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Les clés du Paradise - Michel Tremblay - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Les clés du Paradise - Michel Tremblay
  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 2 septembre 2017 à 20:42
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    Le Paradise est ce club de Red Light de Montréal qui en 1930, accueille les « vieux garçons » dans un espace nommé le ringside. C’est là qu’Edouard Tremblay aimerait bien faire son entrée dans le « grand monde », peu après son embauche comme vепԁеuг de chaussures sur l’avenue du mont-Royal. Car c’est à presque dix huit ans il est déjà emporté par le double qui l’habite, cette duchesse de Lnageais qui deviendra son personnage de folle des nuits de la métropole.

    Et c’est aussi au Paradise que travaille la mère de Nana, Maria Desrosiers, toujours aux prises avec « cette boule dans la gorge, ce poids sur son cœur ». Autour d’elles s’agitent les membres de deux familles, à la merci de ce « maudit destin qui ne mène jamais où on veut aller » : Ti-Lou et Maurice, Victoire et Télesphore, Albertine et Madeleine, Teena, et l’inconsolable Josaphat-le-Violon qui se réfugie à l’asile Saint-Jean-de-Dieu.

    Editions : Actes Sud – ISBN : 9 782330 028459 – Broché : 254 pages –

    Mon avis :

    Les œuvres de Michel Tremblay ne se lisent pas, elles se savourent au même titre qu'un met rare et délicieux. Sa description des personnes de langue française vivant dans ce quartier modeste voire pauvre de Montréal marqué par la crise économique incite à l’empathie plutôt qu'à la pitié.

    Edouard, gros garçon de 17ans, au physique malgracieux et au franc parler qui se cherche, se doute qu’il n’est pas tout à fait comme les autres, mais n’arrive pas à comprendre ce qui le différencie - on ne peut que l’aimer et suivre avec un рlаіsіг non dissimulé ses atermoiements –qui traîne son ennui et son mal être vient de décrocher, sur les recommandations de sa tante, un emploi de vепԁеuг de chaussures, histoire de gagner un peu d’indépendance et d’aider sa famille qui en a bien besoin.

    Après une altercation mémorable le 1er jour de son travail, avec un client « très élégant », qui le jauge de haut et se permet des réflexions désagréables à son égard, auprès de la gérante, alors qu’il fait fi de la présence d’Edouard, met le feu aux poudres. Notre client, pseudo élégant, n’en revient de la répartie dudit Edouard tout en le reconnaissant de la catégorie des « vieux garçons ». De fait, il l’invite au Club Paradise, afin qu’il rencontre quelques « amis » qui s’y retrouvent. Souci, Edouard bien que n’étant pas majeur (- 21ans) décide de s’y rendre par curiosité, surtout ne sachant pas ce qu’il en est de cet endroit, mais espérant y trouver des réponses à ses interrogations.

    Dans ce livre, il est évidemment question d’Edouard, mais également de tout le petit monde qui compose sa famille et qui gravite autour de lui, et qui eux non aucun doute quant à son « orientation ». Tout le récit nous est conté, de la façon dont il aurait été parlé avec cet accent canadien populaire et particulièrement vivant que l’auteur arrive à retranscrire et à nous faire partager pour notre plus grand bonheur. Encore un sans faute de Michel Tremblay qui nous décrit le Québec des années 1930 très marquée par pression de la religion catholique dans la vie quotidienne des familles surtout sur celle des femmes.
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 2 septembre 2017 à 21:24
    Michel Tremblay a toujours remis sur son métier d'écrivain des personnages de la grande famille du Plateau Mont-Royal, qu'il s'agisse de ses romans ou de son théâtre : la proximité et l'empathie qu'il assume envers ses personnages, ргоstіtué(e)s, femmes à divers âges, mère, petit garçon fou, chat de la maison, hоmоsехuеls pas "libérés", parents s'aimant malgré l'іпсеstе, amoureux gâchés par une vie aliénante et se suicidant, tгаvеstіs, etc. proviennent d'un regard, depuis longtemps aguerri, dans les milieux populaires et cosmopolites de Montréal.

    M. Tremblay AIME ses personnages : il n'y a pas de "méchants", jamais, notons-le !!!

    Il y a, toujours, l'apparence de l'anodin, du quotidien, et dans cela la vraie vie est là, pas forcément ailleurs (même si Édouard tente un voyage à Paris) ; il y a toujours un effet de réel, lié à la connaissance іпtіmе et à l'emploi іпtіmе du Montréal, populaire, prolétaire et de la bohème, de la part de M. Tremblay.

    On pourrait appeler réalisme onirique ce que pratique M. Tremblay.

    Car, rarement l'onirique et le réalisme le moins naturaliste auront été mêlés pour une œuvre proliférante, digne d'admiration et de lecture.

    Merci, Volodia, de souvent revenir à Michel Tremblay,

    auteur passionnant, très facile à lire, jamais ennuyeux.
  • quinten Membre expérimenté
    quinten
    • 3 septembre 2017 à 01:56
    Merci pour vos descriptions qui donnent bien епvіе de lire ce livre et de découvrir ce fameux Tremblay jusque là inconnu pour moi!
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 3 septembre 2017 à 12:59
    Mais cet auteur est un vrai romancier, pas un chichiteux du langage ; il est homo, soit dit en passant (position d'observation qui induit une curiosité envers les "autres") ; il a une vraie sensibilité qui donne à ses personnages de la consistance, de la cohérence, de la ргоfопԁеur, une humanité véritable ; il sait composer un roman, et notre lecture glisse et s'attarde selon nos sentiments ; il suscite de longs souvenirs de lecture (je me souviens, et je l'ai toujours ce livre, de "A toi, pour toujours, ta Marie-Lou", acheté adolescent à Saint-Étienne).

    Les personnages de Michel Tremblay ne suscitent jamais un regard malsain d'exotisme : un tгаvеstі ne nous est pas étranger, du tout, sou la plume de Michel Tremblay ; nous sommes amenés à un regard bienveillant sur le monde populaire, le monde de la majorité !!!

    Il évite tout effet de style signalant l'écrivain !

    Rares sont les écrivains qui m'émeuvent par ce qu'ils représentent dans le monde littéraire : Michel Tremblay m'attache, et lui et moi ne nous rencontrerons que par la jointure de nos sensibilités !!!

    Quelles rencontres que les rencontres sensibles, qui peuplent ton cœur !!!

    Je vois des livres autour de moi, alentour, rangés en rayons, empilés sur le sol, et au fil des noms des auteurs, je reconnais que Michel Tremblay m'émeut comme Tchékhov !

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