,
Où vous bourdonnent dans la tête
Les mille bruits de la forêt.
Douce musique du poète
Qui chasse au loin l'amer regret !
C'est la feuille qui tombe ;
C'est l'oiseau qui s'enfuit,
Passant comme une trombe
Devant l'oeil ébloui ;
C'est la source charmante
Qui, de son creux sillon,
Suivant la douce pente,
Se perd sous le buisson
Où brille la pervenche ;
Les légers écureuils
Sautent de branche en branche
Effrayant les bouvreuils;
C'est la verte ramure,
Qui, ployant sous le vent,
Berce la chevelure
Qu'elle doit au printemps;
C'est la meute lointaine,
Le son perçant des cors ;
L'écho de la fontaine
Aux merveilleux accords.
0 source harmonieuse, ô rivage charmant !
Ta chanson monte au coeur et parfume ta flamme...
Que n'ai-je dans ces lieux l'amour pure d'une âme;
Qu'il serait doux l'écho du Ьаіsег enivrant !...
Là, tout vous dit : Aimez!... Une onde fraîche et pure
De son flot argenté vous fait un doux miroir.
Puis, l'ombrage discret, que percent chaque soir
Les rayons du couchant, rougissant la ramure I...
Mais l'hiver a passé, et son souffle glaçant
Arrête dans son cours la source harmonieuse...
Plus rien... tout est désert... et la forêt frileuse
Fait entendre une plainte à chaque effort du vent!...
Bonne fin d'après-midi à tous