Les courbes lascives,
Compulsivement aimantant,
Ne sont que de mots de misère,
A peine allant de mes lèvres au désert,
Pour esquisser mon désir de toi, asséché aux rives
Du non-être et du temps solitairement parcouru à la dérive.
Les mirages ondulant,
Vagabondant vaguement entre ciel et terre,
Dans leurs tremblements de nuages-cimetières,
Esquissent ton corps à peine entraperçu,
Et pour cela d'autant plus exquis,
Comme une larme déposée
Dans un lacrymatoire
Répand sa substance liquide
Cachée, dont seul est appréhendé
Le sel.
J'ai tenu un fantôme comme un rêve
Inaccompli, revenant sans cesse
Peupler mon lit de ses membres
Disloqués au toucher de ma tendresse,
Et j'ai peuplé mes nuits par des syllabes
Murmurées, esquivant le grand aveu
De l'amour revenu de tout,
Sauf de l'espérance tentante
De te prendre dans mes bras, dans mes mots,
Dans mes images, au creux de la main.
Ténus vagabonds de la mémoire,
Insensiblement conquérants de ce qui n'est pas encore,
Quelques mots épars, éparpillés, dissipés
Viennent flatter les courbes lascives,
Espoirs plus que désespoirs,
Senteurs du soir plus qu'ivresses du matin,
Esquisses du futur plus qu'esquives du passé ;
Ils fulgurent et sidèrent, loin des préciosités,
Mais ne seront pas dits, car leur brièveté
Est un acte créateur de grande portée.