Quatrième de couverture :
Dans la France d'après les attentats de 2015, Mounir, parisien hоmоsехuеl de 40 ans d'origine marocaine, vit dans une situation précaire. Il vient d'emménager rue de Turenne. Madame Marty, une vieille dame de 80, survit difficilement au-dessus de chez lui dans un minusсule studio.
L'amitié entre ces deux exclus de la République s'intensifie jusqu'au jour où elle vire au cauchemar. Les affrontements et les déchirements s'enchaînent. Excédée, madame Marty appelle la police.
Antoine, le commissaire qui interroge Mounir, le soupçonne de liens avec les djihadistes. Mais Antoine existe-il vraiment ? Où passe la frontière entre le vrai et l'imaginaire ?
Un roman de rupture.
Editions : Seuil - ISBN : 978 2 02 142 183 5 - Broché : 267 pages - parution mars 2019 -
Mon avis : ChezVolodia
Tout commence par une banale histoire de nuisances sonores occasionnées par sa voisine du dessus, une vieille dame de 80ans, recluse dans son studio de 14m2. Dans un premier temps, il essaye de s'entendre avec Mme Marty sa bruyante voisine. Il lui explique les conséquences néfastes que ce bruit à sur sa santé. Madame Marty tout en s’excusant et en promettant de faire attention, lui fait comprendre que ce sont les bruits de la vie, de sa vie qu’il entend et qu’elle ne peut s’empêcher de vivre.
Malheureusement, au fil du temps, ces bruits récurrents finissent par faire perdre patience et la raison à Mounir. Il en vient à proférer des propos d’une grande violence envers Madame Marty qui prend peur et fait intervenir la police. Les relations avec les autres habitants de l’immeuble ne sont guère meilleures. Ceux-ci souhaitant le voir expulser car fauteur de troubles, et faisant tache dans cet immeuble bourgeois ou il est le seul Marocain. Il leur répond par message écrit , d’une grande ambiguité, affiché dans le hall d’entrée.
L’auteur situe cette histoire dans l’année 2015, après l’attentat de Charlie Hebdo. Le climat de défiance engendré a durement été ressenti par Mounir, en tant que musulman. Les hurlements adressés à Mme Marty, n’ont pour lui aucune valeur de menaces, ce sont simplement les mots d’une personne excédée par le manque de sommeil, et moyen d’expression ordinaire utilisé dans son pays d ’origine. Ils ne portent pas à conséquence.
A l‘arrivée de la police, après une perquisition et un interrogatoire en règle, ou il est considéré comme un éventuel terroriste, une éventuelle menace pour la sûreté de l’Etat, il est relâché faute de preuves. Cette ехрéгіепсе lui fait prendre conscience que malgré ses études supérieures, son doctorat, son aisance financière, il reste pour la majorité de la population autochtone, l’étranger, celui qu’on peut humilier, mépriser, soupçonner, qui doit sans arrêt s’excuser pour tout et rien, qui ne peut se rebeller sous peine d’offusquer et/ou de passer pour mal éduqué. Lui l’émigré, qui ne peut et n’a le droit de ne rien dire. surtout s’il vient d’un pays considéré comme inférieur économiquement. Le dernier à compter à côté d’une native du pays dans lequel il a émigré.
Alors pour se retrouver, il part en banlieue, La Défense, puis Nanterre et, la Cité Picasso, là ou il est susceptible de rencontrer des émigrés, des gens comme lui, qui ont une vie, un franc parler, des sentiments qu’ils peuvent exprimer naturellement, sans risque d’être jugés. Des personnes qu’il a lui-même regardé sans les voir.
Lors de ses pérégrinations il rencontre Antoine, Policier, Marié, 3 enfants, qui n’assume pas son hоmоsехualité, avec qui il aura une liaison sur 3 mois avant que celui- ci ne retourne à son épouse. Fiction ou réalité ? l’auteur nous laisse libre de l’imaginer.
J’ai beaucoup aimé ce livre. Il souligne les frustrations et le sans-gêne pour ceux qui en sont victimes et d’incompréhension voire de je m’enfoutisme par ceux qui en sont la cause, et finissent par dégénérer en violences verbales et/ou physiques et se terminer par une haine réciproque.
II reflète bien, également, l’ambiance, le climat de suspicion envers les personnes émigrées, mais pas seulement musulmanes, certaines situations reflètent les conditions de vie et d’acceptation de celles-ci par les étrangers et souvent imposées et/ou sous entendues par les autochtones.