La mort est représentée dans un geste énergique et terminal,
censé décider de ma présence dite réelle,
par un grand mouvement qui couperait mon fil conducteur
et ma présence sur la terre avec mes jambes entières.
Ma vie comportant force absences à moi-même,
ce qui me tгоuе une substance paraît-il continue, rêves et vie diurne
contribuant à cette solidité constitutive, la mort ne me paraît pas
un personnage bien digne de foi, avec ses prétentions d'effacements
absolus : je contribue, chaque jour, à mon inanité !
La mort serait - aussi - cet événement donnant lieu,
chez les mourants, à des mots d'esprit sur la condition humaine
et la vie particulière de l'individu lambda, tellement lambda
ressemblant à des milliers d'autres, qu'à tenter de me cerner
au miroir de mes apparences, je me confonds par avance
avec mes contemporains fantomatiques, humains, très humains.
Oui, une mort abolissant du néant et donnant lieu à des ricanements
par des jeux de mots, me fait me gratter de perplexité : mais qui va-t-elle
atteindre en moi, quel vagabond si peu s'appartenant, la vrai vie étant
un ailleurs tant éloigné qu'il est pure utopie ; en somme,
quand je me déclare vivant et tangible et phénoménal,
je me targue, oh bien indûment, de qualités périssables,
à peine constituées et à peine effectives.
Beaucoup s'inquiètent de la vie après la mort, de leur âme,
de leur survie hors le corps et hors la matérialité physique,
comme s'il était acquis que nous vivions avant de mourir :
ôtons-nous donc cette idée commune, grotesque et grossière ;
à peine vivotons-nous à fleur d'impressions, à fleur de conscience,
à fleur de persistance épisodique.
Il serait temps, Mesdames, Messieurs, de nous inquiéter
d'une (éventuelle) vie avant la mort :
ça presse davantage que les élucubrations
métaphysiques étayées, pour paraître sensées,
de quelques raisonnements fondés sur des sentiments.
Et si nous vivions avant de calancher, de lever les broches,
de dire adieu Berthe, de défuпcter, de passer ailleurs ?
Clicli-un-max-007.