Raymond Bardet est maire de Ville-la-Grand depuis 1981.
L’année dernière, il avait parodié le mariage pour tous, en exécutant sur scène un simulacre de mariage entre son directeur général des services coiffé d’un voile de mariée et son chargé de communication. Il n’avait pas caché que tant qu’il serait maire, il refuserait de procéder à l’union de deux personnes hоmоsехuеllеs.
Mais comme il le dit aujourd’hui : « Il ne faut jamais dire “fontaine je ne boirai pas ton eau” ». Car samedi dernier, Raymond Bardet a uni son fils à un autre homme, par les liens du mariage.
L’amour paternel par-dessus tout
« J’ai changé de position car je me suis trouvé devant le fait accompli. Il n’y a que deux mois et demi que j’ai appris l’hоmоsехualité de mon fils. Il vit et travaille à Paris, et comme il a une amie près d’ici, je pensais qu’entre eux c’était plus que de l’amitié. On vient de vivre une drôle de période. »
Raymond Bardet est encore ému. Il a fait passer son amour paternel avant tout, et il aimera toujours son fils quoiqu’il arrive. « Mon fils se mariait, il n’était pas question que je le confie à quelqu’un d’autre. Si j’avais demandé à un adjoint de célébrer le mariage, les gens auraient pu penser que je dénigrais mon fils ou que nous étions fâchés. Pas du tout, je suis son père, c’était à moi de célébrer son union, comme je l’avais fait pour sa sœur. Je ne connaissais pas son compagnon, c’est quelqu’un de très bien, ils forment un beau couple ensemble. J’ai vu deux hommes élégants et bien dans leur peau. On croit toujours que l’on n’est pas concerné, c’était ma façon de voir les choses, je ne me suis jamais posé de question. »
Raymond Bardet a-t-il changé d’avis sur le mariage gay ? « Non, je n’ai pas changé d’avis, je pense que ce n’est pas ce que veut la nature. Mais je ne suis pas militant, jamais je n’irai manifester dans la rue. Je me suis fait une philosophie. »
Est-ce qu’il en célébrera d’autres ? « Je célèbre très peu de mariages, ce sont les adjoints qui s’en chargent. C’est très rare. Mais je ne ferai pas d’autre mariage gay. Je l’ai fait parce que c’est mon fils ».
Par Catherine PONCET , > ledauphine.com > haute-savoie
ça me fait penser à une fable de La Fontaine Le Rat et l'Huître
Un rat, hôte d'un champ, rat de peu de cervelle,
Des lares paternels un jour se trouva sou.
Il laisse là le champ, le grain et la javelle,
Va courir le pays, abandonne son tгоu.
Sitôt qu'il fut hors de la case :
«Que le monde, dit-il, est grand et spacieux !
Voici les Apennins, et voici le Caucase.»
La moindre taupinée était mont à ses yeux.
Au bout de quelques jours, le voyageur arrive
En un certain canton où Téthys sur la rive
Avait laissé mainte huître : et notre rat d'abord
Crut voir, en les voyant, des vaisseaux de haut bord.
«Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire !
Il n'osait voyager, craintif au premier point.
Pour moi, j'ai déjà vu le maritime empire :
J'ai passé les déserts, mais nous n'y bûmes point.»
D'un certain magister le rat tenait ces choses,
Et les disait à travers champs,
N'étant pas de ces rats qui, les livres rongeants,
Se font savants jusques aux dents.
Parmi tant d'huîtres toutes closes,
Une s'était ouverte et, bâillant au soleil,
Par un doux zéphyr réjouie,
Humait l'air, respirait, était épanouie,
Blanche, grasse, et d'un goût, à la voir, nompareil.
D'aussi loin que le rat voit cette huître qui bâille :
«Qu'aperçois-je ? dit-il, c'est quelque victuaille ;
Et si je ne me trompe à la couleur du mets,
Je dois faire aujourd'hui bonne chère, ou jamais.»
Là-dessus, Маîtге Rat, plein de belle espérance,
Approche de l'écaille, allonge un peu le cou,
Se sent pris comme aux lacs, car l'huître tout d'un coup
Se referme : et voilà ce que fait l'ignorance.
Cette fable contient plus d'un enseignement:
Nous y voyons premièrement
Que ceux qui n'ont du monde aucune ехрéгіепсе
Sont, aux moindres objets, frappés d'étonnement.
Et puis nous y pouvons apprendre
Que tel est pris qui croyait prendre.