Quatrième de couverture :
Orphelin depuis l'âge de 6 ans, Ramchand est un jeune vепԁеuг de sari dévoué qui passe ses journées à rouler et dérouler des kilomètres d'étoffes à l'intention des femmes aisées d'Amritsar.
Eprouvant en secret une immense honte face à l'éducation de ces riches clientes, il fait un jour l'acquisition de deux grammaires anglaises, et se prend à rêver d'une vie meilleure. Ainsi armé, il aspire à changer l'ordre établi. Mais ces efforts, en lui ouvrant de nouveaux horizons vont le confronter à l'injustice et à la cruauté du monde.
Editions : J'ai Lu - ISBN : 978 2 290 08708 4 - Poche 286 pages -
Mon avis :
L'univers de Ramchand tourne autour du magasin de saris ou il est vепԁеuг depuis de nombreuses années et sa chambre sordide située dans un quartier populaire et populeux d'Amristar.
Bien que les vicissitudes de la vie ne l'aient pas épargné orphelin à 6 ans, recueilli par son oncle plus soucieux de s'accaparer son héritage que de son éducation, puis chassé à 15 ans à la mort de celui-ci, par son épouse qui ne pouvait continuer à assumer sa charge. Conscient de la chance d'avoir trouvé du travail, il se satisfait de la routine qui s'est peu à peu installée, même si une certaine lassitude le gagne.
Sa seule distraction est d'aller au cinéma, le dimanche avec ses copains qui sont également des "sari-walla" dans le même magasin. Un jour son employeur lui demande d'aller au domicile d'une des familles les plus riches de la ville pour présenter des saris devant constituer le trousseau de mariage de la fille ainée en passe de se marier prochainement. L'occasion pour lui de sortir enfin du quotidien, de s'évader et de "рéпétгег" dans le monde des privilégiés indiens. Stupéfait, il y découvre le paradis, la beauté des choses.
Ce sera un déclic et il se prendra à rêver d'une vie meilleure. Afin de s'élever socialement et conscient que l'instruction en est la base (lui qui sait à peine lire), il acquiert une vieille grammaire anglaise, afin de connaître des mots et leur sens pour accéder plus facilement à la lecture. Il étudiera consencieusement et laborieusement, le soir après son travail, pour faire honneur à son père qui souhaitait l'inscrire dans une école anglophone.
Quelque temps plus tard Ramchand est dépêché par son employeur, au domicile d'un de ses collègues absent depuis plusieurs jours sans explication. Il y découvrira un univers encore plus sordide que le sien, où règne la misère et la crasse, la violence et l'injustice..
Cette visite le marquera durablement au point qu'il finira dans un accès de folie par s'en prendre à son employeur et ses collègues de travail. Mais comme tout à une fin et parce qu'il a peur de perdre le peu de sécurité matérielle qu'il a, il finira par faire amende honorable, allant jusqu'à s'humilier et tomber à genoux devant son employeur se faire pardonner. Il sauverera ainsi son emploi et retrouvera l'estime de tous les sari-walla.
J'ai adoré ce livre qui dépeint fort bien les clivages sociaux de la société indienne moderne. Le grouillement des villes indiennes, le fossé qui sépare les riches commerçants d'une part et les intellectuels non fortunés de l'autre. Rina jeune fille moderne va épouser un militaire et non un riche marchand. Elle se veut être une passerelle entre ces deux mondes.
Car en Inde, quelle que soit la ville, être pauvre est considéré comme une tare. La position sociale d'une famille est sujet à bien des rivalités et la préparation d'un mariage une façon d'étaler ses richesses, et l'inévitable gaspillage des mets qui résulte d'un buffet sont une véritable insulte à la pauvreté de la majorité.
Et puis, il faut bien le dire, la fierté des humbles d'être invités à des festivités organisées par des notables. L'émouvante admiration des gens du peuple pour tout ce qu'il trouve beau : une carte de visite imitation en papier glacé, des maisons avec des véritables portes et fenêtres, des parcs, des jardins, des piscines avec de l'eau bleu comme sur des catalogues, le tout avec vu dégagée sans détritus et foule grouillante, vulgaire et criarde. Toute ces obséquiosités dont les pauvres font preuve avec les riches les conforte dans l'idée qu'ils leur sont supérieurs.