Ritha : bon, des vers libres, en ce sens qu'il y a du trois pieds, du quatre pieds, du cinq pieds ; cela n'est pas mauvais.
Cependant, comme le recommandait, étonnamment, à la fois Lovecraft (le pauvre aura réécrit bien des contes d'épouvante d'autres personnes) et Flaubert, il faut se méfier de l'adjectif traître ; c'est lui qui empâte le texte, et c'est aussi lui qui charrie des clichés : ainsi, par exemple, ton gitan "au regard si noir", c'est un cliché, qui fait que l’attention du lecteur s'étant relâchée et affaiblie à cette facilité que tu t'es permis, se rabaisse à un niveau d'exigence moindre, et ça, ce n'est pas bon pour la réception de la suite de ton texte.
L'ellipse de ce qui s'est passé entre le gitan et la belle en paraît terne.
Il y a d'autres clichés ; et je sais que la littérature est faite d'"intertextualité", de reprises d'autres textes, sur un mode mineur, mais là, c'est différent : le cliché de la femme amoureuse, le cliché du regard noir aplatissent ton texte, et ne lui donnent pas ce cachet unique qu'il pourrait avoir.
Voilà : dégraisser le texte de ses adjectifs parasites ("sоumіsе", enfin, Ritha, !!!!) ; trouver d'autres moyens de suggérer la noirceur du regard, et la soudaineté de la passion (une règle serait de ne jamais dire explicitement les sentiments ressentis par les personnages, mais de les montrer en action) ; et suggérer que nous ne savons rien de cette nuit, mais ne pas le dire "Et elle rentra au matin, en catimini, l'on ne savait d'où, un sourire aux lèvres fleurant l'ambre des orients, sous un fichu qu'on ne lui avait jamais vu jusqu'à présent", par exemple (mais là je fais vite, et c'est bien plat, à me relire).
Ritha, tu as donc fait un premier jet.
--- J'écris aussi tout cela pour montrer à certains contempteurs ce que peut être une critique de texte, qui reste aimable, point agressive, et qui se veut de bon conseil.
Parce que Ritha a bossé.
Vraiment.