Sujet de discussion : Le Procès de l'organisateur du génocide, Eichmann
sergeclimax69007
Membre suprême
5 décembre 2013 à 18:43
Le Procès Eichmann à Jérusalem, après le Procès de Nuremberg, a été la grande opération juridique pour établir la culpabilité - selon les termes du droit civil commun à toutes les nations - de celui qui, malgré son extrême banalité, son extrême manque de brillant, son éducation qui l’avait seulement plié à l'obéissance et au commandement, d'Adolf Eichmann, dont la ligne de défense constante aura été qu'il n'était qu'un simple exécutant obéissant aux ordres de Himmler et du "Reichsführer" Adolf Hitler, le fait d'obéir à des ordres étant une exonération de culpabilité à ses yeux.
Chef de la Section IV du Sicherheitsdienst du Troisième Reich, c'est Adolf Eichmann qui aura organisé, dans ses moindres détails, la mise à mort industrielle, l'extermination des Juifs européens, en tâtonnant, d'abord dans des camions dont la chambre close était progressivement remplie des gaz d'échappement, par des commandos spéciaux destinés à abattre commissaires politiques communistes et Juifs lors de l'avancée militaire en URSS (mais ceci entrainait bien des longueurs et, de plus, des traumatismes pour les tueurs), enfin par le Zyklon B répandu dans des locaux simulant des douches dans lesquels il était prévu une rigole d'écoulement recueillant les excréments de la peur, les cadavres étant brûlés par des commandos spéciaux formés de Juifs (dont le jeune homme juif à la très belle voix, qui n'aurait pas dû survivre selon les dispositions prises par les nazis et qui témoigne dans le film "Shoah" de Claude Lanzmann).
Au terme de son procès, Adolf Eichmann sera pendu, la loi d'Israël ayant été modifiée pour permettre à l'Etat d'Israël d'appliquer une seule fois la peine de mort. Ses cendres seront répandues en haute mer.
On aura beaucoup écrit sur ce procès. L'un des livres qui aura le plus prêté à polémique est celui de Hannah Arendt : "Eichmann à Jérusalem : rapport sur la banalité du mal".
Hannah Arendt contrariait toutes les interprétations théologiques qui font du massacre des Juifs européens un "Holocauste", une sorte de "sacrifice" voulu par Dieu pour éprouver son peuple élu, ou même le signe que Dieu aurait abandonné son peuple dans la pire déréliction ; elle faisait rentrer dans le cadre de l'histoire ordinaire et excluait du champ de la monstruosité le génocide des Juifs ; et surtout elle montrait combien cet homme, Adolf Eichmann, pâlot, ordinaire, médiocre, était représentatif de mille hommes ordinaires, et combien ce caractère de médiocrité était au centre de l'affaire : un appareil administratif, des voies de communication, des trains acheminés par des cheminots ordinaires, des Conseils de la communauté juive acceptant de recenser les Juifs comme si la vie habituelle était encore de mise, des soldats qui acheminaient vers les chambres à gaz et qui faisant partie de la SS n'en étaient pas moins des hommes ordinaires entraînés à tuer.
L'on a souvent fait le procès, à Hannah Arendt, de banaliser le génocide des Juifs ; en vérité, elle en fait un processus d'extermination explicable par l'histoire qu'accomplissent des personnalités ordinaires.
Le livre d'Hannah Arendt est un livre qu'il faut lire, et relire.
Hannah Arendt, elle-même juive, aura su retirer au génocide toute dimension métaphysique, elle aura su lui restituer sa dimension historique, et l'extirpant des zones obscures de la monstruosité et de l'exception, elle aura restitué le génocide des Juifs européens à l'humanité la plus ordinaire et la mieux partagée, pour le bien et pour le mal - le mal serait-il d'une ampleur jusqu'alors inouïe.
A partir de là, le génocide des Juifs devient, non pas une circonstance historique banale, mais bien le terme paroxystique d'un processus raciste d'exclusion, d'expulsion, de privation des droits civils, de déshumanisation, et finalement d'assassinat industriel ayant eu lieu dans l'histoire humaine.
Enfin, rappelons ici, plus immédiatement, pour ceux et celles qui ne se sentiraient pas concerné(e)s, que les hоmоsехuеl(le)s, au même titre que les tsiganes, les Juifs, et les "races" slаvеs faisaient partie de la lie de la terre pour les nazis, et que beaucoup périrent, d'autant plus qu'ils ne bénéficiaient, de la part de leurs camarades déportés, d'aucune sorte de considération.
Ce qu'explique très bien le livre suivant, celui de Heinz Heger, rescapé des camps de déportation.
Rappelons, aussi, la très belle pièce de Martin Sherman, "Bent", à propos de la déportation des hоmоsехuеls.
alison-emma
Membre pionnier
7 décembre 2013 à 17:26
Il me semble quand même que le Zyklon B a été mis au pointpar une firme française installée au Etats-Unis avant guerre. Les premiers essais ont été faits sur des condamnés à mort dans la chambre à gaz pas encore au point.Premiers essais assez épouventables du fait qu'il fallait une température et une hygrométrie précise. Les premiers gros clients de cette firme ont été les nazis. Alors vive la déonthologie capitaliste !
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