La mémoire est une pierre éclatée ; ses faces tranchées dérobent ce qui était le visage et la clarté de la voix ; les échos dissipent les autrefois et je discerne à peine une joie, qui passa ; j'ai beau me prosterner et tendre une oreille, sous les dorures contournées des églises, j'ai beau allumer à des saints de rencontre une chandelle, et ouvrir le chemin insignifiant qui me conduit au ciel incolore, la lumière des anciennes journées se tarit, et sèche comme un bave d'escargot ; ton odeur opiacée, qui lentement m'entourait de ta présence, n'habite plus en moi ; me voici par le vide et par l'ombre cerné ; j'esquisse ta paupière, et j'espère ton regard qui ne me saisira plus ; ma renonсule hivernale et mon pas léger, je me replie en mon noyau et je ne puis voltiger vers tes subtilités ; je redescends en moi-même, ne sachant qui je suis, j'éclaircis la poussière à grand-peine effleurée, je poursuis le sillage esquissé, la trace effacée où ton être a glissé ; ma tendresse persiste et je ne rencontre plus son objet.
Climax69007, le Mercredi 6 Mai 2015.