Cela n'excuse pas la bêtise et les indélicatesses à ton égard, mais imagine combien ce que tu vis peut paraître étrange à beaucoup ; et je dois t'avouer que mon vécu peut me rendre attentif à ne pas te blesser, mais que par ailleurs il m'est difficile d'imaginer que l'on veuille changer, comme toi, par une opération, de sехe.
Tu es là aux frontières ; et tu touches à l'identité de genre, et aussi au choix d'objet amoureux ; donc sur ta personne vont se focaliser bien des appréhensions et des fапtаsmеs te transformant en "monstre".
Tout ceci, pour te décortiquer ces choses que tu connais par cœur, et non pour excuser les balourds et les lourde-dingues, mais simplement pour te renvoyer combien ce que tu vis interroge, en fait, l'identité sехuеllе de chacun ; et combien un changement de sехe, chirurgical, peut apparaître brutal.
----- Je le répète : cela n'excuse pas les discriminations ; cependant l'on peut en comprendre les mécanismes et les pourquoi, ce qui ne te console pas.
---- Oui, tu suscites un étonnement, un malaise, une stupéfaction ; et souvent, dans notre cruauté humaine, ce que nous ne comprenons pas, nous le transformons en dédain, moquerie, lâchage, évitement, curiosité puis rejet, approche puis ignorance superbe, bref toutes les trahisons que tu as pu subir.
Doit-on s'accommoder de l'incompréhension des autres ? Oui, si elle ne se double pas d'un rejet ; je suis atteint d'une dyskinésie, et si tu me permets, il est passé le temps où l'on se foutait de moi sans que je réplique ; je pense que, pour toi, devant l'imbécillité (c'est-à-dire non pas l'incompréhension que je t'avoue honnêtement, mais l'ostracisme de ceux qui ont peur d'une différence et ne se l'avouent pas), tu dois avoir du répondant.
Et mordre à bon escient : pas l'homme qui ne comprend pas, comme moi ; mais l'imbécile fier de ne pas comprendre, et qui te balance ça en travers de la figure. Fais la distinction entre les deux !