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Le Père Peinard - d'Emile Pouget - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Le Père Peinard - d'Emile Pouget
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 30 janvier 2015 à 00:00
    Au tournant du dix-neuvième siècle vers le vingtième, le débat - le combat - était rude entre républicains bourgeois et partisans de la Sociale, et entre socialistes (dits "autoritaires" par les anarchistes) et les libertaires.

    S'inspirant du journal "Le Père Duchesne", apparu durant la Révolution française, "Le Père Peinard" fut le flambeau d'une ligne politique simple : l'indépendance des travailleurs par rapport à tous les hommes politiques, tenus pour des profiteurs et pour les tenants d'une idole aussi néfaste que Dieu ; l'action concertée, simultanée, autonome du prolétariat, s'unissant en une grève générale ; l'investissement, au-delà des groupes affinitaires (bien que le correcteur d'orthographe souligne ce mot en rouge, il est bien français), dans l'action syndicale, de la part des anarchistes ; la haine de tout principe d'autorité politique.

    Vous me direz : c'est la doctrine anarchiste. Certes, mais Émile Pouget avait la truсulence du langage, se délectait aux mots vigoureux et directs, et la verdeur des vocables n'avait pas de secret pour lui.

    Sur un forum où souvent la brutalité et la vulgarité, immotivées et sans qu'on les assume consciemment, tiennent lieu d'identité, je ne puis que vous recommander la lecture d'un langage qui, par sa violence méditée, poursuivait des fins très précises : la propagande anarchiste. Avec un brio certain.

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    Je vous recommande, aussi, aux éditions Galilée une plus ancienne anthologie, constituée par les soins de Roger Langlais :

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    Et, quand bien même vous ne partageriez pas le point de vue anarchiste, avouons que "Le Père Peinard", quant au style et quant à l'effet d'entraînement, est plus percutant et plus réjouissant que, par exemple, l'évêque Bossuet et ses sermons, donnés pour un sommet de la langue persuasive, quant au français du dix-septième siècle et in saeсula saeсulorum.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 30 janvier 2015 à 00:39
    Tenez, j'en suis à un article sur la grève perlée ("go canny" en anglais) : Émile Pouget imagine un patron qui a une mаîtгеssе à entretenir ou un yacht à acheter, et qui, d'autant, diminue le salaire des ouvriers de son usine ; la situation empêchant une grève ouverte, reste la ressource du sabotage du travail : on y va lentement, on devient inattentif, ma foi on laisse passer le temps en douceur. Et si le patron n'est pas une buse avérée et sordide, au point de ne pas même avoir l'intelligence de ses intérêts, il ne peut que revenir à l'ancien tarif.

    Et Emile Pouget de louer les travailleurs anglais, dans un esprit très internationaliste, comme des êtres peu férus en matière de subtilités doctrinales et d'abstractions, mais certainement plus pratiques que les continentaux.

    A noter que "Le sabotage", brochure accessible en ligne sur "Gallica", la partie virtuelle de la Bibliothèque Nationale de France, a aussi été republié dans la collection Hachette Livre BNF (neuf euros et soixante centimes) ; voici le lien vers la BNF.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k245539

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    Entendons-nous bien : autant le langage insolent, mais haineux, d'une publication - chrétienne fondamentaliste, d'extrême-droite, antisémite et traînant dans la boue les Arabes - comme l'hebdomadaire contemporain de nous, "Présent", me débecte, autant le langage d’Émile Pouget, argumenté, et vigoureux me paraît s'adresser à l'intelligence avec des moyens соuіllus.

