Connexion :

"Le cas Anton" - de Patrick Dubost - Littérature & poésie

Sujet de discussion : "Le cas Anton" - de Patrick Dubost
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 6 avril 2015 à 13:44
    Anton est un enfant garçon qui a eu besoin d'être interné - ou a t-on eu besoin de l'interner ?
    Anton développe des formules, pour littéralement comprendre le monde - le saisir.
    Anton eût-il vécu pendant l'Antiquité, qu'il eût été la voix des dieux.

    --------------------------------------

    Extrait du carnet d'Anton :




    D'aucuns disent :

    "Le chaos est une forêt
    et les fenêtres des feuilles d'érable...
    le passant donne l'image du temps"

    Je dis :

    le passant
    est aussi immobile que la feuille
    vu d'un regard après l'érable.




    Extrait du carnet d'Anton :



    Vu d'un regard après l'érable
    le temps est dans l'enclos des branches
    et les montres vont en tous sens.

    Les branches sont des directions.

    Les directions sont immobiles.



    Extrait du carnet d'Anton :



    Quand une fenêtre est ouverte
    il faut aimer le vent.

    Si le vent porte vers une seconde fenêtre
    il faut cueillir ce mot
    et le franchir.

    Les mots sont toujours
    des fenêtres minusсules.




    Extrait de "Le cas Anton",
    par Patrick Dubost,
    aux éditions mem / Arte-Facts,
    1984 ;
    édition à un tirage de 500 exemplaires ordinaires,
    sur un très beau papier à la cuve !



    Patrick Dubost a développé une écriture de qualité, et son oeuvre a été réunie dans des volumes anthologiques, disponibles chez les libraires.
  • greenary2 Membre élite
    greenary2
    • 6 avril 2015 à 14:45
    Superbe cette description du monde comme lue entre les lignes:)

    "le passant donne l'image du temps" par le mouvement furtif du présent qui disparaît...Le temps se visualise par les séquences de mouvement.

    Cela me fait un peu penser à une phrase du texte de Brel dans "les Marquises";
    "...Et par manque de brise, le temps s'immobilise"

    Sans brise, les feuilles des arbres s'immobilisent et donc ce manque de mouvement semble figer le temps comme s'il ne passait pas.

  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 6 avril 2015 à 17:39
    Oui, ce qui est très singulier, et rare, et - pourquoi ne pas l'écrire - émouvant, et ce qui nous ouvre à une autre vision du temps et de l'espace -, est l'union plus que dialectique, la confusion des contraires : le temps est immobile ; la distance est la proximité ; l'espace est la surface d'une feuille bidimensionnelle ; le mot est la chair même de la chose comprise - saisie - par ce mot.

    Il est aussi très émouvant que d'Anton, Patrick Dubost ne nous donne aucun diagnostic : il ne s'agit pas là du compte-rendu d'une folie, mais bien, au plus près, du récit partiel d'une vie, qui n'est pas souffrante.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 6 avril 2015 à 17:41
    La dernière phrase m'a beaucoup touché : "Les mots sont toujours des fenêtres minusсules".

    Le type même de texte que je ne désire pas gloser !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 6 avril 2015 à 18:03
    anton.jpg
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 6 avril 2015 à 21:56
    Extrait du cahier d'Anton

    Le troisième et dernier élément
    après le chaos et les heures
    est le support.

    La fenêtre n'est que le cadre sans lequel
    cette théorie serait invertébrée.

    Ce qu'elle cache ou ce qu'elle représente
    est le support.



    Extrait du cahier d'Anton

    Notre support commun ne peut être for-
    mulé que par le chaos qui nous en donne une
    image structurelle et par le temps qui permet,
    lorsqu'il le veut bien, cette image.

    Le chaos est un schéma, le temps est un
    guide distant d'aveugle, le support est ce
    dernier recours auquel on ne pourra jamais
    recourir.





    (pages 43 & 44 de "Le cas Anton")

Pas encore inscrit(e) ? Créez votre profil en quelques clics seulement et profitez !