Les frères Moutinho : Camané, Pedro et Hélder - Musique & cinéma

Quand, dans une famille, le fado se cultive, eh bien comme chez les Moutinho, l'on a Camané, une des voix masculines les plus remarquables du fado actuel, qui interprète avec sobriété, distinctement (oui, sa diction est claire !), et avec justesse et juste ce qu'il faut pour souligner (sans emphase aucune), avec une vibration qui vous рéпètге, sans que les vibratos se prolongent exagérément, des textes récents, et un accompagnement discret qui vient en contrepoint, au moment propice.













Il y a Pedro Moutinho, voix délicate et sепsuеllе, qui semble celle d'un éternel jeune homme, tant il lui importe de transmettre les ехрéгіепсеs de sentiments lors des amours, cette folie commune aux hommes et aux femmes ; une voix, qui saisit par sa fraîcheur, et qui, différemment de son frère, plus sobre peut-être ou davantage dans la tradition d'un fado ouvertement tragique (mais sans emphase), approche à pas de loup de notre coeur, et nous fait - lui aussi -vibrer, par ses souffles de voix, là encore bien distincts (décidément ces frères Moutinho ont profité de la leçon d'Alfredo Marceneiro, qui conquit une grande partie de son succès avec une voix haut perchée, très singulière, mais aussi grâce à sa manière de bien faire ressortir les mots).











Et il y a Hélder Moutinho, voix de marin, voix solide, voix qui ne vibre pas autant que celle de Pedro Moutinho (qui tremble dans la proximité de notre oreille), voix sans de ces longues accentuations que se permet son frère Camané ; le plus dans le ton traditionnel du fado, mais pas le moins séduisant par ses interprétations.
Lui aussi pourrait se laisser aller à des grandes volutes et à des fioritures, l'on sent qu'il possède du coffre, mais le propre du fadiste est bien de ne pas recourir aux effets faciles, et de guetter - dans son dialogue avec le public - ce qu'il importe de souligner.