    Là est la différence, notable.
  • yggdrasil Membre élite
    yggdrasil
    • 30 janvier 2015 à 06:42
    Même si la référence aux basses œuvres de Hébert me hérisse le poil, on peut difficilement reprocher aux révolutionnaires du XIXe siècle de rêver la légende dorée de la Révolution française... Pouget nous offre tout à la fois des écrits politiques virulents, des scènes pittoresques volontairement drôles, et des gesticulations intellectuelles cocasses malgré elles. Il est assez plaisant à lire. Pouget, effectivement, est beaucoup moins barbant que Bossuet bien qu'il n'a pas marqué la doctrine aussi fortement que l’évêque a pu le faire avec sa Politique ; certains de ses articles sont courageux et interrogent non pas notre conscience religieuse, mais notre conscience sociale.
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 30 janvier 2015 à 18:15
    Tu ne peux pas présenter des mangas Climax, parce que franchement, ton genre de lecture ne me donne pas епvіе du tout.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 30 janvier 2015 à 23:02
    Eh oui, Yggdrasil, les révolutionnaires du 19e siècle pensaient leur action dans la foulée des révolutionnaires de 1789-1793. Pouget a une rhétorique bien à lui : le juron, histoire de débiner "Dieu" ; le parler parigot, cocasse, qui te prend par le revers de le chemise, et s'adresse à tézigue ; la phrase courte, bien assenée.

    Quel vocabulaire (fort divers !) Et, dans ce style, quelle réflexion. Nulle imprécation, nulle décharge viscérale, mais une grande colère contre les possédants des moyens de production, et l'application de la pensée au moyens de l'émancipation.

    Nous devons beaucoup aux anarcho-syndicalistes : les premiers, ils auront réussi à vertébrer la Confédération Générale du Travail (dont Emile Pouget, un temps, fut un des dirigeants, nolens volens).
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 30 janvier 2015 à 23:19
    Tu ne peux pas présenter des mangas Climax, parce que franchement, ton genre de lecture ne me donne pas епvіе du tout.

    Mais si, les mangas sont un genre japonais fort ancien ; je pourrais présenter les ancêtres des dessinateurs japonais actuels Mais je manque de documentation...

    Et puis, que veux-tu, je présente au gré de mes lectures et de mon humeur.
  • vinsang Membre suprême
    vinsang
    • 31 janvier 2015 à 10:20
    Cela me fait pensé à la chanson de Brassens Les Copains d'abord
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 31 janvier 2015 à 22:49
    Le désir est un moteur puissant de l'action, même ici. Je ne peux pas présenter ce que je ne fréquente ni de près ni de loin. Il y a, pour moi, un рlаіsіг intellectuel à partager des impressions, des sentiments, découlant de mes lectures.

    Et il me faut avouer que ma prévention était grande contre Émile Pouget ; je ne suis pas de cette école de pensée-là ; je rencontre, cependant, en ses écrits, la même passion de l'émancipation sociale, le même souci que le syndicat ne soit pas la foire d'empoigne des divers courants politiques (et je tiens qu'une fraction syndicale ne peut pas être la reproduction d'une tendance politique structurée en parti) ; je ne partage pas son immédiate aversion envers tout État, parce que je ne vois pas trop comment s'effectuerait le transition du capitalisme au socialisme sans pouvoir d’État, mais si je me réfère à la Révolution espagnole de 1936 - trahi par les dirigeants anarchistes qui se sont ralliés à la réfection et au soutien de la République bourgeoise -, je comprends combien les actions collectives, "à la base", d'expropriations des latifuпdiaires traduisait un mouvement quasi spontané, qui fut combattu par les staliniens du PCE, et par la Guépéou (assassinats de militants anarchistes, de militants du POUM comme Andrés Nin), et là, comme Léon Trotski, je me dis qu'il a manqué un parti bolchévique pour coordonner le tout.

    La lecture d’Émile Pouget est donc stimulante ; et, je le répète, ses haines sont motivées, exprimés non en un torrent d'imprécations mais dans un langage vigoureux qui s'adresse à l'intelligence, et non à l'impuissant sentiment de la haine, qu'il valoriserait pour elle-même : si le patronat le débecte, et à juste titre, il ne le constitue pas en une catégorie paranoïaque et métaphysique, il indique et signale et encourage à des moyens d'action contre les patrons bien réels.

    Il se souvient, aussi, combien la Commune de Paris, en 1871, a été coupable de ne pas prendre des mesures d'expropriations efficaces, de ne pas avoir saisi la Banque de France, et d'avoir laissé des alliés des Vегsаillais bien tranquilles dans la ville de Paris.

    Je vais poursuivre ma lecture. Donc !

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